L’administration Trump a établi une liste de mots et d’expressions qui ne doivent plus être utilisés par les organismes de recherche et les agences placés sous la tutelle du ministère américain de la santé et des services sociaux. Dans ses éditions du vendredi 15 et du samedi 16 décembre, le Washington Post a révélé que les termes « fœtus », « transgenre », « vulnérabilité », « diversité », « prérogative » ou encore « fondé sur la science » (« science-based » en anglais) seraient désormais interdits d’usage dans les documents officiels produits par les agences fédérales de santé et de recherche biomédicale comme les Centers for Disease Control and Prevention (CDC).
Interrogé par le quotidien américain, le porte-parole du ministère de la santé, Matt Lloyd, ne dément pas l’information, mais assure que les autorités sanitaires américaines « continueront à utiliser les meilleures preuves scientifiques disponibles pour améliorer la santé des Américains ».
L’information est sortie après une réunion interne de cadres des CDC, le 15 décembre, convoquée après que les documents sur le budget 2019, transmis par les CDC à leur ministère de tutelle, ont été retournés par celui-ci émaillés de corrections. Celles-ci précisaient que certains termes ne devaient pas être utilisés car considérés comme « controversés ». Certains programmes de recherche ne pouvant contourner les mots interdits pourraient ainsi être de facto non finançables. Interrogés par le Washington Post, d’autres organismes de recherche biomédicale et agences fédérales de santé se sont vus intimer les mêmes directives.
Contrôle idéologique
Certaines pages du site Web du ministère américain de la santé, mentionnant par exemple les droits de la communauté LGBT, ont été récemment supprimées et archivées. Le Washington Post rappelle qu’en mars, des questionnaires d’enquêtes sanitaires conduites par les services du ministère sur des personnes âgées ont été modifiés, supprimant les questions sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre des individus interrogés.
L’administration Trump intensifie ainsi l’instauration d’un contrôle idéologique étroit sur la recherche médicale ou scientifique. Dès l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche, toutes les pages consacrées au réchauffement ont été supprimées du site de la présidence. De même, le portail sur le climat hébergé sur le site Web de l’Agence de protection de l’environnement a disparu dans les mois qui ont suivi l’arrivée de M. Trump à la Maison Blanche.
Stéphane Foucart