Avec un gouvernement majoritaire de la CAQ, parti ouvertement pro-pétrole, pro-autoroutes et méfiant (pour ne pas dire hostile) envers les investissements dans les transports publics électrifiés, l’environnement se profile comme l’un des fronts de lutte les plus chauds au courant des quatre prochaines années.
Deux grands axes de confrontation se dégagent : bloquer les projets d’hydrocarbures et favoriser les transports électrifiés.
Bloquer les projets d’hydrocarbures.
Pour la CAQ l’exploration et l’exploitation des ressources pétrolières et gazières pourraient « contribuer à l’enrichissement collectif » et la fracturation hydraulique dans les zones densément peuplées serait permise à condition qu’il y ait « acceptabilité sociale ». En clair, c’est le feu vert donné aux lobbys gaziers et pétroliers pour revenir avec des projets de développement en territoire québécois.
Toutefois, des comités de citoyens opposés aux hydrocarbures se sont bien implantés à travers la province au courant des dix dernières années. À la faveur des luttes aux projets de fracturation hydraulique ou de pipelines pour le transport du pétrole (Énergie Est), ces groupes ont acquis un fort appui local. De durs affrontements sont à prévoir lorsque de nouveaux projets seront soumis ou d’anciens projets ressuscités.
Québec solidaire devra continuellement réaffirmer son opposition à tout projet de développement d’hydrocarbures et travailler main dans la main avec les oppositions populaires qui se manifesteront sur le terrain.
Favoriser les transports publics électrifiés
Le préjugé favorable de la CAQ envers les projets autoroutiers est bien connu : appui à la construction d’un troisième lien entre Québec et Lévis, prolongement de l’autoroute 13 jusqu’à Mirabel, parachèvement de l’autoroute 19 entre Laval et Bois-des-Filion, élargir l’autoroute 30 au sud de Montréal. Du même souffle, la CAQ s’oppose à des projets de transport en commun structurants tels que la nouvelle ligne Rose du métro à Montréal ou le projet de tramway à Québec. La tendance est claire : avec un gouvernement caquiste, les investissements routiers se feront au détriment des réseaux de transport collectifs et ce faisant, le Québec traînera encore plus la patte dans l’atteinte des objectifs de réduction des GES.
Le plan de transition de QS met à juste titre l’accent sur les investissements massifs en transport dans les milieux urbains et interurbains ainsi que sur le retrait graduel des véhicules à essence à partir de 2030. D’une part, il faudra continuellement réaffirmer le besoin urgent de telles mesures pour combattre les changements climatiques et de l’autre, collaborer étroitement avec les coalitions locales et régionales qui apparaissent ici et là soit pour revendiquer des projets de transport public ou pour s’opposer à des projets d’autoroutes. Les programmes de transport régionaux annoncés par QS à Montréal et à Québec pourront être ainsi bonifiés et diffusés plus largement.
Stratégie : populariser le plan de transition, unir et mobiliser sur le terrain
Québec solidaire a réussi une superbe percée avec 10 députés à l’Assemblée nationale et 16 % du vote populaire, mais il ne faut pas se leurrer : le rapport de forces reste massivement inégal face à un gouvernement caquiste fort de sa majorité de 74 sièges, déterminé à appliquer son programme économique et social de droite avec l’appui du patronat.
Le seul moyen de transformer ce rapport de forces inégal est de miser massivement sur les mobilisations populaires et les mouvements sociaux, la mobilisation par en bas. Les parlementaires auront la responsabilité de relayer et amplifier l’opposition, mais le parti, lui devra se doter d’une panoplie de moyens d’éducation et renforcer ses alliances sur le terrain.
Populariser le plan de transition : le plan de transition est présenté à juste titre comme un changement de cap radical au niveau économique et social, le cœur de notre projet de société. Sorti le 14 septembre, au milieu de la campagne électorale, il a suscité beaucoup d’enthousiasme mais aussi bien des questions légitimes tant parmi les membres du parti que parmi nos sympathisants. Il faut s’engager dans un double mouvement : produire des instruments d’éducation populaire pour mieux le faire connaître et en même temps convier les mouvements populaires et syndicaux à le bonifier avec nous pour en faire un projet authentiquement transformateur et participatif. Un projet social ne devient mobilisant que s’il s’incarne dans le peuple.
Unir et mobiliser sur le terrain : nos porte-parole présentent Québec solidaire comme un mouvement politique populaire. Comment comprendre ce concept de parti-mouvement ? Il y a, bien sûr, l’appui et l’amplification des mouvements sociaux qui ne manqueront pas d’éclore sur le terrain. Les alliances, l’unité d’action, le respect réciproque seront ici essentiels pour forger un véritable front social et environnemental. Mais il y a aussi un deuxième aspect à creuser : celui de transformer les associations locales et régionales de Québec solidaire en véritables lieux de convergence des résistances populaires, les lieux où peuvent s’articuler les synthèses et les revendications communes des mouvements sociaux. Nous avons eu un aperçu du rôle que pouvez jouer QS avec la campagne pour l’augmentation du salaire minimum à $15. C’est le temps d’en tirer les leçons et de les appliquer à une plus large échelle.
ROGER RASHI
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