Monsieur le Président de la Commission européenne,
Monsieur le Premier ministre,
Je suis profondément préoccupé(e) par le sort de milliers de demandeurs d’asile et réfugiés, pris au piège sur les îles grecques en raison de l’accord UE-Turquie. Ils sont confrontés au climat rude, au manque d’eau chaude, à une hygiène insuffisante et à des actes de violence motivés par la haine.
À Lesbos, quelques familles ont été déplacées vers des hôtels et des conteneurs, mais il y a toujours des personnes, à Moria et Samos, qui vivent dans des tentes, exposées à la pluie et à des conditions très difficiles. Il est inacceptable qu’elles soient prises en otage par des politiques dysfonctionnelles de l’Union européenne (UE). Ce n’est pas le traitement que des êtres humains devraient recevoir de la part d’une société dont les valeurs fondamentales sont la liberté, la démocratie et le respect des droits humains.
La Belgique et la Commission européenne doivent agir en conformité avec ces valeurs et collaborer pour assurer d’urgence le transfert des demandeurs d’asile et réfugiés des îles grecques vers d’autres pays européens. Cet accord ne peut être maintenu ni servir d’exemple, alors qu’il condamne des milliers de personnes à vivre dans des conditions insupportables et inhumaines.
Par ailleurs, l’éventuelle reprise - inconcevable en l’état actuel - des renvois vers la Grèce en application du règlement Dublin, ne peut soustraire les États à leurs engagements en termes de relocalisation et de partage de responsabilité. Les pays de première ligne, tels que la Grèce et l’Italie, ne peuvent assumer seuls la prise en charge des demandes d’asile.
Par conséquent, je vous exhorte à utiliser tous les moyens possibles pour assurer :
– que les demandeurs d’asile bloqués sur les îles grecques soient transférés vers la Grèce continentale pour y être enregistrés, avec un accueil adéquat, en vue d’être relocalisés dans d’autres pays de l’UE ;
– qu’un soutien aux autorités grecques soit fourni pour l’enregistrement et le suivi des procédures d’asile ;
– qu’un réel partage de responsabilité soit mis en place et que les engagements en matière de relocalisation soient respectés.
Enfin, j’appelle l’UE et ses États membres à ne pas s’engager sur une voie qui leur permet de conclure de nouveaux accords d’externalisation ou de coopération pour la gestion des flux migratoires avec des pays qui violent manifestement les droits humains.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, Monsieur le Premier ministre, l’expression de ma haute considération.