Toute sa campagne a été menée sur le thème de la réconciliation nationale, de la ferveur religieuse et du retour aux valeurs traditionnelles. Il est difficile de voir dans le Front sandiniste de libération nationale (FSLN), dont le candidat revient aujourd’hui au pouvoir, une quelconque filiation avec le parti révolutionnaire qui avait renversé Somoza en 1979, donné le pouvoir au peuple et tenu tête, dans les pires conditions, à l’impérialisme nord-américain.
Depuis des années déjà, la direction du FSLN s’est enfoncée dans la corruption, l’enrichissement personnel et les accords sans principes avec la droite la plus réactionnaire, qui ont permis, entre autres, une mainmise partagée sur l’appareil judiciaire, gage d’une totale impunité. Son rôle déterminant à l’Assemblée nationale l’a conduit à faire adopter des lois s’inscrivant dans la continuité des politiques néolibérales des gouvernements de droite successifs. Daniel Ortega s’est fait le champion du traité de libre-échange avec les États-Unis et les députés sandinistes ont pris l’initiative, à la veille des élections, de l’abrogation de la loi autorisant l’avortement pour raisons thérapeutiques. Afin de mieux convaincre les Nicaraguayens de sa « conversion » idéologique et religieuse, Daniel Ortega avait choisi pour colistier un puissant homme d’affaires et ancien dirigeant de la Contra, fer de lance des États-Unis dans leur tentative de renverser le pouvoir sandiniste à l’époque de la révolution.
Malgré ces gages plus que convaincants, Ortega n’est pas encore totalement fréquentable. Pour les États-Unis, il a certainement le tort de recevoir le soutien de Hugo Chávez et, sans doute aussi, malgré la dégénérescence dramatique de sa direction, celui de s’appuyer sur un parti - le FSLN - dont les militants continuent à se battre quotidiennement pour résister à la déferlante néolibérale.