La plus importante initiative de solidarité prise par notre association en 2017 concernait déjà l’île de Mindanao, au sud des Philippines. Il s’agissait alors de répondre aux conséquences humanitaires de la « bataille de Marawi » entre forces gouvernementales et mouvements djihadistes – plus de 600.000 personnes (en grande majorité musulmane) ayant dû fuir les combats et se retrouvant souvent totalement démunies.
La bataille de Marawi a duré 5 mois. La reconquête de la ville par l’armée n’a cependant pas débouché sur une amélioration de la situation humanitaire à Mindanao. La conjoncture est en fait plus critique que jamais, et ce pour diverses raisons : typhon dévastateur, généralisation des combats entre les forces gouvernementales et la Nouvelle Armée du Peuple (NPA) du PCP, nouveau foyer djihadiste, prolongation de la loi martiale dans toute l’île, populations montagnardes directement menacées par les activités de compagnies forestières et minières, impossibilité pour la majorité des habitantes et habitants de Marawi de retrouver des conditions de vie décentes…
C’est pourquoi nous relançons en ce début d’année 2018 notre initiative de solidarité. Les fonds collectés seront envoyés à :
La coalition Mihands [1] avec laquelle nous travaillons depuis des années, en leur demandant de les utiliser pour les victimes des catastrophes humanitaires, quelle qu’en soit l’origine (typhon, conflits militaires…).
L’association Tripod [2], qui fait partie du réseau Mihands, en leur demandant d’utiliser plus particulièrement les fonds pour aider les populations montagnardes.
Grâce aux dons que nous avons reçus fin 2017, pour notre fonds permanent de solidarité Asie, nous avons déjà pu envoyer ce mois de janvier 4.000 euros à Tripod [3]. Nous remercions toutes celles et ceux qui ont rendu possible cette aide d’urgence.
Description de la situation
Le typhon [4] Temblin (appellation internationale) Vinta (appellation philippine) a frappé Mindanao le 22 décembre dernier, traversant la partie nord de l’île d’est en ouest et provoquant des dégâts considérables : inondations, glissements de terrain... Dès le 24 décembre, nous avons reçu un appel à la solidarité de Mihands, que nous avons immédiatement diffusé en anglais [5].
Il y a là un effet du changement climatique. Mindanao était frappée par de violents raz-de-marée, mais pas par les grandes tempêtes tropicales (typhons), qui traversaient l’archipel philippin plus au nord ; ils se décalent vers le sud alors que la population est mal préparée à leur violence. Par ailleurs, l’ampleur des dévastations tient pour une grande part aux activités économiques, dont la déforestation (dans une large mesure illégale). Ce qui contribue à expliquer que Temblin/Vinta a fait bien plus de victimes que le volume des pluies déversées ne le laisserait supposer.
Des chiffres datant de la fin décembre mentionnaient 670.000 personnes affectées par le typhon, 140.000 déplacées, 2.600 habitations endommagées dont 60% détruites, plus de 200 morts, de nombreux blessé.e.s. Cependant, la situation dans de nombreuses localités restait alors inconnues. Nous attendons des évaluations plus récentes.
Les lobbies miniers et forestiers sont en train de s’emparer de nouvelles terres, contribuant à aggraver les conséquences des aléas climatiques. Leurs activités menacent par ailleurs très directement de déracinement diverses communautés lumads – à savoir les tribus montagnardes (ou groupes ethnolinguistiques montagnards) de Mindanao en pénétrant dans leurs domaines ancestraux.
Le conflit entre l’armée et le PCP est maintenant total (le PC a pourtant longtemps participé au gouvernement Duterte). Les combats se généralisent dans une grande partie de Mindanao et se concentrent souvent dans les zones montagneuses. La pression de l’état de guerre se fait sentir partout sur les communautés populaires, en particulier sur les populations lumads. Dans les régions où il n’existe pas de conflit armé actif, la population tente de préserver la paix en évitant de se voir entrainer dans une spirale de militarisation.
La loi martiale a été une nouvelle fois prolongée dans toute l’île de Mindanao, pour toute l’année 2018. Cela veut dire en pratique que les militaires peuvent faire ce qu’ils veulent, même si la Constitution de 1987, rédigée après le renversement de la dictature Marcos, limite officiellement assez strictement les pouvoirs de cet état d’exception.
L’armée continue de juger suspect les familles musulmanes réfugiées de la bataille de Marawi, l’auto-organisation des communautés populaires, les mouvements civiques, les forces de gauche toutes tendances confondues… Dans ces conditions, le quadrillage militaire de Mindanao rend difficile l’action des réseaux humanitaires « de terrain ».
Tous ces facteurs se combinent pour rendre particulièrement critique la situation humanitaire dans une grande partie de Mindanao ; les causes de malheur se superposent.
Dès que nous recevrons des informations supplémentaires, nous vous en ferons part.
Merci pour votre solidarité,
Pierre Rousset
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Nous vous tenons régulièrement informés via notre site de la situation et de l’utilisation du fonds de solidarité.