France Amérique latine manifeste son indignation et sa condamnation du coup d’Etat parlementaire qui a comme objectif de destituer la présidente brésilienne Dilma Roussef.
Cet attentat à l’Etat de droit bafoue le vote de 54 millions d’électeurs et électrices brésiliens alors qu’il n’y a à ce jour aucune preuve d’un crime de responsabilité, unique raison constitutionnelle pour demander la destitution d’un président.
Le prétexte invoqué est celui d’irrégularités comptables, des « pédalages budgétaires » pour combler les déficits du budget en cours, pratique sans doute contestable, mais utilisée couramment par les gouvernements précédents et les gouverneurs d’Etats.
Le scandale des marchés publics surfacturés pour financer les partis politiques et verser des commissions aux élus touche toute la classe politique, y compris des élus du Parti des Travailleurs, le Parti de la Présidente, mais Dilma Roussef elle-même n’est pas impliquée dans ces faits de corruption.
La vérité, c’est que la droite brésilienne n’a pas supporté la victoire de Dilma et du PT aux présidentielles de 2014. Et malgré les nombreuses concessions faites par le gouvernement à la droite et aux secteurs privilégiés de la société, ces derniers ont décidé de reprendre le pouvoir, coûte que coûte et par n’importe quel moyen.
On est arrivé au comble que c’est un parlement fortement compromis dans les scandales de corruption qui juge une présidente à qui la justice ne reproche rien. Le nouveau gouvernement illégitime, dirigé par le président par intérim, Michel Temer, s’est prononcé pour appliquer un agenda ultra libéral, répondant aux intérêts de l’oligarchie financière, terrienne et industrielle, remettant en question des avancées sociales importantes des 13 dernières années.
Ce coup d’Etat parlementaire a un impact régional et fait écho en Amérique latine aux coups d’Etat « institutionnels » (mais illégitimes) qui ont eu lieu récemment au Paraguay et au Honduras, et aux menaces qui planent sur le Venezuela, l’Equateur ou la Bolivie.
Nous appuyons les mobilisations des mouvements sociaux brésiliens, Front Brésil Populaire, Peuple sans Peur, Jeunesse populaire Debout, Mouvement des Sans Terre, Mouvement des Sans Toit, des syndicats, étudiants etc.
Nous condamnons la criminalisation du mouvement social et la répression dont il est l’objet.
Nous demandons également aux médias français de faire leur travail d’information objectivement et de manière approfondie.
Nous appelons les citoyens et organisations sociales et politiques de l’Hexagone à se solidariser avec le peuple brésilien en résistance et à manifester leur soutien à la démocratie – et contre l’autoritarisme – dans ce pays.
Nous appelons le gouvernement français à ne pas reconnaître le président intérimaire illégitime, comme l’ont déjà fait les gouvernements du Venezuela et du Salvador
France Amérique latine
Le 18 mai 2016