Cette consultation électorale s’inscrit dans un ensemble institutionnel auquel nous ne conférons aucune légitimité. Que ce soit pour ce temps électoral où d’autres consultations du même ordre, notre analyse est et demeure identique. La « démocratie » par délégation de pouvoirs, donc hors de toute maîtrise populaire, conduit immanquablement aux mêmes résultats, lesquels se traduisent par une déconnexion à termes entre les élus et les électeurs. Ces mécanismes ne sont pas dus au hasard. Les classes dominantes, les milieux de la finance et leurs personnels politiques maintiennent leur pouvoir, en Corse comme ailleurs, par les moyens d’un système économique, culturel, législatif et politique dont le parlementarisme et la permanence de l’Etat sont les pierres angulaires.
Le droit à l’autodétermination du peuple Corse n’est pas soluble dans les institutions de la France. A l’exception notable du candidat présenté par le NPA, aucun autre postulant, ne s’accorde à reconnaître ce droit inaliénable.
La permanence de l’existence d’un courant objectivement néo-fasciste est instrumentalisée comme un repoussoir et ce dans la perspective pathétique d’un front républicain. Ces manœuvres destinées à manipuler « l’opinion publique » sont condamnables autant qu’hypocrites. Les thèmes du FN et de ses sous produits locaux ont largement débordés de leurs frontières. Le tout sécuritaire, la régulation des flux migratoires et un nationalisme de tous les instants, sont désormais au cœur des programmes, aussi bien des sociaux libéraux que du populiste Mélenchon.
Le scénario immanquable du deuxième tour confirmera cette analyse.
L’éradication de la gangrène fasciste ne peut se produire qu’en rupture avec un « modèle » économique qui conduit au désespoir et aux pires des tentations celles et ceux qui en subissent les effets. Les migrants ne sont en rien responsables d’un chômage délibérément entretenu. Ce chômage est un formidable moyen de pression dont le but est de faire baisser la rémunération de la force de travail. Il est aussi marqué par la mise en concurrence des travailleurs comme un instrument majeur destiné à affaiblir leurs capacités de résistance.
Le racisme et la xénophobie sont également des poisons qui divisent le monde du travail et participent de son aliénation au système encore dominant. L’islamophobie galopante qui tente de confondre tous les musulmans et les assassins de la sphère islamo-totalitaire, en est aujourd’hui une, parmi les manifestation les plus visibles.
Seul un projet politique en rupture radicale avec le capitalisme peut donc mobiliser le monde du travail et ainsi éviter à notre société de basculer dans le néant. Tous les tentatives d’aménagement et/ou de régulation de ce système échoueront comme elles ont toujours échouées dans l’histoire. L’avenir de notre société ne dépend en aucun cas, ni d’un homme « providentiel » pas plus que de l’exercice individuel et solitaire du vote. Seules les mobilisations collectivement maîtrisées peuvent ouvrir des perspectives.
Nous savons cependant que cette maturation politique ne se décrète pas et qu’elle sera le fruit des expériences menées par le monde du travail et donc à une élévation des niveaux de conscience. C’est à cette tâche que notre mouvement s’est attelé, notamment en mettant aux débats un projet de citoyenneté pour la Corse du XXIe siècle.
A celles et à ceux qui se rendront aux urnes malgré tous leurs doutes et leurs préventions, en particulier à celles et ceux des classes populaires, nous lançons un appel : Seul le bulletin pour Philippe Poutou du NPA peut alors avoir une signification, à la fois de classe et pour le droit à l’autodétermination.
Demain une fois passée l’agitation électoraliste, nous vous donnons rendez vous dans les luttes, pour la défense des intérêts collectifs de la classe des travailleurs de Corse et pour l’édification d’une société débarrassée de toutes les formes d’aliénation.
Pour un socialisme démocratique et autogestionnaire dans une Corse maîtresse de son histoire.
A Manca (Corse)