Dans la nuit du 3 au 4 novembre 2016, un coup d’Etat a été commis contre la volonté politique du peuple kurde en Turquie.
Un massacre politique a été perpétré lorsque la police turque a forcé les portes des domiciles de 12 Députés du HDP (Parti démocratique des Peuples, troisième force politique du pays), y compris ses Coprésidents, et procédé à leur arrestation.
Une fois de plus, le principe selon lequel « la souveraineté appartient sans exception au peuple », inscrit en grosses lettres sur la façade de l’Assemblée nationale turque, a été piétiné.
Dans la Turquie d’aujourd’hui, la souveraineté n’appartient d’aucune manière au peuple, elle a été confisquée par le Président turc Recep Tayyip Erdogan, par l’administration de son parti, l’AKP, et par sa police fasciste. Le HDP représente le seul obstacle politique réel face au règne de l’unipartisme et de la pensée unique en Turquie.
L’administration de l’AKP a profité du coup d’Etat manqué du 15 juillet qui lui a servi de prétexte pour engager une campagne contre le mouvement politique kurde et contre toutes les voix d’opposition. La Turquie post-15 juillet n’est plus gouvernée par l’Etat de droit qui a tout simplement été anéanti, mais par des décrets-lois (Kanun Hükmünde Kararnameler - KHK) qui forment la « constitution d’Erdogan ».
Cet ensemble de lois préparées d’après les directives dErdogan présente des caractéristiques qui vont au-delà de ce qu’on a connu en Allemagne, lorsque, le 28 février 1933, Hitler a suspendu tous les droits et libertés en faisant prendre le décret du président du Reich pour la protection du peuple et de l’État (décret de l’incendie du Reichstag).
La Turquie est en pleine négociation pour son adhésion à l’Union européenne, mais sa politique totalitaire et liberticide la place sur un chemin effrayant, celui de la guerre civile et des ravages. Des Parlementaires et des Maires représentant la volonté des électeurs sont pris en otage ; des administrateurs désignés par le gouvernement remplacent les Maires destitués ; les médias d’opposition qui sont la voix et l’oreille de la société sont muselés ; les journalistes sont arrêtés ; les académiciens et les fonctionnaires sont limogés en masse du jour au lendemain.
En 1994, l’arrestation des membres du mouvement politique kurde a entraîné un conflit qui a causé la mort de milliers de personnes et le déplacement forcé de millions d’autres. Aujourd’hui, 22 ans après, la répression politique exercée à l’encontre du mouvement politique kurde et des autres forces d’opposition ne fera qu’alimenter la guerre. Dans les années 90, la politique turque de négation et de guerre a contraint des centaines de milliers de Kurdes à se réfugier en Europe. Aujourd’hui, Les Etats européens gardent le silence en raison des accords passés avec la Turquie concernant les réfugiés. Cependant, la campagne actuelle de répression peut entraîner une vague de migration de millions de Kurdes et de Turcs vers l’Europe.
Pour ces raisons :
– Nous appelons le Conseil de l’Europe et les Nations Unies, organisations dont la Turquie est membre, à prendre des mesures pour mettre fin à ce coup d’Etat politique en Turquie ;
– Nous appelons les Etats membres de l’Union européenne à ne pas se limiter à de simples déclarations et à prendre des actions concrètes et effectives ;
– Nous appelons l’Union européenne à suspendre le processus d’adhésion de la Turquie jusqu’à la fin du régime totalitaire mis en place par Erdogan, à suspendre ses aides financières qui alimentent l’administration de ce régime, à prendre des mesures de contrainte politiques et administratives et à rappeler ses diplomates en poste en Turquie.
Stop Erdogan !
Liberté pour les Députés du HDP !
Manifestation samedi 12 novembre : Rassemblement place de la Bastille, 14h, puis marche jusqu’à Place de la République
Nous vous attendons nombreuses et nombreux à cette manifestatioon pour dénoncer avec force la répression politique effrénée menée en Turquie contre le mouvement politique kurde et l’opposition.
Unissons nos voix pour dénoncer le silence dangereux de la France et de l’Europe qui contribue à renforcer la dictature d’Erdogan et son régime liberticide.