Le déploiement de la troisième marine de guerre mondiale et son porte-avions Liaoning dans le détroit de Taïwan, à 200 kilomètres des côtes de la République de Chine – une première depuis 2016 – constitue un avertissement pour le petit Etat insulaire. Ces manœuvres à « tirs réels » ont eu lieu dans un périmètres de 2 km2, qui inclut deux îlots au large de la ville de Quanzhou, dans la province du Fujian (Sud-Est de la Chine).
Liu Jieyi, représentant permanent de la RPC au Conseil de Sécurité des Nations-Unies, n’a pas caché que ces exercices militaires ont été prévus en pensant à Taïwan : « Nos exercices militaires sont menés pour protéger la souveraineté de notre patrie et l’intégrité territoriale », a-t-il annoncé dans une conférence de presse, le 17 avril à Zhengzhou.
Avant de se diriger vers Taïwan, la flotte de guerre chinoise avait commencé ses manœuvres près de l’île de Hainan, au Sud du pays. Décrites par plusieurs observateurs internationaux comme une démonstration de force menée à des fins de propagande, elles ont mobilisé au total 48 navires, 76 avions et plus de 10 000 soldats.
Xi Jinping, président à vie de la RPC, a assisté en personne à ces exercices historiques dans la mer de Chine méridionale, menacée par les conflits territoriaux portant sur la « ligne des neuf traits » établie par Pékin au mépris du droit international et de la liberté de circulation. « La nécessité de construire une marine puissante n’a jamais été aussi urgente qu’aujourd’hui », a-t-il déclaré lors d’un discours.
La Chine installe de plus en plus de bases militaires dans les îlots de cette mer disputée, et l’un des principaux carrefours maritimes mondiaux, avec un trafic trois fois plus important que celui du Canal de Suez et cinq fois plus important que dans le Canal de Panama.
D’après plusieurs experts, cette opération ressemble d’avantage à de la communication. « C’est plus un défilé militaire en mer qu’autre chose », résume au New York Times Bonnie Glaser, spécialiste de l’Asie au Centre d’études stratégiques et internationales. « Mais dans le détroit de Taïwan, c’est un avertissement. [...] Les Chinois ont l’impression que les États-Unis et Taïwan se dirigent dangereusement vers les lignes rouges chinoises. »
Sheryn Lee, de l’Université Macquarie de Sydney, tient quant à elle à rappeler qu’il s’agit surtout d’une suite logique de la politique menée par Pékin, et non pas d’une escalade militaire. « Ils ont déjà fait ce genre d’exercices. Ils rappellent généralement à Taïwan leur présence juste à côté », affirme-t-elle au New York Times.
Taïwan a également procédé à ses propres exercices militaires sur sa côte est la semaine dernière, durant lesquels la présidente Tsai Ing-wen était présente : « Nous avons toute confiance et détermination pour défendre notre pays et notre démocratie », a-t-elle twitté, tout en prenant le soin de préciser aux journalistes qu’il ne fallait pas y voir une réponse aux manœuvres de la RPC.
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