Après plus de seize heures de débats, le Sénat rejette la légalisation de l’avortement
Une majorité de sénateurs ont dit non, jeudi matin, à un texte autorisant l’IVG pendant les quatorze premières semaines de grossesse.
Peu avant trois heures du matin en Argentine, les sénateurs ont rejeté, jeudi 9 août, après plus de seize heures de discussions, la légalisation de l’avortement dans le pays du pape François, mettant un terme, du moins temporairement, aux espoirs des organisations féministes.
Trente-huit sénateurs ont dit non au texte prévoyant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) pendant les quatorze premières semaines de grossesse, trente et un ont voté en sa faveur et deux se sont abstenus, selon les résultats officiels.
Le Sénat est plus conservateur que l’Assemblée, qui avait adopté le texte le 14 juin.
Le vote a été accueilli par des feux d’artifice et des cris de joie par les militants anti-IVG rassemblés à Buenos Aires devant le Parlement, où se déroulaient les débats depuis mercredi. A l’autre extrémité de la place du Congrès, les mines étaient dépitées, les larmes coulaient sur les visages des partisans de la légalisation de l’avortement. « Souvenez-vous de ces noms », lançait une jeune femme en regardant sur un téléviseur s’afficher les noms des sénateurs qui ont rejeté le texte, pourtant approuvé par les députés en juin.
Toute la journée de mercredi, les foulards verts, symboles de la lutte pour le droit à l’avortement, ont été agités sur la place du Congrès, avec l’espoir, même infime, que la loi soit adoptée.
Mais le 9 août ne restera pas dans l’histoire du pays sud-américain comme la date de la légalisation de l’avortement.
Après l’annonce du résultat, une poignée de manifestants pro-IVG isolés ont incendié des palettes contre une des deux rangées de grilles séparant les deux camps, et ont lancé des pierres sur les policiers antiémeutes. La police a riposté par des tirs de canon à eau et de grenades lacrymogènes.
« Système de démocratie directe »
Le 14 juin, à la Chambre des députés, le texte avait été adopté de justesse par 129 voix pour et 125 contre. Le Sénat est plus conservateur, car chacune des 24 provinces dispose de trois représentants, quel que soit son poids démographique. La capitale et la province de Buenos Aires, plus favorables à l’IVG, y sont sous-représentées alors qu’elles abritent plus du tiers de la population du pays.
Le « non » l’ayant emporté, il faudra probablement attendre 2020 avant que la question de l’avortement puisse de nouveau être examinée par le Parlement. Le député de la coalition gouvernementale Cambiemos (« Changeons ») Daniel Lipovetzky évoque toutefois la possibilité de convoquer un référendum. « Quand les députés pensent d’une manière et les sénateurs d’une autre. Cela mérite peut-être un système de démocratie directe. C’est possible qu’on le propose. »
• LE MONDE | 09.08.2018 à 07h55 • Mis à jour le 09.08.2018 à 10h04 :
https://abonnes.lemonde.fr/international/article/2018/08/09/argentine-apres-plus-de-16-heures-de-debats-le-senat-rejette-la-legalisation-de-l-avortement_5340727_3210.html
Droit à l’avortement en Argentine : « Ce vote est une honte. Les sénateurs n’ont rien compris »
Les sénateurs argentins se sont prononcés, jeudi matin, contre la légalisation de l’IVG mais le camp prochoix se félicite d’avoir fait avancer sa cause.
Le Sénat argentin a raté le rendez-vous avec l’histoire. Cette fois, la pression de la rue n’aura pas suffi. Malgré les centaines de milliers de personnes (2 millions, selon les organisatrices) bravant la pluie et le froid dans Buenos Aires, malgré, également, la pression internationale, seuls 31 sénateurs ont voté pour la légalisation de l’avortement, aux premières heures du jeudi 9 août, et 38 ont voté contre. « Il faut plutôt dire qu’ils ont voté pour l’avortement clandestin, fustigeait l’actrice Alejandra Flechner, en marge d’une conférence de presse de l’Association des actrices argentines, qui se sont beaucoup mobilisées pour le projet. Ce vote est une honte. Les sénateurs n’ont rien compris, ils ont méprisé deux millions de personnes dans la rue, mais le coût politique sera énorme pour eux. » Des incidents mineurs ont éclaté à la fin du rassemblement, vers 3 heures du matin, et huit personnes ont été arrêtées.
Punir ces « dinosaures » lors des prochaines élections d’octobre 2019, tel était le mot d’ordre chez les militantes prochoix après le vote des sénateurs, jeudi matin, faisant suite à seize heures de débats. « Cette journée a rendu évident le hiatus entre le Sénat, réactionnaire, et la population, qui est majoritairement acquise à la légalisation de l’avortement, soutient la journaliste Ximena Schinca. La différence entre la mobilisation dans la rue et ce qui s’est dit dans l’hémicycle est flagrante. »
Une des dernières oratrices a été l’ancienne présidente Cristina Kirchner (2007-2015), qui s’est toujours dit opposée à la légalisation de l’avortement, mais a voté pour. Pendant ses deux mandats, le projet a été présenté six fois, en vain. Elle a attribué son changement aux « milliers de jeunes filles qui sont sorties dans la rue ».
« Dépénalisation sociale »
Le texte de loi qui prévoyait le libre recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) jusqu’à la quatorzième semaine de gestation, a par ailleurs mis en évidence des divisions au sein de la coalition au pouvoir, après le vote historique des députés en faveur de la loi le 14 juin.
Mais les militantes de la Campagne nationale pour le droit à l’avortement, ce collectif de 500 ONG à l’origine du projet de loi, ne s’avouent pas vaincues. « Cela fait treize ans que la Campagne existe, et nous n’avions jamais réussi à aller aussi loin, explique une de ses membres, Martha Rosenberg. Nous avons déjà obtenu une chose : la dépénalisation sociale de l’avortement, la majorité des Argentins sont pour, et ce n’est qu’une question de temps à présent, pour que notre projet soit voté. »
« Aujourd’hui, ce n’est pas une défaite, c’est un triomphe monumental, a semblé lui répondre le sénateur de Buenos Aires Pino Solanas. Personne ne pourra arrêter la marée de la nouvelle génération ! » La jeunesse s’est en effet particulièrement mobilisée ces derniers mois pour le droit à l’IVG. Une jeunesse qui, aujourd’hui, se presse pour prendre des selfies avec les référentes historiques de la Campagne nationale, comme Martha Rosenberg, 81 ans, ou Nelly Minyersky, 89 ans. Cette psychanalyste et cette avocate sont deux des auteures du projet de loi en discussion au Sénat. Pour Mme Minyersky, « la Campagne est devenue le symbole de la démocratie ».
La journée de mercredi a montré, encore une fois, la division de la société argentine sur l’avortement, dont la pratique clandestine fait une quarantaine de mortes par an. La place du Congrès était coupée en deux, à l’image du pays. Moins nombreux que les prochoix, ils étaient tout de même des centaines de milliers à répondre à l’appel commun des églises catholique et évangéliques, qui avaient été plutôt discrètes jusqu’au vote à la Chambre des députés. Dès l’après-midi, le ton était à la victoire. « Cette loi infanticide ne passera pas, grâce à Dieu !, se réjouissait Gladys, 60 ans. Si les femmes ne veulent pas d’enfants, elles n’ont qu’à se faire une hystérectomie. Une femme qui n’a pas d’enfants n’est pas une vraie femme. »
Un chapelet sur le Congrès
Symbole de la victoire de l’Eglise : avant même le vote des sénateurs, une messe a été célébrée en grande pompe dans la cathédrale de Buenos Aires, réunissant des milliers de « provida ». Des slogans dénonçant la « complicité » de l’Eglise catholique avec la dictature militaire (1976-1983) ont cependant fusé dans le camp des foulards verts, symbole du droit à l’IVG, quand un chapelet géant est soudain apparu, flottant dans le ciel, au-dessus du Congrès. « L’Eglise ne s’émeuvait pas quand la dictature torturait une femme enceinte », affirmait le panneau d’un jeune manifestant.
La loi fixe un délai d’un an après un rejet pour qu’un nouveau projet soit ré-examiné par le Parlement. Reste à savoir si les partis politiques seront prêts à faire de l’IVG un des thèmes de leur campagne électorale.
Angeline Montoya et Christine Legrand (Buenos Aires, correspondante)
• LE MONDE | 09.08.2018 à 11h20 • Mis à jour le 09.08.2018 à 11h28 :
https://abonnes.lemonde.fr/ameriques/article/2018/08/09/droit-a-l-avortement-en-argentine-ce-vote-est-une-honte-les-senateurs-n-ont-rien-compris_5340807_3222.html
Des millions de militants dans les rues en attente du vote des sénateurs sur L’IVG
Le projet de loi de légalisation de l’IVG, adopté à une courte majorité par les députés en juin, doit être soumis au vote des sénateurs, qui débattent depuis 16 heures.
Après l’Irlande en mai, un autre pays catholique et conservateur se dotera-t-il du droit à l’avortement ? Des millions de personnes étaient rassemblées mercredi à Buenos Aires dans l’attente d’une réponse à cette question : après les députés, en juin, c’est au tour des sénateurs de se prononcer jeudi 9 août. Attendu dans la nuit, le vote du Sénat se fait attendre : les débats durent depuis plus de 16 heures.
La mobilisation ne faiblit pas pour autant, malgré la pluie et le froid de la nuit. Pro et anti-IVG étaient présents en nombre toute la journée sur la place du Congrès à Buenos Aires, divisée en deux, à l’image de la société argentine sur la question de l’avortement.
Le projet de loi qui légalise l’IVG au cours des 14 premières semaines de grossesse avait cependant été adopté de justesse par les députés (129 voix pour, 125 contre).
« La question est “voulons-nous que l’avortement soit légal ou clandestin”, le débat n’a rien à voir avec “pour ou contre l’avortement”. Que l’Eglise arrête de mettre son nez là où ça ne la regarde pas, qu’elle nous laisse choisir pour nous-mêmes », témoigne Celeste Villalba, une étudiante de 20 ans, un foulard vert noué autour du cou pour signifier son engagement en faveur de la légalisation.
Les militantes du collectif de la société civile à l’origine du projet de loi actuel – la Campagne nationale pour le droit à l’avortement légal, sans risques et gratuit – avaient en effet choisi, dès 2005, le symbole du foulard en référence au fichu blanc utilisé par l’organisation des Mères de la place de Mai, qui luttent depuis 1977 pour faire la lumière sur la disparition de leurs enfants, opposants de la dictature (1976-1983). La couleur verte avait, elle, été choisie car, d’un côté, elle symbolise l’espoir, et, de l’autre, elle n’était utilisée à l’époque par aucun autre mouvement.
« Trop de femmes meurent »
D’après les estimations, 500 000 avortements sont pratiqués chaque année en Argentine. « L’avortement, c’est un droit, nous sommes vraiment des arriérés, nous en sommes encore à nous demander si c’est bien nécessaire de le légaliser, un demi-siècle après l’Angleterre », témoigne Camila Suarez, une étudiante en droit âgée de 20 ans.
Mirtha Martini, 64 ans, a fait un détour par la place du Congrès pour témoigner de son soutien, séduite par « l’engagement de cette jeunesse ». « J’ai honte que l’Argentine soit aussi arriérée. L’avortement est un droit élémentaire », se plaint-elle.
Calcul politique et réel élan féministe
Ce sont les mouvements féministes qui ont donné ces deux dernières années un élan déterminant à la revendication du droit à l’avortement en Argentine, ce qui a notamment conduit le président argentin de centre droit, Mauricio Macri, à ouvrir le débat au Parlement, pour la première fois de l’histoire du pays sud-américain.
Dans une interview au Monde, l’historienne argentine Dora Barrancos évoquait par ailleurs un motif politique :
« M. Macri est un homme de calcul, qui a cherché à bousculer l’agenda politique pour masquer les problèmes de son gouvernement et la baisse de sa popularité dans les sondages, dès décembre 2017, à la suite des grandes manifestations pour protester contre la réforme du calcul des pensions et une inflation galopante. »
Amnesty International et Human Rights Watch ont appelé les sénateurs argentins à voter en faveur du texte pour des raisons de santé publique. « Le monde vous observe », leur a écrit Amnesty.
« Sauvons deux vies »
Si un côté de la place du Congrès est à dominante verte, le camp des anti-IVG est, lui, bleu ciel. Des curés en soutane y ont supervisé l’installation d’une chapelle, d’affiches de la Vierge de Lujan. Ils se présentent comme les défenseurs de la vie. « Sauvons les deux vies », celle de la femme et celle du fœtus, est la consigne qui figure sur leur foulard triangulaire.
« Il y a une grande démonstration de foi, les paroisses sont mobilisées dans tout le pays. Il faut défendre la vie », explique Federico Beruete, le curé d’une paroisse de La Plata, à 60 km de Buenos Aires.
Pour lui, « le fait d’avoir un pape argentin a incontestablement aidé » lors du bras de fer sur l’avortement. Très discret avant le vote des députés le 14 juin, le pape François est sorti de sa réserve deux jours plus tard, lors d’une réunion avec des associations de la famille au Vatican :
« Au siècle passé, tout le monde se scandalisait de ce que faisaient les nazis pour purifier la race. Aujourd’hui on fait la même chose, mais avec des gants blancs. »
• LE MONDE | 08.08.2018 à 20h09 • Mis à jour le 09.08.2018 à 08h08 :
https://abonnes.lemonde.fr/ameriques/article/2018/08/08/argentine-la-legalisation-de-l-ivg-entre-les-mains-des-senateurs_5340619_3222.html
Le combat des jeunes Argentines pour la légalisation de l’avortement
La légalisation de l’avortement, qui a été adoptée par les députés, est discutée mercredi 8 août au Sénat. Les jeunes Argentines jouent un rôle crucial dans cette lutte.
Analia, 36 ans, étudiante. « Durant de nombreuses années, la maternité a été imposée, installant l’idée qu’avoir un enfant était la solution à tous nos problèmes, sans prendre en compte d’autres paramètres comme la présence du père, le désir, si c’était le fruit d’un viol, si la santé de la femme est en danger… Ce qui est sûr, c’est que nous avortons, mais celle qui a de l’argent s’en sort, alors que celle qui n’en a pas le fera dans des conditions terribles. »
Analia, 36 ans, étudiante. « Durant de nombreuses années, la maternité a été imposée, installant l’idée qu’avoir un enfant était la solution à tous nos problèmes, sans prendre en compte d’autres paramètres comme la présence du père, le désir, si c’était le fruit d’un viol, si la santé de la femme est en danger… Ce qui est sûr, c’est que nous avortons, mais celle qui a de l’argent s’en sort, alors que celle qui n’en a pas le fera dans des conditions terribles. »
Elles ont entre 13 et 18 ans, utilisent le langage inclusif dans leur vie de tous les jours, mettent des paillettes vertes sur leurs paupières et n’ont de leçons à recevoir de personne. Lors du débat sur la légalisation de l’avortement en Argentine, qui doit être mené mercredi 8 août par le Sénat, les adolescentes ont joué un rôle crucial en sortant dans les rues, en attachant à la lanière de leurs sacs à dos le foulard vert symbole du droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et en bousculant leurs aînés pour exiger ce qui leur semble naturel : le droit à disposer de leurs corps.
Elles ne demandent pas, elles exigent : « Les filles ont déjà choisi, avortement légal maintenant ! » Avant le vote des députés en première lecture, le 14 juin, une dizaine d’établissements scolaires ont été occupés par leurs élèves.
Leur idole a 18 ans. Ofelia Fernandez, ancienne élève du lycée Carlos-Pellegrini, un établissement de l’élite intellectuelle, est intervenue le 29 mai devant les députés lors des débats sur le projet de loi, dans un discours vibrant qui a marqué les esprits.
« IL VA FALLOIR VOUS FAIRE À L’IDÉE QUE NOUS VOULONS UN AUTRE GENRE DE VIE », AVAIT LANCÉ OFELIA FERNANDEZ, 18 ANS, FACE AUX DÉPUTÉS
Foulard vert au cou, la jeune fille donne rendez-vous au Monde dans un bar. Son discours est radical, sans concessions. « Il va falloir vous faire à l’idée que nous voulons un autre genre de vie (…). L’avortement clandestin existe et tue, les femmes pauvres et les hommes trans meurent ! », avait-elle lancé aux députés. Elle le répète aujourd’hui : le droit à l’avortement s’inscrit dans un cercle plus large de revendications. En creux, c’est le droit au plaisir des femmes, à leur autonomie et la critique d’une « sexualité hégémonique et hétéronormée », dit-elle, qui sont en jeu.
Encore plus jeune, Cloe Barrios Samuel, 13 ans, est féministe depuis ses 11 ans. « Dans quelques années, nous pourrons voter, et nous nous souviendrons ! », affirme-t-elle. Elève du collège public Mariano-Acosta, aussi connu pour son niveau d’excellence, elle affirme qu’elle ne votera jamais pour quelqu’un qui s’est opposé à la loi.
Une journaliste du quotidien Pagina/12, Luciana Peker, parle d’une « révolution des filles ». « Les Incroyables Hulk d’Argentine n’ont pas une overdose de muscles, elles mettent des paillettes contre l’invisibilisation historique du machisme », a écrit cette spécialiste du genre. Ofelia Fernandez va plus loin : « La plupart de nos aînés apprennent de nous », glisse-t-elle, un brin provocatrice. De fait, des députés ont reconnu que leur position sur l’avortement avait changé grâce à leurs filles.
Ces nouvelles féministes sont nées pendant l’une des plus graves crises économiques qu’ait connues l’Argentine, en 2001. Elles ont été élevées dans un climat de grande effervescence sociale. L’arrivée au pouvoir de Nestor (2003-2007) et de Cristina Kirchner (2007-2015), qui ont revendiqué la lutte des guérillas des années 1970, a en outre contribué à la renaissance du militantisme d’une partie de la jeunesse argentine, séduite par le discours progressiste et se réclamant de gauche à un moment où les partis politiques traditionnels avaient perdu de leur crédibilité.
LA MOBILISATION D’UNE PARTIE DE LA JEUNESSE NE DOIT PAS OCCULTER LES PROFONDES DIVISIONS DU PAYS SUR LA QUESTION DE L’AVORTEMENT
Ces adolescentes, qui n’oublient pas ce qu’elles doivent à leurs prédécesseures, ont découvert le féminisme en 2015, avec le mouvement #NiUnaMenos (« pas une seule [femme] de moins ») et ses impressionnantes manifestations contre la violence machiste. Mais leur mobilisation ne doit pas occulter les profondes divisions du pays sur la question de l’avortement.
Ce qui, dans les lycées prestigieux de Buenos Aires, paraît être une « marée verte » qui emporte tout sur son passage, est absent dans les quartiers plus populaires et dans les provinces du nord comme Salta ou Santiago del Estero, plus perméables à l’influence de l’Eglise.
« Dans les écoles des quartiers plus pauvres de Buenos Aires, je n’ai pas vu un seul foulard vert, constate Mariano Desac, professeur de sociologie. Et j’ai même vu, au contraire, quelques foulards bleu ciel », la couleur choisie par les opposants à la loi. Une autre adolescente qui est intervenue devant les parlementaires, Milagros Peñalba, 16 ans, a raconté aux sénateurs, le 25 juillet, avoir été expulsée de son lycée de Salta pour son engagement en faveur de l’avortement légal.
Dans le camp des « pro-vie », ils étaient des milliers, samedi 4 août – 500 000 selon les organisateurs –, à se mobiliser contre le projet de loi dans le centre de Buenos Aires, à l’appel des églises évangéliques, avec le slogan « sauvons les deux vies » – en référence à la vie de la femme enceinte et à celle du fœtus – et au son de cantiques religieux. « L’avortement est une pratique criminelle et non une politique de santé », soutiennent-ils, rejetant l’un des arguments des partisans de la légalisation selon lequel c’est la clandestinité de l’IVG qui provoque, chaque année, la mort de dizaines de femmes.
La référente médiatique des opposants à la loi, qui ont redoublé leurs efforts depuis le vote positif des députés, est une femme, Mariana Rodriguez Varela. Ultra-catholique, cette enseignante et mère de six enfants a, devant une commission du Sénat lors des débats qui ont précédé la journée de vote, condamné l’IVG même en cas de viol ou de danger pour la vie de la femme enceinte.
Pour elle, le projet de loi équivaut à la « peine de mort du bébé », « un être innocent », précise-t-elle. Elle est la fille d’Alberto Rodríguez Varela, ministre de la justice pendant la dictature militaire (1976-1983), et qui, en tant qu’avocat, assura la défense du général Jorge Rafael Videla lors du retentissant procès sur le vol et l’appropriation de bébés pendant les années de plomb.
La crainte d’incidents
Mariana Rodriguez Varela a lancé il y a quelques mois une campagne insolite et fort polémique sur les réseaux sociaux, affichant un « bebito », un bébé en plastique censé représenter un fœtus de 12 semaines suçant son pouce. Distribuant des centaines de ces « fœtus » qu’elle a fait fabriquer en Allemagne, elle a invité les Argentins à en accrocher à leur balcon « pour défendre la vie ».
Le 8 août au soir, pendant les débats au Sénat, les « pro-vie » assisteront à une messe dans la cathédrale de Buenos Aires, à deux pas du palais présidentiel et à moins d’un kilomètre du Congrès où seront rassemblés les partisans de l’IVG, ce qui fait craindre d’éventuels incidents entre pro et antichoix.
Si le projet de loi était adopté dans le pays d’origine du pape François, cela représenterait un événement historique pour toute la région, où l’avortement n’est légal qu’à Cuba, en Uruguay, à Guyana et dans la ville de Mexico. Le président argentin, Mauricio Macri, qui s’est dit opposé à la loi, a précisé qu’il ne poserait pas son veto.
Lundi soir, il a été interpellé par une militante qui lui a remis un foulard vert et lui a rappelé que deux jours plus tôt, une femme de 22 ans est morte dans un hôpital de Santiago del Estero où elle avait été admise à la suite d’un avortement clandestin. C’est le troisième cas dans cet hôpital depuis le début de l’année.
Angeline Montoya (Buenos Aires, envoyée spéciale) et Christine Legrand (Buenos Aires, correspondante)
• LE MONDE | 07.08.2018 à 11h02 • Mis à jour le 08.08.2018 à 12h22 :
https://abonnes.lemonde.fr/ameriques/article/2018/08/07/en-argentine-la-revolution-des-filles_5340074_3222.html
Le portfolio de cet article n’est pas reproduit ici.
L’Argentine se déchire sur la légalisation de l’IVG
A l’image de la société argentine, la coalition du président Mauricio Macri est ébranlée par un projet de loi qui sera débattu au Sénat le 8 août.
Adeux semaines du vote crucial, au Sénat, sur le projet de loi visant à légaliser l’avortement, fixé au 8 août, la société argentine est profondément divisée. Partis politiques, parlementaires, syndicats, intellectuels, simples citoyens et, pour la première fois, la coalition de centre droit de Mauricio Macri se déchirent. Dans la rue, sur les plateaux de télévision, deux camps s’affrontent, parfois violemment, chacun avec leur couleur : pour les partisans du droit à l’avortement, des foulards verts. Pour les opposants à la loi, le bleu ciel. De nombreux cas d’agressions de militants pro-avortement légal ont été rapportés.
Dans un pays en ébullition, ébranlé par une nouvelle crise financière, le sort du texte polémique est incertain. Après son adoption historique mais par une courte majorité (129 pour, 125 contre), le 14 juin, à la Chambre des députés, le projet est à présent examiné par les sénateurs, réputés plus conservateurs. Depuis le 10 juillet, médecins, scientifiques, légistes, sociologues, féministes confrontent, en commissions, leurs arguments. Les uns invoquent les droits des femmes, les autres ceux de « l’enfant à naître ».
Liberté de vote
Personne, aujourd’hui, ne peut prédire le résultat du vote du 8 août. Un groupe de parlementaires a proposé des modifications au projet de loi, ce qui, si elles étaient adoptées, mènerait à un nouveau vote à la Chambre des députés. La principale modification porte sur le droit à l’objection de conscience « institutionnelle », c’est-à-dire la possibilité, pour une clinique privée, de refuser, en tant qu’institution, de pratiquer des interruptions volontaires de grossesse (IVG). Dans le projet actuel, seuls les individus peuvent être objecteurs.
Au milieu de ce tumulte, le président, Mauricio Macri, qui s’est toujours prononcé contre l’IVG, cherche à prendre ses distances. C’est pourtant lui qui, dans la foulée des manifestations massives des féministes contre les violences de genre depuis 2015 (avec le mouvement #niunamenos), a permis, fin février, l’ouverture du débat parlementaire sur un sujet tabou depuis des décennies. Mais dernièrement, il a appelé les législateurs de son parti (Proposition républicaine, PRO) à voter en leur âme et conscience, sans se réclamer du gouvernement.
Face à face entre pro et anti-légalisation de l’IVG, le 13 juin à Buenos Aires.
Car pour la première fois depuis son arrivée à la présidence, le 10 décembre 2015, la coalition qu’il a créée (Cambiemos) et son gouvernement sont ébranlés par de profondes fissures qui auront du mal à cicatriser, quelle que soit l’issue du débat. Dans un contexte de récession économique sur fond de cure d’austérité, annoncée pour remplir les exigences du Fonds monétaire international, le débat sur l’IVG est venu compliquer la situation de M. Macri, qui ne cache pas son ambition de briguer sa réélection en 2019.
Si c’est une députée du PRO, Silvia Lospennato, qui a prononcé, lors des débats du 14 juin, le discours le plus vibrant pour défendre la légalisation de l’IVG, des alliés très proches du président font à présent campagne contre le projet de loi. Et, paradoxalement, ce sont deux femmes qui mènent la fronde : la vice-présidente du pays et présidente du Sénat, Gabriela Michetti, et la gouverneure de la province de Buenos Aires, Maria Eugenia Vidal. Celle-ci s’est prise en photo sur Facebook aux côtés d’un militant « pro-vie », arborant un foulard bleu ciel.
Dans un récent entretien avec le quotidien conservateur La Nacion, Mme Michetti a condamné l’IVG, même en cas de viol, arguant que « l’on peut donner l’enfant à l’adoption, voir ce qu’il se passe pendant la grossesse, consulter un psychologue ». Le 8 août au Sénat, s’il y avait match nul entre pro et anti-avortement, il reviendrait à Mme Michetti de trancher, en tant que présidente de l’institution.
Avortements clandestins
Mauricio Macri doit aussi subir la fronde de l’Eglise. « Le pape, ça suffit » : cette boutade du président, qui a fuité dans la presse par l’entourage du chef de l’Etat, illustre les mauvaises relations qu’il entretient avec François. A Buenos Aires, les évêques critiquent la politique libérale du gouvernement, dénoncent la pauvreté et reprochent maintenant à M. Macri d’avoir ouvert le débat sur l’IVG. Deux jours après le vote à la Chambre des députés, le 16 juin, le pape François avait établi un rapprochement entre l’avortement thérapeutique et les pratiques eugénistes de l’Allemagne nazie : « Le siècle passé, tout le monde était scandalisé par ce que faisaient les nazis pour purifier la race. Aujourd’hui on fait la même chose, mais avec des gants blancs », avait-il affirmé au Vatican.
La principale formation d’opposition, le Parti justicialiste (péroniste), est également divisée, alors que l’ex-présidente Cristina Fernandez de Kirchner (2007-2015) s’est prononcée pour le projet de loi, après avoir combattu, par le passé, toute légalisation de l’IVG.
« C’est à croire que Macri a cherché un thème pour nous diviser et nous affaiblir », dit-on au siège de la Confédération générale du travail. Même discours au sein du Courant classiste et combatif (gauche) de Juan Carlos Alderete, qui a son siège à La Matanza. Dans ce district, le plus pauvre et le plus peuplé de la province de Buenos Aires, Carmen Loza confie être contre l’avortement. La cinquantaine, employée domestique, elle a six enfants. L’une de ses filles, Karina, âgée de 15 ans, est enceinte et, pour elle, « avoir un bébé est la plus belle chose qu’elle puisse s’offrir dans la vie ». Ici, confirme M. Alderete, « plus de 40 % de familles sont opposées à l’IVG, et c’est donc un thème que nous n’abordons pas dans nos revendications sociales ». Et pourtant, admet-il, les femmes pauvres avortent énormément. Il n’y a pas de chiffres officiels précis sur les avortements clandestins, mais une estimation comptabilisait en 2005 entre 370 000 et 522 000 IVG par an. Les femmes les plus riches avortent dans des cliniques privées, où une IVG coûte autour de 1 000 euros – le salaire minimum est de 300 euros. Les plus pauvres, elles, risquent leur vie dans de mauvaises conditions sanitaires : une centaine en mourraient tous les ans, selon les ONG.
Des enquêtes d’opinion ont toutefois montré que près de 60 % des Argentins sont favorables à la légalisation de l’avortement dans les quatorze premières semaines de grossesse. M. Macri a annoncé que, si le projet de loi était finalement approuvé au Sénat, il ne poserait pas son veto.
Christine Legrand (Buenos Aires, correspondante)
• LE MONDE | 23.07.2018 à 10h54 • Mis à jour le 05.08.2018 à 02h34 :
https://abonnes.lemonde.fr/ameriques/article/2018/07/23/l-argentine-se-dechire-sur-la-legalisation-de-l-ivg_5334850_3222.html
Quino dénonce le détournement de son personnage Mafalda par les antiavortement
Le caricaturiste argentin s’est opposé jeudi à l’usurpation de la célèbre fille irrévérencieuse qu’il a créée il y a plus de cinquante ans par le mouvement contre la légalisation de l’avortement.
Le caricaturiste Joaquin Lavado, connu sous le nom de Quino, a rejeté jeudi 19 juillet l’utilisation de sa légendaire Mafalda par le mouvement qui s’oppose à la légalisation de l’avortement en Argentine, en plein débat parlementaire. « Je ne l’ai pas autorisée, cela ne reflète pas ma position », a écrit Quino dans une déclaration sur l’usurpation de sa célèbre fille irrévérencieuse qu’il a créée il y a plus de cinquante ans.
Quino, qui vient d’avoir 86 ans, a expliqué que « des images de Mafalda portant le foulard bleu symbolisant l’opposition à la loi sur l’interruption volontaire de grossesse [avaient] été diffusées. Je n’ai pas donné mon autorisation, cela ne reflète pas ma position et je demande qu’elles soient retirées ».
« J’ai toujours suivi les causes des droits humains en général et les causes des droits des femmes en particulier, et je leur souhaite bonne chance dans leurs revendications. »
Foulard vert
L’image montre une Mafalda souriante avec un foulard bleu clair sur lequel on peut lire : « Sauvons les deux vies », le slogan des antiavortement, à côté de la photo de Quino avec une supposée citation du dessinateur dans laquelle il dirait « ne pas porter un foulard vert parce que sa couleur est bleu clair ». Une citation que le dessinateur a également niée. Le foulard vert est depuis 2003 le symbole en Argentine de la campagne nationale pour un avortement légal, sûr et gratuit.
Le 8 août, le Sénat prévoit d’examiner le projet de loi visant à légaliser l’interruption volontaire de grossesse, qui a déjà été approuvé par la Chambre des députés.
• Le Monde.fr avec AFP | 20.07.2018 à 09h36 :
https://abonnes.lemonde.fr/ameriques/article/2018/07/20/argentine-quino-denonce-le-detournement-de-son-personnage-mafalda-par-les-antiavortement_5333907_3222.html
Les députés votent la légalisation de l’avortement
La décision en première lecture, qui doit encore être confirmée au Sénat, a été saluée par des centaines de milliers de personnes réunies devant le Congrès.
Dans une décision historique, les députés argentins ont voté de justesse en première lecture, jeudi 14 juin au matin, après vingt-trois heures de débats ininterrompus, la dépénalisation et la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Le recours à l’avortement était passible de quatre ans de prison depuis plus d’un siècle. La loi, qui a été approuvée à une étroite majorité de 129 voix contre 125 et une abstention, doit encore passer devant le Sénat avant d’être définitivement adoptée.
« C’est incroyable, je pleure et je ris en même temps, cela fait tellement d’années que nous nous battons pour ce droit ! », s’est exclamée au téléphone, à la lecture des résultats, la militante Celeste Mac Dougall, membre de la « Campagne nationale pour le droit à l’avortement légal, sans risque et gratuit », un collectif de quelque 500 ONG en lutte depuis treize ans. « C’est un triomphe historique, qui change le panorama politique du pays ! », a renchéri la psychanalyste Martha Rosenberg, qui milite, elle, depuis trente ans pour la légalisation de l’IVG.
Toute la nuit à Buenos Aires, des centaines de milliers de personnes – dont beaucoup d’adolescentes – étaient restées devant le Congrès malgré le froid, allumant des feux, chantant et dansant pour se réchauffer et arborant le foulard vert, symbole de la lutte pour l’avortement légal. « Si l’avortement n’est pas voté, ça va barder ! », scandaient-elles.
Par peur des affrontements, la police avait installé des barrières divisant en deux la place du Congrès, les antichoix ayant aussi décidé de manifester pendant les débats. Réunis autour de cierges pour prier et dire « Oui à la vie », ceux-ci n’étaient pas plus de quelques milliers, qui se sont dispersés au milieu de la nuit, avant de revenir au petit matin.
Durant les 14 premières semaines de grossesse
La nouvelle loi autorise l’IVG sur demande de la femme pendant les quatorze premières semaines de grossesse. Au-delà de ce terme, l’avortement reste possible en cas de viol, de danger pour la santé de la femme enceinte et de malformation du fœtus rendant impossible la vie extra-utérine. Une vraie révolution dans ce pays à majorité catholique, où, certes, le code pénal de 1921 (alors que les femmes n’avaient pas encore le droit de vote) établissait des exceptions dans ces trois situations, mais celles-ci étaient rarement appliquées par crainte de représailles judiciaires ou par conviction idéologique.
En Argentine, entre 300 000 et 500 000 femmes avortent pourtant tous les ans, selon une étude commandée en 2005 par le ministère de la santé, et entre 100 et 300 en meurent, selon les ONG. Des chiffres flous qui s’expliquent par la clandestinité de la pratique.
Pendant les débats, le pape François a su se faire discret, lui qui n’avait pas hésité, en 2010, alors qu’il était archevêque de Buenos Aires, à mener l’opposition au mariage pour tous, qu’il avait qualifiée d’« œuvre du diable ». L’Eglise, cependant, a exercé un intense lobbying ces dernières semaines pour convaincre les députés de voter contre le projet. Certains d’entre eux se sont plaints de pressions et même de menaces. Un proche ami du pape, le père José Maria di Paola, appelé « padre Pepe », avait fait une intervention remarquée pendant les débats en commission, affirmant le 31 mai que l’avortement était « promu par le Fonds monétaire international », alors même que le président Mauricio Macri (droite) était en train de négocier un accord avec le FMI, très impopulaire en Argentine.
« Une marée verte »
Ces derniers mois, une incroyable mobilisation avait créé ce que d’aucuns ont appelé « une marée verte », en particulier du côté de la jeunesse. Foulard vert au cou, au poignet ou attaché à leur sac à dos, des dizaines de milliers d’adolescentes ont pris les rues et les réseaux sociaux, sous le mot-dièse #LasPibasYaEligieron (« les filles ont déjà choisi »).
Dans l’hémicycle, mercredi et jeudi, des députés qui avaient annoncé voter en faveur du projet ont d’ailleurs reconnu avoir pris cette décision grâce à leurs filles. « Si je rentre chez moi avec un vote négatif, comment vais-je pouvoir les regarder dans les yeux ? », s’est exclamé le péroniste Daniel Filmus pendant l’interminable session, où les divisions politiques traditionnelles se sont effacées.
Ces dernières semaines, les actrices en particulier, mais aussi les acteurs, les artistes en général, médecins, intellectuels, animateurs vedettes – parmi lesquels certains, comme Marcelo Tinelli, sont accusés de promouvoir le machisme dans leurs émissions – se sont prononcés pour le droit à l’avortement, dans une unanimité qui a pris tout le monde de court.
Soumis six fois au Parlement
Le projet de loi en discussion est le fruit d’un long travail militant. Rédigé par « la Campagne nationale pour le droit à l’avortement légal, sans risque et gratuit », il avait été soumis six fois au Parlement depuis 2007, sans jamais arriver à l’hémicycle, alors que le pays était gouverné par le couple Kirchner (Nestor de 2003 à 2007 puis son épouse Cristina de 2007 à 2015), qui a pourtant œuvré pour de nombreuses autres lois progressistes comme l’éducation sexuelle intégrale (2006), le mariage pour tous (2010), l’identité de genre (2012) ou la PMA pour toutes (2013).
« Il ne faut pas minimiser le geste politique intelligent de Mauricio Macri de rendre possible le débat, non seulement sur le droit à l’avortement, mais aussi sur la parité salariale, le harcèlement sexuel, les violences, au moment où il rabotait les retraites et licenciait des fonctionnaires », souligne Martha Rosenberg. Alors qu’il s’est toujours dit opposé à l’avortement légal, le président avait en effet annoncé en février que le projet de loi de la campagne nationale serait débattu cette année au Congrès et qu’il ne donnerait pas de consigne de vote.
Les débats au Sénat devraient avoir lieu en septembre. Là, le vote sera encore plus serré. Dans la chambre haute, le poids des provinces est plus important, et celles-ci sont plus perméables au pouvoir de l’Eglise, surtout les plus pauvres du Nord. Le président Mauricio Macri a promis que si la loi était finalement votée, il ne poserait pas son veto.
Angeline Montoya
• LE MONDE | 14.06.2018 à 16h51 • Mis à jour le 15.06.2018 à 06h41 :
https://abonnes.lemonde.fr/ameriques/article/2018/06/14/argentine-les-deputes-votent-la-legalisation-de-l-avortement_5315118_3222.html