Communiqué ICCA
Chers amis de l’ICCA Consortium, amis solidaires de Berta Cárceres et des autres militants assassinés,
C’est avec un grand chagrin et une grande colère que nous vous alertons du meurtre brutal en Afrique du sud du président de l’Amadiba Crisis Committee, Bazooka Rhadebe. Bazooka et la communauté côtière d’Amadiba étaient impliqués dans la lutte pour empêcher le projet d’une société minière australienne sur leurs terres ancestrales à Xolobeni sur la côte de la province du Cap oriental. Ce combat dure depuis une dizaine d’années. Mercredi 22 mars, Bazooka a été assassiné chez lui devant son fils de 8 ans. Son assassinat a été précédé d’intimidations et de violences croissantes contre les membres de cette communauté qui résiste aux activités minières.
Communiqué de l’Amadiba Crisis Committee
22 mars 2016
Assassinat brutal de notre président
C’est sous le choc que nous informons le public que le président de l’Amadiba Crisis Committee, Sikhosiphi Bazooka Rhadebe, du village de Mdatya à Amadiba, a été brutalement assassiné ce soir devant sa maison dans le township de Lurholweni, dans la région d’Amadiba, district de Mbizana.
Notre bien-aimé Bazooka a fait le sacrifice ultime en défendant nos terres ancestrales d’Amadiba sur la Côte sauvage.
Il a été assassiné vers 19 h 30 ce soir. Les tueurs sont arrivés dans une Polo blanche avec un gyrophare bleu. Deux hommes ont frappé à sa porte en disant qu’ils étaient de la police. M : Rhadebe a été tué par 8 balles dans la tête. Il est mort devant son fils de 8 ans. Son fils et sa femme ont été hospitalisés.
Après une année de menaces et d’attaques, nous nous attendions à un évènement de ce type depuis la fusillade de Xolobeni, le 3 mai de l’année dernière, menée par le directeur de l’exploitation minière Zamile Qunya et la fusillade qui a eu lieu à Noël dans le village de Mdatya. Mais depuis que les quatre gangsters responsables de la fusillade de Noël ont été libérés sous caution en janvier, la police a intimidé la communauté d’Amadiba et ses leaders lors de raids nocturnes, clairement déterminés à chercher dans la mauvaise direction. Depuis un an, la police refuse de coopérer avec l’autorité coutumière d’Umgungundlovu de la région côtière d’Amadiba pour arrêter la violence contre notre communauté opposée aux mines.
La société australienne MRC et tous les criminels haut-placés qui tentent de nous dépouiller de nos terres pour remplir leurs poches d’argent tâché de sang doivent savoir qu’aucune intimidation ne forcera la communauté d’Amadiba à se soumettre.
Imining ayiphumeleli ! « L’exploitation minière ne passera pas ! »
Nous appelons les démocrates d’Afrique du sud à nous soutenir et à être à nos côtés dans cette terrible épreuve.
Communiqué du NPA
Justice pour Bazooka Rhadebe
Dix-neuf jours après le meurtre de Berta Cáceres, militante écologiste hondurienne mondialement reconnue pour sa lutte, entre autres, contre des projets de barrages, c’est au tour de Bazooka Rhadebe d’être assassiné par huit balles dans la tête devant son fils de quinze ans.
Bazooka était le président du Comité de crise d’Amadiba, élu par sa communauté pour lutter contre les projets miniers de la société australienne MRC qui veut extraire le titane du sable des dunes et des plages de la région d’Amadiba sur la Côte sauvage dans la province du Cap oriental en Afrique du sud. Le sable serait extrait à Xolobeni sur une profondeur de 20 m ce qui détruirait les terres ancestrales et le mode de vie de la communauté d’Amadiba.
L’assassinat de Bazooka Rhadebe survient après une série d’intimidations culminant par des fusillades. Les responsables ont été relâchés par la police. Les militants les plus en vue ont dû quitter leurs villages et s’installer à Port Edward dans la province voisine de KwaZulu Natal et doivent donc faire des heures de route pour aller visiter leur communauté.
Les meurtres de Berta Cárceres et de Bazooka Rhadebe ont de nombreux points communs : des communautés qui tentent de préserver leurs territoires contre des projets mortifères, des sociétés qui ne se contentent pas d’intimider les opposants mais n’hésitent pas à utiliser des hommes de main pour éliminer physiquement leurs leaders et finalement, un pouvoir corrompu qui soutient ces sociétés, une police qui non seulement ne protège pas ses citoyens, mais les harcèle, protège les meurtriers et va même jusqu’à inculper les assassins dans la communauté martyrisée. L’ANC en qui le peuple sud-africain avait placé tant d’espoir montre ici son niveau de corruption et sa nature mafieuse.
Le NPA exprime sa solidarité avec la famille de Bazooka Rhadebe ainsi qu’avec les membres de la communauté d’Amadiba. Les dirigeants de MRC doivent être arrêtés et rendre des comptes, tous les projets miniers sur la Côte sauvage, la région côtière sans doute la mieux préservée du pays, doivent être abandonnés et les populations de cette province, (l’ancien Transkei), particulièrement maltraitées durant l’apartheid, doivent être maîtresses de leur avenir.
NPA, Montreuil, le 25 mars 2016