“200 000 documents, emails, contrats, bandes-sons confidentiels […] c’est l’histoire d’une clé USB envoyée anonymement au Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ)”, raconte L’Express. Tous ces données émanent du bureau mauricien du prestigieux cabinet d’avocats international, Conyers Dill & Pearman.
Depuis des mois, le quotidien de l’île Maurice, partenaire du projet, et 40 journalistes de 18 pays consultent ces documents :
“Verdict : Maurice – soi-disant une ‘un pays où tout est fait dans les règles en matière d’investissement’ – s’attire les foudres de plusieurs pays.”
“Fuir les impôts élevés”
Les documents ne démontrent pas des pratiques illégales, comme dans le cas des Panama Papers, puisqu’il s’agit d’optimisation fiscale et non d’évasion fiscale, rappelle le journal de Port Louis :
“Mais ils suffisent pour démontrer le mode opératoire traditionnel – et légal – des cabinets de conseil mauriciens pour aider leurs clients à fuir les impôts élevés dans les pays où ils opèrent.”
En plaçant leurs fonds à Maurice – un pays de 1,3 million d’habitants où le secteur financier représente 50 % du produit intérieur brut (PIB) –, les entreprises étrangères bénéficient d’un taux d’imposition sur les revenus oscillant entre 0 % et 3 %. Les actifs des entreprises étrangères sont aujourd’hui évalués à plus de 565 milliards d’euros.
45 milliards d’euros de manque à gagner
“Ces révélations choquent le monde”, estime L’Express, “particulièrement les [15] pays africains avec qui Maurice a signé des traités de non-double imposition sur une transaction”. Le journal détaille plusieurs cas problématiques en Ouganda, aux Seychelles ou encore au Botswana.
“Maurice est en train de nous priver d’impôts essentiels. Avec cet argent, nous aurions pu construire des écoles ou des routes”, regrette un responsable fiscal ougandais, cité par l’ICIJ. L’évasion fiscale, de même que l’optimisation, coûteraient chaque année à l’Afrique près de 45 milliards d’euros selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Maurice, “une échappatoire”
“Aux quatre coins de l’Afrique, c’est le même refrain”, relate le quotidien mauricien. Alvin Mosioma, directeur exécutif de l’organisation non gouvernementale de lutte contre la fraude fiscale Tax Justice Network Africa, explique :
“Maurice n’est pas une porte d’entrée favorisant les investissements, mais plutôt une porte de sortie, une échappatoire grâce à laquelle des entreprises peu scrupuleuses échappent à leurs obligations fiscales.”
L’Express
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