La fusillade a éclaté à 17 h 52, devant un restaurant McDonald’s. Une vidéo amateur, postée sur les réseaux sociaux, montre des personnes en train de fuir le restaurant et un homme vêtu de noir tirant à plusieurs reprises sur eux au pistolet. Les tirs se sont poursuivis dans le centre commercial voisin. Il a ensuite pris la fuite. Le tueur a ensuite été retrouvé mort vers 20 h 30, à environ un kilomètre du centre commercial. La police a constaté qu’il s’était donné la mort.
Que sait-on des motivations du suspect ?
Selon les premiers éléments de l’enquête, le tireur, qui est né et a grandi à Munich, n’a « pas la moindre relation » avec le groupe Etat islamique (EI), a rapporté samedi 23 juillet le chef de la police locale de Munich. Les perquisitions réalisées samedi matin, au domicile de ses parents, dans un immeuble de la Dachauer Strasse où il vivait, n’ont « montré aucun lien avec l’organisation Etat islamique ».
D’après les enquêteurs, le jeune homme, qui était encore écolier, suivait un « traitement médical et psychiatrique » pour dépression. Les enquêteurs penchent à présent pour la piste d’un « forcené » sans « motivation politique ». « Nous avons trouvé des éléments montrant qu’il se préoccupait des questions liées aux forcenés », auteurs de tueries, notamment des livres et des articles de journaux, a détaillé M. Andrä.
Dans un entretien à la télévision publique dans la nuit, le directeur de la chancellerie, Peter Altmaier, proche collaborateur d’Angela Merkel, avait rappelé que le 22 juillet était la date anniversaire de la tuerie du terroriste d’extrême droite Anders Breivik, en Norvège, qui avait fait 77 morts. « Le lien est évident », a confirmé M. Andrä samedi lors de la conférence de presse.
Toujours selon le chef de la police locale, le suspect a crié quelque chose au moment de passer à l’acte. Mais l’enquête n’a pas encore permis de déterminer le contenu de ces cris. Le tireur portait sur lui un Glock de 9 mm, c’est-à-dire un pistolet semi-automatique léger qu’il avait « acquis illégalement » et dont le chargeur n’était pas encore vide. Dans son sac à dos, il avait 300 cartouches supplémentaires. La police précise que le jeune homme n’a pas été tué par les forces de l’ordre mais qu’il s’est suicidé d’une seule blessure par arme à la tête.
Que sait-on des victimes ?
Lors d’une conférence de presse, le chef de la police locale a apporté des précisions sur les victimes de la fusillade. Neuf personnes ont été tuées et vingt-sept ont été blessées, dix-sept légèrement et quatre par balle.
Parmi les victimes tuées figurent de nombreux mineurs : deux âgés de 14 ans, deux âgés de 15 ans et un âgé de 17 ans, ainsi qu’un homme de 45 ans et trois femmes dont l’âge n’a pas été précisé.
Sept ressortissants étrangers – trois Kosovars, trois Turcs et un Grec – font partie des neuf personnes tuées, ont annoncé samedi les autorités des pays concernés. Le ministre turc des affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a cité les noms de trois Turcs figurant parmi les victimes – Sevda Dag, Can Leyla et de Selçuk Kiliç – lors d’un entretien avec la chaîne d’information turque NTV. Il a ajouté qu’il avait appelé les familles.
De son côté, Pristina a annoncé que trois autres personnes tuées étaient des Albanais du Kosovo. Selon les médias locaux, il s’agit d’un homme, Diamant Zabergja, 21 ans, et de deux femmes, Armela Segashi, une adolescente de 14 ans, et Sabina Sula, dont l’âge n’a pas été précisé. Un Grec figure également parmi les neuf victimes, selon le ministère grec des affaires étrangères.
Angela Merkel réagit
Depuis la chancellerie à Berlin, la chancelière allemande a évoqué « une nuit d’horreur » au lendemain de la fusillade de Munich. « Les gens à Munich ont derrière eux une nuit d’horreur », a-t-elle dit samedi à l’occasion de sa première réaction après la fusillade dans un centre commercial, « une telle soirée est pour nous tous difficile à supporter ».
« Nous tous, et je le dis au nom de l’ensemble du gouvernement, pleurons avec le cœur lourd ceux qui plus jamais ne rentreront dans leurs familles. »
La dirigeante conservatrice a rendu hommage aux Munichois, notamment à ceux qui ont ouvert leurs portes aux personnes errantes dans la ville après que Munich s’est retrouvé en quasi-état de siège. Ils ont montré que « nous vivons dans une société libre et qui fait preuve d’humanité », a-t-elle souligné. C’est dans ces valeurs que réside « notre grande force », selon elle.
A Munich, la panique et la confusion
La ville de Munich a connu une soirée de peur et de confusion. L’agglomération bavaroise avait été placée en état d’alerte en début de soirée, mobilisant notamment l’unité d’élite de la police spécialisée dans les affaires de terrorisme (GSG9) et la police fédérale. La police a affirmé réagir « comme si c’était une attaque terroriste », permettant de déployer une mobilisation maximale.
Les habitants de Munich ont lancé une opération sur Twitter pour permettre aux personnes dans la rue de se réfugier chez eux ; les mosquées de Munich ont également ouvert leurs portes :
Les transports en commun (métro, bus et tramway), coupés dans la soirée, ont repris samedi dans la nuit. Seules les stations à proximité du vaste secteur autour du centre commercial Olympia restent fermées, rapportait la police locale samedi matin.
Soutiens d’Obama et de Hollande
Les réactions politiques en Allemagne sont restées très limitées. Contrairement à Barack Obama, à François Hollande ou à d’autres responsables politiques, qui se sont exprimés très vite dans la nuit, la chancelière, Angela Merkel, en vacances, n’est pas intervenue directement.
Le président allemand, Joachim Gauck, s’est dit « horrifié » par cette « attaque meurtrière », tandis que Thomas de Maizière, le ministre de l’intérieur, qui venait de partir pour les Etats-Unis, a décidé d’interrompre ses vacances et de regagner l’Allemagne.
Seul le directeur de la chancellerie, Peter Altmaier, a donné une interview à la télévision publique dans la nuit. Le maire de Munich, lui, a annoncé sur Facebook une journée de deuil dans la ville et l’annulation des festivités prévues.
Le président américain, Barack Obama, a promis saux Allemands « tout le soutien dont ils auront besoin », et le président François Hollande a adressé un « message personnel de soutien » :
« L’attaque terroriste qui a frappé Munich, faisant de nombreuses victimes, est un nouvel acte ignoble qui vise à saisir d’effroi l’Allemagne après d’autres pays européens. Elle fera face. Elle peut compter sur l’amitié et la coopération de la France. »
Le ministère iranien des Affaires étrangères a également condamné l’attaque menée par le suspect Allemand qui avait la double nationalité iranienne. L’Iran « exprime sa solidarité avec le peuple et le gouvernement allemand », a déclaré Bahram Ghassemi, porte-parole de la diplomatie iranienne, cité par les agences de presse Irna et Isna. M. Ghassemi a affirmé qu’« il n’y a d’autres choix que la lutte totale et sans distinction » contre le terrorisme.
Le Monde.fr