Objet de l’étude : la pollution par les particules fines PM2,5 – dont le diamètre est inférieur à 2,5 µm et qui peuvent donc rentrer dans les alvéoles pulmonaires – en 2007-2008. « Notre modèle estime les concentrations sur une grille de 2 km. (…) Il prend en compte les émissions ponctuelles et diffuses de PM2,5 et nous fournit ainsi des données sur l’ensemble du territoire, y compris là où il n’y a pas de mesure. » C’est là l’aspect nouveau de cette étude : la pollution de l’air est partout, même loin des villes. Une carte permet à chacun de renifler ce qu’il respire, de visualiser les concentrations moyennes annuelles de PM2,5.
L’autre élément nouveau, c’est la démonstration que ce ne sont pas les « pics de pollution » les plus nocifs... mais l’air respiré chaque jour ! L’impact sur la santé résulte, à long terme, surtout de l’exposition au jour le jour à des niveaux de pollution inférieurs aux seuils d’alerte déclenchés à partir d’une concentration de 80 microgrammes de PM10 par mètre cube d’air (les PM10 ont un diamètre inférieur à 10 microns, donc plus gros que les PM2,5 ; et dans les particules fines, plus c’est fin, plus c’est méchant). Dans les 17 villes du programme de surveillance Air et santé, de 2007 à 2010, entre 85 % (Nancy) et 100 % (Montpellier et Nice) des décès toutes causes (hors accidents) et des hospitalisations pour causes cardiaques, attribuables aux effets à court terme des PM10, sont associés à des niveaux journaliers de PM10 inférieurs au seuil d’alerte définissant les pics de pollution.
Fines particules, grands dangers...
Ces particules fines sont cause de maladies respiratoires et cardiovasculaires, asthme, cancers, naissances prématurées et diminution de l’espérance de vie, en moyenne de 15 mois dans les grandes zones urbaines, 9 mois en zone rurale. Les particules fines et très fines peuvent rester longtemps en suspension et donc être transportées sur de longues distances jusqu’à une zone apparemment peu polluée.
Qui émet ces particules ? L’industrie (30 %), le résidentiel-tertiaire (25 %), l’agriculture (30 %) et les transports (15 %) avec bien sûr le diesel. Ces chiffres sont une moyenne : à Paris la part des transports était en 2007 de 40 %. Autre coupable, le chauffage au bois (en foyer ouvert sans filtre) qui dégage certes moins de CO2 mais produit la plus grande part de la pollution en secteur résidentiel. Mais ces données datent déjà de quelques années et on peut craindre que la part du transport ne se soit aggravée : le diesel et ses filtres (aux données truquées) sont toujours là, les autoroutes s’étendent, le transport routier de marchandises aussi, et Hollande-Macron ont eu la bonne idée de remplacer le train par des cars...
L’étude propose 4 scénarios. Dans le premier, où les niveaux de particules fines seraient les mêmes que dans les 5 % de communes les moins polluées (dans des régions de montagne où la pollution anthropique est quasiment nulle), plus de 48 000 décès seraient évitables chaque année. Si on suit les recommandations de l’OMS (concentration de PM2,5 : 10 µg/m3), 17 700 morts évitées ; Grenelle de l’environnement (15 µg/m3), 3 000 morts évitées ; réglementation européenne (20 µg/m3)… 10 morts évitées.
Comme personne n’a envie de porter des masques à gattaz, une seule solution : renforcer toutes les mobilisations et les résistances au capitalisme.
Commission nationale écologie