Au moins 65 personnes ont été tuées, dimanche 27 mars, lors d’un attentat-suicide qui a touché la ville de Lahore dans l’est du Pakistan. Près de 340 autres ont été blessées par l’explosion qui a touché un parc très fréquenté, où des chrétiens célébraient Pâques.
« Le kamikaze a réussi à entrer dans le parc et s’est fait exploser près de l’aire de jeux pour enfants, où ils faisaient de la balançoire. C’est pour cela que la plupart des victimes sont des enfants et des femmes », a déclaré un haut responsable administratif de la ville, Mohammad Usman. « C’était une explosion très forte et des explosifs très puissants ont été utilisés », a détaillé pour sa part un responsable de police, Haider Ashraf. « Le parc était bondé », a-t-il ajouté, soulignant que des billes métalliques ont été retrouvées sur place.
La responsabilité de l’attentat a été revendiquée par les talibans de la faction Jamaat-ul-Ahrar qui précisent avoir « ciblé les chrétiens ». « La cible était les chrétiens. Nous envoyons ce message au premier ministre Nawaz Sharif pour lui dire que nous sommes entrés dans Lahore », a déclaré Ehsanullah Ehsan, porte-parole de la faction Jamaat-ul-Ahrar. « Il peut faire ce qu’il veut mais il ne nous arrêtera pas. Nos kamikazes vont continuer ces attaques », a-t-il ajouté.
Dans un communiqué, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a condamné « fermement l’attentat-suicide ». « Le secrétaire général demande que les auteurs de cet acte de terrorisme épouvantable soient amenés rapidement devant la justice », ajoute le document. Dans une déclaration à la presse, le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, a dénoncé, « encore une fois, la haine homicide [qui] frappe vilement les personnes qui sont le plus sans défense ».
Les autorités locales ont ordonné la fermeture de tous les parcs et jardins publics et annoncé trois journées de deuil dans la province du Pendjab, dont Lahore est la capitale. Les principales zones commerciales ont également été fermées.
Au cours des dernières années, des églises ont ainsi été la cible d’attaques à Lahore, deuxième ville du pays qui est aussi le fief du premier ministre, Nawaz Sharif. Au Pakistan, des groupes islamistes armés ciblent parfois la minorité chrétienne qui représente environ 2 % de la population de ce pays majoritairement musulman sunnite de 200 millions d’habitants.
Emeutes à Islamabad
Des heurts ont par ailleurs éclaté dans la capitale pakistanaise Islamabad et sa ville jumelle de Rawalpindi entre la police et des milliers de partisans d’un islamiste pendu le mois dernier, Mumtaz Qadri. Quelque 25 000 d’entre eux s’étaient réunis plus tôt dans la journée à Rawalpindi pour des prières commémoratives, avant d’avancer, armés de pierres, vers la capitale quadrillée de centaines de policiers et de paramilitaires.
Munis de boucliers et de bâtons, les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes. L’armée a été déployée dans la capitale pour « contrôler » la situation et assurer la sécurité de la zone autour du Parlement, où des manifestants se sont rassemblés dans la soirée, selon un porte-parole de l’armée. Ils s’y trouvaient toujours tard dimanche, criant des slogans, des négociations étaient en cours pour qu’ils quittent les lieux, a indiqué la police.
L’exécution le 29 février de Mumtaz Qadri avait été perçue comme un moment charnière dans la lutte contre l’extrémisme religieux dans ce pays musulman. Mais elle a aussi ulcéré nombre de courants islamiques qui avaient érigé Mumtaz Qadri au rang de héros pour avoir abattu en 2011 Salman Taseer, gouverneur du Pendjab, qui s’était déclaré favorable à une révision de la loi sur le blasphème, défendue bec et ongles par les conservateurs.
Le Monde.fr