Comme il le promettait, le rapport Chilcot est sévère envers l’ex-premier ministre travailliste Tony Blair, qui avait décidé d’engager le Royaume-Uni dans la guerre en Irak en 2003. Et sa conclusion est sans appel : le Royaume-Uni a envahi l’Irak sans avoir épuisé les options pacifiques et sans préparation adéquate quant aux conséquences, a déclaré, mercredi 6 juillet John Chilcot, le président de la commission mise en place il y a sept ans pour enquêter sur cette guerre.
« Nous avons conclu que le Royaume-Uni avait décidé de se joindre à l’invasion de l’Irak avant que toutes les alternatives pacifiques pour obtenir le désarmement [du pays] ne soient épuisées », a déclaré M. Chilcot, estimant que « l’action militaire n’était pas inévitable à l’époque » et que Tony Blair s’était engagé à suivre le président américain George Bush « quoi qu’il arrive », sans questionner sa politique.
Il a dénoncé le fait que Londres se soit appuyé sur des informations des services de renseignements qui n’avaient pas été suffisamment vérifiées. « En mars 2003, il n’y avait pas de menace imminente de Saddam Hussein. La stratégie de confinement pouvait continuer pour un certain temps », a-t-il dit, soulignant que le Conseil de sécurité des Nations unies soutenait la poursuite des inspections et de la surveillance.
Manque de préparation
M. Chilcot a poursuivi :
« Le gouvernement a échoué à prendre en compte l’ampleur de la tâche nécessaire pour stabiliser, administrer et reconstruire l’Irak et les responsabilités qui allaient incomber au Royaume-Uni. »
Les efforts déployés par Londres « n’ont jamais été à la hauteur du défi » présenté, a-t-il ajouté. Quant aux ressources militaires engagées, elles ont été faibles et inadaptées. « Nous avons trouvé que le ministère de la défense s’était montré lent à répondre à la menace présentée par les engins explosifs improvisés et que les retards enregistrés pour fournir les engins de patrouille blindés adéquats n’auraient pas dû être tolérés », a-t-il dit.
Cent soixante-dix-neuf soldats britanniques ont été tués dans le conflit, pendant les six ans d’engagement britannique jusqu’à 2009. Mercredi matin, des manifestants ont accueilli Tony Blair devant son domicile. « Blair a menti, des milliers de personnes sont mortes ! », « Tony Blair, criminel de guerre ! », ont-ils crié. Ce dernier a réagi dans un communiqué, disant avoir agi « de bonne foi » et « dans l’intérêt du pays ».
Sept ans d’enquête
Commandé en 2009, le rapport long de 2,6 millions de mots est lui-même devenu un sujet de controverse au fil des ans et des reports, poussant même les familles des soldats tués en Irak à fixer un ultimatum aux autorités, sous réserve de poursuites judiciaires.
La commission Chilcot, du nom de son président, John Chilcot, aurait initialement dû rendre ses conclusions dans un délai d’un an. Mais les travaux ont finalement duré plus longtemps que la guerre elle-même. S’ils ont survécu à la mort de l’un des cinq membres de la commission, ces travaux ont coûté 10 millions de livres (environ 11 millions d’euros).