Depuis le début de la colonisation française en Nouvelle-Calédonie, l’État français a mis la population d’origine, les Kanaks, en minorité sur leur terre. En 1972, le Premier ministre, Pierre Messmer, écrivait : « La présence française en Calédonie ne peut être menacée, sauf guerre mondiale, que par une revendication nationaliste de populations autochtones [...]. À court et à moyen terme, l’immigration massive de citoyens français ou originaires des DOM devrait permettre d’éviter ce danger [...] en améliorant le rapport numérique des communautés. »
Depuis, cette politique ne s’est jamais démentie, c’est pourquoi les accords Matignon-Oudinot de 1988, puis l’accord de Nouméa, en 1998, ont prévu que seuls auraient le droit de vote aux élections provinciales et au référendum d’autodétermination les Français ayant dix ans de présence ininterrompue sur le territoire en 1998. Cette disposition demande à être inscrite dans la Constitution et est en débat à l’Assemblée et au Sénat en vue de son adoption.
Le Front national et Philippe de Villiers, rejoints par Sarkozy et la droite calédonienne, veulent revenir sur ce point de l’accord de Nouméa. Toutes les organisations kanaks se battent pour le maintien du corps électoral « gelé ». Son abrogation mettrait le feu au territoire. L’immigration massive de métropolitains se poursuit. La population de l’agglomération de Nouméa, à 80 % blanche, a ainsi cru de 25 % entre 1996 et 2004, tandis que la population des régions kanaks n’a progressé que d’environ 11 %.