Les ouvrières des filatures de coton de la région de Manchester ont mené des luttes importantes pour l’égalité sociale et politique. C’est cette histoire que les auteures, deux féministes britanniques, ont eu à cœur d’écrire, sur la base de témoignages et d’enquêtes approfondies. L’ouvrage décrit dans le détail les épouvantables conditions de vie et de travail de ces femmes, les horaires interminables, etc. Sans oublier les tâches ménagères et l’éducation des enfants. C’est ce que reflète le titre anglais du livre : One Hand Tied Behind Us (« Une main attachée dans le dos »).
Droits politiques, économiques et sociaux
Nombre d’entre elles sont impliquées dans les syndicats, et militent au Parti travailliste. Leurs revendications ? Salaire égal à celui des hommes, droit à l’éducation pour les filles et droit au divorce pour les épouses, le contrôle des naissances, l’émancipation des travailleurs et le socialisme. Elles pensent que le droit de vote leur permettra de mieux défendre ces aspirations. En cela, elles se distinguent des « féministes bourgeoises » qui ne voient dans le droit de vote qu’un moyen de protéger leurs fortunes.
Ces suffragistes vont aller, souvent à vélo, convaincre les ouvrières. Le 1er mai 1900 elle font signer à des dizaines de milliers d’entre elles une pétition exigeant le droit de vote. Elles se heurteront à l’intransigeance et au mépris des dirigeants syndicaux et des Travaillistes. Devant ces refus à répétition, une partie des suffragistes radicales décident de se lancer dans des actions directes. On les connaîtra sous le nom de « suffragettes », dirigées par la famille Pankhurst qui appartient à la classe moyenne.
Les militantes ouvrières resteront à l’écart de ces actions tout en étant solidaires. Et durant la guerre de 1914 elles seront antimilitaristes et pacifistes. Rappelons que le droit de vote d’une partie des femmes fut acquis en Angleterre dès 1918 !
Régine Vinon