L’action des faucheurs volontaires a, une fois de plus, démontré la complicité de l’État en ce qui concerne les OGM. Dans le département du Puy-de-Dôme, après avoir été impuissants face aux actions nocturnes, les pouvoirs publics ont pu avoir les coupables qui leur manquaient, grâce au fauchage en plein jour d’un champ à Nonette, près d’Issoire. Il faut dire que le préfet avait mis les moyens. Depuis trois semaines, les parcelles d’OGM étaient surveillées par des centaines de gendarmes mobiles et un hélicoptère. Lors de la comparution immédiate du 29 août, le procureur s’est d’ailleurs plaint du coût faramineux de la protection des parcelles.
Depuis quand l’État protège-t-il les agissements d’apprentis sorciers qui mettent en danger des millions de personnes et leur environnement ? N’est-ce pas la preuve du choix politique de donner carte blanche à des sociétés privées pour faire de la recherche, sans qu’il y ait eu débat ? Les services de police appliquent une répression inadmissible en ayant détenu quinze militants, alors que les faucheurs étaient plus de 600 sur les parcelles. Sans compter les gaz lacrymogènes et les coups de matraques contre des personnes manifestant pacifiquement. Que dire de la protection dont ont bénéficié les agriculteurs pro-OGM ayant tabassé à coups de bâton une personne handicapée et une femme sur le champ de Nonette ?
Inacceptable
L’État et les élus ne peuvent plus continuer à se dérober devant leurs responsabilités. Le principe de précaution devrait être leur principale préoccupation. Pour s’en convaincre, il suffit de lire l’appel des 750 scientifiques1 qui demande une plus grande prudence en matière de manipulation génétique sur les plantes. Chaque jour, de nouvelles analyses sortent et viennent alimenter le moulin à arguments des faucheurs volontaires. Les derniers exemples en date sont des plants de moutarde sauvages (plantes souches) ayant été contaminés par du colza transgénique en Australie et en Angleterre. Cela pose clairement le problème de la biodiversité. Ces essais en plein champ sont dangereux pour l’environnement et, tant que toutes les études ne seront pas menées, nous devons continuer les recherches en laboratoire et en serres fermées, y compris pour la recherche thérapeutique ! Créée en 2003, le réseau des faucheurs volontaires représente plus de 5 000 personnes collectivement responsables de leurs actes. Il a réussi le coup de force de s’être structuré en réseau de militants et de se doter d’un service juridique composé de trois avocats. Les diverses actions médiatiques ont fait évoluer le débat dans l’opinion publique. Différentes enquêtes annoncent que 80 % des Européens se méfient des OGM. Les médias commencent à enquêter sérieusement. Le Figaro dévoile ainsi qu’il y aurait plus de 1 000 hectares de cultures OGM en France.
La lutte des faucheurs est donc légitime, car elle porte le débat sur un choix de société et elle aide à mettre à jour les mensonges du lobby OGM. Ce combat est encourageant, car le mouvement fait tache d’huile en Europe. Les destructions de plants transgéniques se multiplient en Allemagne, en Pologne ou encore en Espagne2. L’objectif, maintenant, est de multiplier les actions sur tous les fronts (diffusions de tracts, arrachages, débats) afin d’informer largement et de faire pression pour que s’ouvre un vrai débat démocratique sur la question.
La recherche est un bienfait pour l’humanité, à condition qu’elle ne soit pas laissée aux mains du privé. De par sa nature, le privé doit faire des profits, et c’est là le danger. Les actionnaires veulent des retours sur investissement rapides. Ils mettent la pression sur les scientifiques qui travaillent pour eux et oublient par conséquent un certain nombre de phases d’étude nécessaires pour analyser l’impact sur l’Homme. Aujourd’hui, nous sommes dans cette configuration. Nous n’avons aucun recul sur l’avancée de la science et de l’impact sur les organismes. Qu’est-ce que sont vingt ans de recherche à l’échelle de l’humanité ? La précipitation dans ce domaine peut nous faire courir un grand danger. Science et profits n’ont rien à faire ensemble !
Aujourd’hui, un moratoire sur les essais en plein champ semble nécessaire et indispensable. Il en va de notre vie future et de la vie de nos descendants. La recherche ne doit plus être laissée aux mains du privé.
1. Disponible sur le site :http://www.i-sis.org.uk/list.php.
2. Voir : http://www.infogm.org.