Les mobilisations sociales et populaires contre les politiques néolibérales menées par le gouvernement avec mépris et arrogance, semblent prendre une tournure bien différente de celle connue ces dernières années.
Les mobilisations, qu’elles soient individuelles ou collectives, dépassent leur aspect habituel, tel qu’il est souvent représenté dans la mémoire collective de notre peuple. En effet, c’est pendant l’hiver, en particulier au mois de janvier, que le peuple tunisien a souvent écrit son histoire. Sur un autre plan, ces mobilisations renvoient aux aspirations populaires avortées, à l’occasion de l’anniversaire de la révolution du 17 décembre – 14 janvier 2011.
En observant les mouvements qui s’opèrent dans le pays, deux constats s’imposent. Le premier est la pérennité exceptionnelle des mobilisations sociales, le second est leur étendue géographique, la multiplication de leurs expressions et la diversité de leurs revendications.
Le pays est sous pression. La crise, mais aussi les protestations qu’elles engendrent contre la dégradation générale des conditions de vie (chômage, baisse du pouvoir d’achat..), et ses conséquences, ressemblent en quelque sorte à un phénomène ambulant, de qui se déplace d’un secteur à l’autre, d’une région à l’autre sans épargner les villages et les campagnes.
Il est stupéfiant de constater que le pouvoir, ne se contente pas seulement du rôle de spectateur, mais souffle sur cette braise sociale, par son obstination insolente à perpétuer les anciens choix politiques, sous des formes encore plus arrogantes et plus agressives.
Ce qui est encore plus effarant, c’est le recours à la répression face aux revendications. Le but est sûrement de répandre à nouveau la peur et briser l’élan des manifestants dans les villes et les campagnes.
En réalité, le traitement répressif des mobilisations sociales et la volonté de brimer les voix qui s’élèvent par des méthodes brutales ou plus douces, ne peuvent qu’approfondir la crise actuelle.
« La paix sociale » recherchée par l’équipe dirigeante, ne peut provenir de l’intrusion des institutions de la sûreté et de la justice dans des luttes sociales légitimes et justes, afin de donner une prétendue légitimité légale à son approche répressive, et son incapacité à satisfaire les revendications des classes pauvres et des régions marginalisées depuis des générations.
« La paix sociale » n’interviendra pas non plus en occultant les questions importantes, soit par une pratique médiatique opaque, soit par l’invention de problématiques marginales et leur gonflement, pour détourner l’opinion publique des questions urgentes et fondamentales.
L’équipe dirigeante, et à travers elle l’alliance des classes qui la soutiennent, n’est pas en mesure de tirer les leçons de l’expérience de ses prédécesseurs, elle n’est pas non plus capable - en raison de son caractère réactionnaire- de revenir sur ses choix anti-populaires et anti patriotiques.
Cette situation exige des forces révolutionnaires et progressistes de multiplier les efforts pour se mettre en ordre de bataille et clarifier leur vision et leur programme.
– D’abord pour défendre les libertés individuelles et collectives et préserver les acquis démocratiques.
– Ensuite, en renforçant le mouvement social, le prémunir contre les visées corporatistes ou régionalistes, lui donner une dimension nationale bien enracinée et en réunissant ses revendications dans le cadre d’un programme général qui en sera le fil conducteur.
Les mobilisations sociales dispersées dans une région ou une autre, un secteur ou un autre, ne peuvent avoir que des résultats et une influence limités, face à la coalition dirigeante.
Une coalition qui use de tous les moyens dont la répression, pour contenir les mobilisations sociales grandissantes et faire taire les luttes, face à son échec à améliorer la situation économique, et au vu de sa soumission et de ses liens méprisables avec des puissances étrangères.
Alors, au travail pour l’émancipation de notre peuple et de notre société.