Elle « tourne la page ». L’ancienne porte-parole de La France insoumise (LFI) Raquel Garrido annonce, dans un entretien au Journal du dimanche (JDD) du 12 novembre [1], qu’elle met un terme à sa carrière politique.
Elle y explique avoir été « placée devant un dilemme » par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) en raison de son activité de chroniqueuse sur C8. « Le CSA a comptabilisé mes passages à l’antenne en temps de parole France insoumise », détaille ainsi l’avocate, qui officie dans l’émission Les Terriens du dimanche, depuis la rentrée.
Le CSA a précisé, dimanche, à l’Agence France-Presse n’avoir fait « aucune demande particulière » à Mme Garrido ni à C8, rappelant seulement les règles du décompte à la société de production quand celle-ci l’a appelé la semaine dernière.
Interrogée pour savoir si elle avait ainsi décidé d’arrêter la politique, Mme Garrido a expliqué : « A la télé, il y a si peu d’“insoumis”, tandis qu’à La France insoumise (LFI), des “Raquel”, il y en a plein ! Je tourne donc la page sans état d’âme. » La quadragénaire précise, en outre, qu’elle ne sera pas présente lors de la convention LFI à la fin du mois de novembre et ne serait pas candidate aux élections européennes en 2019.
Au cœur de plusieurs polémiques
Très présente dans les médias pendant la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon, Mme Garrido a fait l’objet ces derniers mois de plusieurs polémiques.
Outre sa décision de devenir chroniqueuse sur la chaîne appartenant au milliardaire Vincent Bolloré, abhorré par LFI, elle avait aussi été épinglée par Le Canard enchaîné, sur un possible défaut de paiement de ses cotisations à l’Urssaf et à la caisse de retraite des avocats [2], ce qu’elle a contesté. Elle avait également été mise en cause pour occuper un logement social avec son compagnon, le député « insoumis » Alexis Corbière [3], qui a depuis donné congé au bailleur.
En se défendant des accusations du Canard enchaîné dans une petite vidéo sur Internet aux côtés du blogueur Jeremstar, chroniqueur comme elle dans l’émission de C8 [4], Raquel Garrido s’était aussi attiré des moqueries sur les réseaux sociaux.
Au JDD, elle a assuré que les polémiques la concernant n’étaient pas à l’origine de sa décision, n’étant « pas du genre à céder à la pression et aux injonctions, surtout quand elles sont malveillantes ». Elle a aussi affirmé que « jamais » Jean-Luc Mélenchon ne lui avait demandé de faire un tel choix.
« Raquel est et reste mon amie. Elle n’a commis aucune faute. Seuls les journalistes ont cherché à tout pourrir par leurs fausses polémiques. Avec tout mon mépris », avait tweeté vendredi le chef de file de LFI, alors que de premières informations de presse évoquaient un possible retrait de la vie politique de Mme Garrido [voir ci-dessous].
AFP 12.11.2017
Raquel Garrido devrait annoncer son retrait de la vie politique
L’ancienne porte-parole de Jean-Luc Mélenchon devrait s’exprimer dimanche et clore des mois de polémiques.
La situation était devenue « insupportable ». Raquel Garrido devrait annoncer, dimanche 12 novembre, qu’elle se retire de la vie politique, selon la direction de La France insoumise (LFI), confirmant au Monde une information de BFM-TV. Elle expliquera sa démarche dans un entretien au Journal du dimanche.
Raquel Garrido, camarade de la première heure de Jean-Luc Mélenchon, au Parti socialiste, au Parti de gauche (PG) puis à LFI, « n’avait plus de responsabilités politiques au sein du PG ni de LFI », assure la direction du mouvement. « Ce qui est en cause, c’est le Conseil supérieur de l’audiovisuel [le temps de parole de Mme Garrido était décompté de celui de LFI]. Il n’y a ni conflit ni aucune discorde avec M. Mélenchon », explique-t-on à la tête du mouvement.
Preuve en est ce tweet du chef de file de LFI, en forme de soutien à son ancienne porte-parole. Raquel Garrido « est et reste [son] amie », écrit-il. Et de conclure : « Seuls les journalistes ont cherché à tout pourrir par leurs fausses polémiques. Avec tout mon mépris. »
M. Mélenchon rend responsable de cette situation la pression médiatique malveillante, les ragots, autant d’éléments qui feraient perdre du temps en polémiques inutiles et qui auraient une incidence sur les relations personnelles.
Mélange des genres
Par cette décision, l’avocate et chroniqueuse dans l’émission de Thierry Ardisson, « Les Terriens du dimanche », sur la chaîne C8, clôt, en tout cas, trois mois de polémiques.
L’ancienne porte-parole de M. Mélenchon fut d’abord critiquée pour son choix de rejoindre l’une des chaînes du groupe Bolloré à la rentrée. Un mélange des genres qui a dérouté, notamment lorsqu’elle a interrogé le premier ministre lors d’une conférence de presse [5].
Puis Le Canard enchaîné a publié plusieurs articles pointant des « arriérés de cotisations sociales » à la Caisse nationale des barreaux français (CNBF) et des dettes envers sa caisse de retraite et l’Urssaf en 2016. Le CNBF avait répondu que ces « informations étaient inexactes ». A propos des cotisations de retraite, Mme Garrido avait répondu à l’Agence France-Presse (AFP) que les informations de l’hebdomadaire satirique étaient « totalement fausses » et qu’elle était « à jour » de ses déclarations de revenus de 2016 et de tous ses paiements à l’Urssaf.
Un démenti qu’elle avait avant cela livré sur le réseau Snapchat, via le compte de Jérémy Gisclon, alias Jeremstar [6], chroniqueur comme elle dans l’émission de Thierry Ardisson. Lorsque le jeune homme, spécialiste de la téléréalité, avait organisé une fausse cérémonie pour se marier avec lui-même, au début d’octobre, l’avocate l’avait alors aidé a enfiler sa robe et ses talons hauts.
A plusieurs reprises, M. Mélenchon avait déjà dû intervenir pour la défendre. « Raquel Garrido n’est coupable de rien. C’est une cabale montée, organisée et qui répand des calomnies », avait-il ainsi déclaré lors du « Grand jury RTL-Le Figaro-LCI » du 15 octobre.
Plus récemment, Mme Garrido a été critiquée pour un tweet attaquant certains journalistes qui s’étaient fait l’écho de l’exaspération de Jean-Luc Mélenchon envers elle. « J’en connais plus d’un qui “n’en peut plus” des journalistes menteurs. Quant à moi, vous me faites rire. Vous êtes de belles putes à clic », avait-elle publié.
Raquel Garrido @RaquelGarridoFr
J’en connais plus d’un qui « n’en peut plus » des journalistes menteurs. Quant à moi, vous me faites rire. Vous êtes de belles putes à clic.
13:30 - 3 nov. 2017
Abel Mestre