Début octobre 2016, étaient légalement enregistrés 206 partis, auxquels il faut ajouter quelques organisations ne l’étant pas.
Un certain nombre de ces partis n’ont d’existence que sur le papier, la plupart des autres connaissent luttes de clans, scissions et « tourisme politique » de leurs députés.
Ce texte ne présente que des organisations dont l’existence est attestée. Il ne vise pas à l’exhaustivité, d’autant plus que le paysage politique est en chamboulement permanent.
C’est un simple instrument de travail qui a pour vocation d’être mis à jour périodiquement.
Pour simplifier, on peut dire que deux grandes familles politiques dominent la vie politique tunisienne :
– d’une part celle des organisations fondées par des notables de l’ancien régime,
– d’autre part le mouvement islamiste Ennahdha.
Ces deux courants regroupent ensemble environ 75 % des députés. Opposés en 2012-2013, ils exercent ensemble le pouvoir depuis février 2015. Ils mettent en œuvre la politique néo-libérale dictée par le FMI, la Banque mondiale et l’Union européenne.
Vient ensuite, en troisième position, le Front populaire (avec 6,9 % des députés). C’est une coalition regroupant l’essentiel des organisations d’extrême-gauche, de gauche, ainsi que de la mouvance nationaliste arabe. Fondé par des opposants de longue date à Ben Ali, le Front populaire (et avant lui, le Front du 14 janvier) s’est toujours situé en opposition aux gouvernements qui se sont succédés depuis le 14 janvier 2011.
Organisations islamistes
Ennahdha
Fondé en 1989, Ennahdha a pris la suite du Mouvement de la tendance islamique (MTI) qui existait depuis 1981.
69 députés.
Président : Rached Ghannouchi.
Ennahdha a officiellement annoncé son renoncement au recours à la violence pour instaurer une société basée sur la loi islamique (Charia). Néanmoins, des porosités existent entre Ennahdha et d’autres courants islamistes.
Le mouvement Ennahdha a exercé le pouvoir en 2012 et 2013. Aux côtés de Nidaa Tounes, il participe depuis février 2015, aux coalitions gouvernementales néo-libérales au pouvoir en Tunisie.
Autres courants islamistes
– Hezb Ettahrir :
Fondé dans les années 1980.
Proclame sa volonté d’instaurer le califat et la charia comme Constitution.
Leader : Ridha Belhadj.
Aucun député.
– Divers groupes jihadistes illégaux dont Ansar Al-Chariaa (fondé en 2011), AQMI (Al-Quaïda), Daech.
Partis totalement ou partiellement issus du RCD de Ben Ali
Al Moubadara - L’initiative
Fondé en 2011.
Se réclame ouvertement de la continuité « destourienne » : Néo-Destour (1934), PSD (1964) et RCD (1988).
Les 3 députés d’Al Moubadara ont rejoint Nidaa Tounès en juillet 2016.
Leader : Kamal Morjane, dernier ministre des Affaires étrangères de Ben Ali.
Nidaa Tounes
Fondé en 2012 par Beji Caïd Essebsi, notable de l’ancien régime devenu président de la République début 2015.
Nidaa est un regroupement hétéroclite autour de cadres de l’ancien régime.
Nidaa est déchiré par les luttes de clan ayant débouché sur une première scission en 2016.
Nombre fluctuant de députés (68 députés au 1er novembre 2016, contre 86 députés élus en octobre 2014).
Aux côtés d’Ennahdha, Nidaa dirige depuis février 2015 les gouvernements néo-libéraux en place en Tunisie.
Projet de la Tunisie - Machrouu Tounes
Fondé en 2016.
Scission de Nidaa Tounes, à son tour en cours d’implosion.
Nombre fluctuant de députés (autour de 25 ?).
Groupe parlementaire Al Horra (dont Moustapha Ben Ahmed).
Leader : Mohsen Marzouk.
Ultra-libéral
Afek Tounes
Fondé en 2011.
8 députés élus en 2014.
Appartenance à Joumhouri en 2012-2013 (voir plus bas).
Participe aux coalitions gouvernementales néo-libérales depuis février 2015.
Leader : Yassine Brahim.
Au centre
Joumhouri - Parti républicain
Fondé en 2012 autour d’Ahmed Nejib Chebbi qui l’a quitté puis proclamé vouloir créer un nouveau parti.
Historiquement issu d’un courant de Perspectives (avant 1975), devenu RSP (1983), puis PDP (2001). Ce courant politique avait brièvement participé au pouvoir après la chute de Ben Ali dans les deux gouvernements « de transition » mis en place par l’ancien Premier ministre de Ben Ali.
Participation gouvernementale depuis février 2015.
Un seul député élu en 2014, devenu ministre en août 2016.
Leaders : Issam Chebbi et Maya Jribi.
Alliance démocratique
Fondé en 2012.
En grande partie issu du PDP..
Mehdi Ben Gharbia, son seul député, l’a quitté pour devenir ministre en août 2016.
Leader : Mohamed Hamdi.
Massar - Voie démocratique et sociale
Fondé en 2012.
Lointain héritier du Parti communiste tunisien - PCT - (1921/1934), devenu Ettajdid (1993). Ce courant se réclame officiellement du centre-gauche depuis 1993.
Après le 14 janvier 2011, Ettajid avait participé aux deux gouvernements « de transition » mis en place par l’ancien Premier ministre de Ben Ali.
En 2012, Ettajid a laissé la place à Massar, fondé en compagnie d’anciens membres de l’éphémère PTT (qui prétendait être le prolongement politique de l’UGTT).
Aucun député élu en octobre 2014.
Leader : Samir Taïeb, devenu en août 2016 ministre aux côtés de Nidaa et Ennahdha.
Etakattol - FDTL
Fondé en 1994 par d’anciens membres du MDS (une scission de 1978 du parti de Bourguiba).
Section de l’Internationale socialiste.
En 2012-2013, Etakattol - FDTL avait participé (en compagnie du CPR) à la coalition gouvernementale dirigée par Ennahdha. La Présidence de l’Assemblée avait été accordée à son leader, Moustapha Ben Jafaar.
Ettakattol n’a eu aucun élu en octobre 2014.
Front populaire
Fondé en octobre 2012.
Coalition d’organisations d’extrême-gauche, de gauche et nationaliste arabe dont les militant-e-s ont combattu Ben Ali de longue date.
Le Front populaire (et avant lui, le Front du 14 janvier) s’est toujours situé en opposition aux gouvernements qui se sont succédés depuis le 14 janvier 2011.
15 députés élus en octobre 2014.
Porte-parole Hamma Hammami.
Parti des travailleurs
Appellation depuis 2012 du PCOT fondé en 1986 par des anciens de Perspectives.
5 députés.
Porte-parole : Jilani Hammami.
PPDU - Watad unifiés
Fondé en 2012.
Issu d’un courant de Perspectives, puis Watad/Patriotes démocrates.
Le PPDU a été fondé à l’été 2012 par deux organisations issus de cette tradition :
– le MOUPAD, fondé en 2011 autour de Chokri Belaïd (assassiné le 6 février 2013)
– un courant du PTPD (fondé en 2005) représenté par Mohamed Jmour.
4 députés.
Un des députés du PPDU, Mongi Rahoui, est entré en dissidence et a notamment souhaité en août 2016 participer au gouvernement néo-libéral dirigé par Nidaa et Ennahdha (avant d’y renoncer).
Leaders : Zied Lakhdar, Mohamed Jmour.
Ligue de la gauche ouvrière - LGO
Fondé en 2011 par des anciens de l’OCR.
Affilié à la IVe internationale.
2 députés (Nizar Amami et Fathi Chamkhi).
Courant Populaire - Attayar Achaabi
Fondé en 2013, d’orientation nassérienne.
2 députés.
Leaders : Zouhaïr Hamdi et M’Barka Aouinia-Brahmi
PAGAD - Attalia
Fondé en 2011.
Baathiste pro-irakien.
1 député.
Leader : Ahmed Seddik.
Qtob - Le pôle
Fondé 2011.
Se réclame de la social-démocratie.
Issu du Pôle démocratique moderniste (2011), a rejoint le Front populaire en juin 2013.
N’a aucun député.
Leader : Riahd Ben Fadhel.
Parmi les organisations nationalistes arabes ne faisant pas partie du Front populaire
Mouvement du peuple - Haraket Echaâb
Fondé en 2005.
D’orientation nassérienne.
C’était le parti de Mohamed Brahmi avant le 7 juillet 2013 qu’il a quitté pour fonder le Courant Populaire (Attayar Achaabi) et participer au Front populaire.
3 députés élus en 2014.
Participe à la coalition gouvernementale en place depuis août 2016.
Leader : Zouhair Maghzaoui.
Inclassables
Tunisie Volonté - Harak Tounes Al Irada
Fondé en 2016.
Dans la continuité du CPR de Marzouki (fondé en 2001).
En 2012-2013, le CPR avait participé (en compagnie d’Etakattol - FDTL) à la coalition gouvernementale dirigée par Ennahdha. La présidence de la République avait été accordée à son leader, Moncef Marzouki.
Ce courant politique avait manifesté sa volonté de participer à nouveau au pouvoir en août 2016, au sein de la coalition dirigée par Nidaa Tounes et Ennahdha. Mais cela lui a été refusé.
4 députés élus en 2014.
Courant Démocratique - Ettayar
Fondé en 2013.
Scission du CPR.
3 députés élus en 2014.
Leaders : Mohamed et Samia Abbou.
Organisations populistes et clientélistes
Courant de l’amour - Tayyar Al-Mahaba
Fondé en 2011.
Parti populiste et clientéliste autour d’un homme d’affaires résidant à Londres.
Nouveau nom de "La Pétition populaire pour la liberté, la justice et le développement - Al Aridha Echaâbia (fondé en 2011).
2 députés élus en 2014.
Leader : Hachemi Hamdi.
UPL - Union patriotique libre
Fondé en 2011.
Parti populiste et clientéliste autour d’un milliardaire antérieurement en Libye.
Ne comptait plus début octobre 2016 que 11 députés sur les 16 élus en 2014.
A participé au gouvernement entre février 2015 et août 2016.
Leader : Slim Riahi.