Dans El Pais du 24 octobre 2018 (p. 13), Breno Altman écrit : « Forgé dans les souterrains du système politique brésilien, le courant néofasciste incorpore une forte composante religieuse, de nature évangélique, influente parmi les pauvres et les moins scolarisés. Il [le courant néofasciste] se structure aussi à partir de l’adhésion des sommets de l’armée et de la police militaire. Il se manifeste aussi par sa capacité de mobilisation d’une couche militante [antérieurement à la marge des grands partis] capable de mobiliser et par le recours aux intimidations physiques et à l’attraction d’un nationalisme chauvin [brésilien] contre les nations voisines et subalternes face aux Etats-Unis. »
Ce chauvinisme cultivé par les dominants brésiliens depuis fort longtemps – depuis le XIXe siècle, et plus récemment par la dictature militaire de 1964-1985 – est souvent oublié par ceux qui traitent le « continent » d’Amérique du Sud, comme une unité plus ou moins homogène. Une phrase communément utilisée au Brésil est la suivante : « Nous, le Brésil, nous sommes un continent à nous seuls. »
Afin de saisir mieux l’influence de ce courant évangélique nous présentons ci-dessous deux entretiens faits avec la journaliste Lamia Oualalou, auteur de l’ouvrage Jésus t’aime. La déferlante évangélique.
Rédaction A l’Encontre
Les Églises évangéliques sont en pleine expansion au Brésil. Pour quelles raisons ?
Lamia Oualalou : Le phénomène a débuté il y a près de quarante ans, en raison d’une transformation sociale et sociologique. Le Brésil, qui était un pays rural, va devenir radicalement citadin. L’exode vient grossir des villes dépourvues de structures sociales. L’emploi fait défaut avec la crise économique des années 1970. Parallèlement, l’Église catholique se désengage des zones pauvres. C’est le résultat d’une décision politique du pape Jean-Paul II (pape 1978-2005 de son nom polonais Karol Józef Wojtyla) afin de lutter contre la théologie de la libération selon laquelle l’Église doit libérer les pauvres. Jean-Paul II y voit là un danger communiste et écarte ces militants. Ils avaient pourtant une capillarité qu’aucun parti n’a jamais eue car ils touchaient 800’000 Brésiliens et Brésiliennes [dans les communautés de base].
Ce « nettoyage » politique explique-t-il le recul du catholicisme ?
Lamia Oualalou : À la différence de l’Église catholique, les évangéliques n’ont aucun mal à s’installer en périphérie, dans les favelas, où les temples se montent dans d’anciens bars ou garages. Ils touchent une population essentiellement féminine qui n’a accès à aucun espace adapté. Ces églises réunissent leurs amis ; elles constituent un réseau d’entraide. Elles se substituent à l’État. En revanche, ce réseau est payant : les fidèles versent 10 % de leur revenu. La théologie de la prospérité repose sur l’idée que vous avez le droit à une vie morale et matérielle décente. Ce courant s’est répandu car il n’a été combattu par aucune autre idéologie. Durant les mandats du président Lula, la vie des pauvres s’est considérablement améliorée. Mais le discours du Parti des travailleurs (PT) a épousé la théorie consumériste.
Peut-on faire une corrélation entre l’ascension de l’extrême droite et l’influence des Églises évangéliques ?
Lamia Oualalou : C’est l’une des raisons de la présence de Jair Bolsonaro au second tour. Une semaine avant le premier tour, il y a eu des grandes manifestations contre Jair Bolsonaro dans soixante villes (mobilisation des femmes sur le thème EleNão, le 29 septembre). Tout le monde était convaincu du succès. Mais les médias évangéliques ont détourné les images de ces défilés, en montrant des femmes nues avec des enfants dans des positions sexualisées. Cela n’a jamais eu lieu. Mais le lendemain de ces manifestations, la majorité des pasteurs s’est prononcée en faveur de Jair Bolsonaro et il a connu un boom de 6 % dans les sondages.
Comment s’opère l’argumentaire ?
Lamia Oualalou : Les évangéliques votent en fonction des dires du pasteur. Les croyants vont plusieurs fois par semaine au culte. C’est bien souvent leur seul lieu de socialisation. Par ailleurs, et c’est là un point très important, les évangéliques maîtrisent l’appareil médiatique. L’Église universelle du royaume de Dieu d’Edir Macedo possède la deuxième chaîne télévisée du pays et beaucoup d’autres. TV Revord- R7 est le premier portail sur Internet. Il a une infinité de radios. Sa force de pénétration est incroyable. Des fidèles n’écoutent que des médias évangéliques. Ce milieu fermé a empiré avec l’existence des réseaux sociaux, notamment WhatsApp.
Ce réseau social est d’ailleurs l’un des canaux de la propagande de Jair Bolsonaro ?
Lamia Oualalou : Il est utilisé par une majorité de Brésiliens. Ces derniers ne sont pas tous des fascistes, mais ils sont terrorisés au quotidien par la violence. Le pays est en récession depuis quatre ans. L’appareil judiciaire est totalement retourné contre la gauche, qui est incapable d’avoir un discours audible. Bolsonaro représente l’ordre et le PT (Parti des travailleurs), le diable. C’est d’autant plus injuste que le PT n’a jamais eu de positions extrêmes. Sur le plan économique, il a accepté toutes les règles du capitalisme.
Au Congrès, peut-on parler de lobby évangélique ?
Lamia Oualalou : Les évangéliques et les catholiques se retrouvent sur des lignes partisanes communes contre l’avortement, le mariage des personnes homosexuelles et sur des questions corporatistes, à savoir se protéger pour ne pas payer d’impôts. Les évangéliques ont réussi à pousser toutes les idéologies vers la droite. Tout le monde lâche du lest face au poids des évangéliques. Tous les mercredis, les députés se réunissent et chantent ensemble alors qu’ils sont issus du Parti des travailleurs ou de la droite. En 2010, la présidente Dilma Rousseff a écrit une lettre aux évangéliques de crainte de perdre leur vote. Alors qu’elle s’était clairement prononcée en faveur de la liberté de choix pour les femmes, elle s’est engagée à ne pas légiférer sur l’IVG (Interruption volontaire de grossesse).
Ils ont une stratégie de pénétration des sphères du pouvoir et de la société grâce à un marketing ciblé. Il existe par exemple des Églises évangéliques homosexuelles. La force des évangéliques est telle que quiconque s’y oppose subira de fortes pressions. Si Bolsonaro est élu, la répression viendra de l’État comme d’individus. Les monstres sont déjà sortis.
De la « théologie de la libération » à la « théologie de la prospérité »
Bolsonaro ne se serait pas trouvé à un pas de la présidence sans le soutien des évangéliques. Que pensez-vous de cette défaite du PT dans les temples bien avant les élections ?
Lamia Oualalou : Au Brésil, nous avons vu la conséquence directe de l’influence évangélique dans les élections après que les pasteurs les plus importants aient appelé à voter pour Bolsonaro. Aujourd’hui, nous avons une bonne partie de la population brésilienne qui n’est pas à proprement parler évangélique, mais qui suit aussi ce que dit le pasteur. Cela a eu et aura un impact très compliqué parce que le PT ne sait pas comment parler aux évangéliques. C’est l’une des grandes erreurs qu’il a commises dans le passé. Bolsonaro a très bien compris comment leur parler. Sa femme est évangélique, mais pas lui [il est catholique, mais a subi un baptême de forme évangélique comme forme de marketing].
Bolsonaro accepte toute une partie du cirque évangélique : il demande à un pasteur de le baptiser et il assiste souvent à des actes évangéliques. Et comme la gauche abandonnait les pauvres de bien des façons, ils se déplaçaient de plus en plus vers la droite. En ce moment de crise et de peur, il arrive avec ce discours d’ordre, pour tuer les « bandits ». Il y a aussi le travail de diabolisation du PT que les pasteurs savaient très bien faire.
Le discours entendu dans les temples consiste à dire que la crise et la récession sont dues à une intervention de Satan, et que Satan est le PT. Le diable a mis fin à la prospérité économique. Ils présentent le PT comme s’il s’agissait d’un parti très radical, alors qu’en réalité, il est de centre gauche. Les gens avalent une rhétorique qui n’a rien à voir avec la réalité. De plus, les évangéliques ont travaillé sur le thème des médias. La deuxième chaîne de télévision du pays appartient à Edir Macedo, évêque de La Iglesia Universal. Macedo a mis tout son matériel médiatique au service de Bolsonaro.
La nuit du dernier débat avant le premier tour Bolsonaro n’était pas le débat, mais sur la télévision évangélique qui a diffusé une interview avec lui. Ce fut une guerre ouverte utilisant tous les moyens évangéliques. Les gens n’écoutent que la radio évangélique, regardent la télévision évangélique, participent aux groupes évangéliques de Facebook et WhatsApp. Les gens vivent confinés dans ce monde. Et bien sûr, ils vivent dans ce cercle parce que les partis et mouvements progressistes, le PT par exemple, ont abandonné ces gens. En fin de compte, ce qui s’est passé, c’est que les ponts ont été coupés pour dialoguer avec les « gens humbles ».
Le PT essaie de s’approcher actuellement de cet électorat, mais pour ceux et elles qui croient au discours du pasteur, il est déjà trop tard. Ce qu’il faut faire, c’est déconstruire l’image des pasteurs et montrer que la plupart d’entre eux sont des gangsters qui disposent des principales fortunes du pays. Mais ça n’arrivera pas en quelques semaines. Ce qu’il faut faire, c’est reparler avec tous ces gens, non pas de la Bible comme ils essaient de le faire, mais de ce qui compte le plus dans la vie d’un Brésilien : une éducation minimale, l’accès à la santé, avoir à nouveau des pharmacies populaires qui offrent des remèdes gratuits, avoir un salaire minimum. C’est la seule façon de regagner une part du vote évangélique. Le pouvoir de Bolsonaro va dépendre beaucoup du pouvoir des pasteurs évangéliques.
Dans vos recherches, il est très clair que cette expansion de l’évangélisation est une conséquence de l’absence critique de l’État ainsi qu’une distanciation de l’Église catholique et de la gauche des secteurs populaires. L’évangélisation progresse dans plusieurs pays.
Lamia Oualalou : Il y a une expansion décisive de l’évangélisation en Amérique latine. Au Mexique, les évangéliques ont joué un rôle dans l’élection d’Andrés Manuel López Obrador (AMLO), même si ce n’était pas si important. Dans ce pays, l’organisation politique des évangéliques n’est pas encore établie et les catholiques continuent à se rendre à l’Église. Mais la montée évangélique se développe en Argentine, en Colombie, au Chili et en Amérique centrale. Pour expliquer cela, il est nécessaire de souligner que plusieurs mouvements ont eu lieu en même temps. D’une part, peu à peu, l’Église catholique disparaissait des lieux les plus populaires, ou elle n’a jamais été présente, comme dans les nouvelles villes populaires et les favelas qui se sont créées à une vitesse énorme après les années 1970. L’Église catholique a ici un problème de présence urbaine : elle n’est présente que dans le centre de la ville. Au Brésil, il n’y a pas de centre dans les favelas et les villes émergentes. Donc, d’un côté, l’Église catholique n’intervient pas. D’un autre côté, dans ce monde de banlieue pauvre, avec des gens du NordEste, par exemple, qui ont perdu leur soutien familial et n’ont pas de travail décent, il n’y a pas de place pour la sociabilité si ce n’est les évangéliques.
Quand j’ai demandé aux gens pourquoi ils sont allés à l’Église évangélique, l’argument théologique n’est pas apparu. En fait, la seule chose qui existe, c’est le temple évangélique là ils peuvent chanter, se faire des amis, laisser leurs enfants. Ni l’État avec ses politiques publiques plus que réduites (santé, travail, éducation), ni l’Église catholique ne sont présents, mais les évangéliques qui fournissent habituellement certains de ces services sont présents. Dans les temples, ils trouvent tout cela, c’est-à-dire un lieu de soutien.
Par exemple, si une personne perd son emploi, le réseau est activé jusqu’à ce qu’elle en obtienne un. Et s’il a besoin de nourriture, ils lui donnent du riz. Les évangéliques, au Brésil, ont occupé l’espace de l’État avec l’impact culturel et politique que cela implique. Les gens vivent enfermés dans ce monde, tout le temps. Et c’est aussi en partie parce que les mouvements progressistes, les partis de gauche, ont abandonné ces gens qui ont maintenant un très haut niveau de préjugés. Il ne faut pas oublier que le PT est étroitement lié à la gauche catholique.
Dans le cas du Brésil, c’est d’autant plus paradoxal que c’est le pays où est née la Théologie de la libération. Cependant, avec l’expansion de l’évangélisation et de son modèle libéral, elle est devenue le berceau de l’évangélisation, que vous définissez comme une « théologie de la prospérité ».
C’était la terre de la théologie de la libération jusqu’à ce que le Pape Jean-Paul II (1978-2005) décide d’y mettre fin. Il y avait deux mouvements parallèles : d’une part, l’Etat disparaissait en même temps que l’économie produisait plus de précarité, et, d’autre part, l’Eglise catholique s’éloignait. La logique de la « théologie de la prospérité » est fascinante parce qu’elle dit à l’adepte de l’Église qu’il a fondamentalement droit à tout : à la santé, à une bonne vie matérielle, et ce dès maintenant et pas dans la prochaine vie !
Et si ce n’est pas le cas, c’est seulement parce que vous ne savez pas comment l’exiger. Cela implique un changement dans la relation avec Dieu : Dieu doit vous donner cela et vous n’avez qu’à savoir comment le Lui demander. Et pour lui demander, vous devez faire partie du groupe évangélique, payer et prier.
Et finalement, le plus intéressant, c’est que ça marche : quand les évangéliques disent « arrête de boire et tu vas trouver un travail », les gens finissent par travailler plus et mieux et ils ne sont pas ivres. Les gens finissent par constater qu’il y a un impact positif sur leur vie, qu’ils dépensent moins d’argent pour l’alcool ou pour le football et qu’ils ont, par conséquent, plus d’argent. Le pasteur leur promet beaucoup, beaucoup plus, mais les gens mettent leurs besoins réels en priorité. Ils traduisent les promesses du pasteur d’avoir une Cadillac en un emploi moins précaire, en un bon prêt immobilier. Ils croient tout, même si c’est le moins qu’ils puissent obtenir.
La gauche brésilienne n’a pas non plus saisi exactement à quoi correspondait la « théologie de la prospérité » ?
Non, bien sûr que non, et c’était une autre tragédie. La gauche a interprété la « théologie de la prospérité » d’une manière très basique. Il n’y voyait qu’une adaptation du néolibéralisme. Il est vrai qu’il y a une part de consumérisme et d’argent, mais les églises évangéliques fonctionnent aussi avec une forte logique de solidarité.
Aujourd’hui, les conséquences sont payées : ce qui a commencé avec Dieu seul est devenu un énorme mouvement d’intervention moraliste, anti-PT, anti-État. Oui, il est vrai que les évangéliques sont dans une logique de consommation capitaliste. Toutefois, c’était le discours de tout le pays et personne ne s’y opposait. Même dans les années de Lula, on disait : « Maintenant tous les Brésiliens peuvent être citoyens parce qu’ils ont accès à une carte de crédit », selon Guido Mantega, ancien ministre des Finances [de 2006 à 2015 ; arrêté pour corruption en 2016 pour ces liens avec Petrobras ; de 2003 à 2004, il fut ministre du Plan et du Budget ; c’était un proche de Lula].
Et c’est précisément ce qui est dit dans une Église évangélique. Pour beaucoup de gens, les années de Lula ont donné plus de légitimité à la « théologie de la prospérité ». Ce discours a conquis tout le pays. L’évangélisation est aussi une forme d’ascension sociale. Ni le travail, ni la politique, ni le syndicalisme ne sont autorisés pour ces personnes.
Bolsonaro et les évangéliques furent alors les acteurs d’une double victoire : celle qu’ils obtinrent devant le PT et devant le Pape François ?
Lorsqu’il est arrivé au Brésil, le pape François [cardinal argentin ayant pour nom Jorge Mario Bergoglio, membre de L’Ordre des jésuites, pape depuis 2013 ; il a visité le Brésil en août 2017] s’est rendu compte qu’il était peut-être trop tard. Le problème était beaucoup plus grave que ne le pensait le pape.
Quand il a été demandé aux évangéliques ce qu’ils pensaient de François, beaucoup d’entre eux ne savaient même pas qui était François. Ils n’étaient même pas contre lui : ils ne savaient même pas qui il était. Et nous parlons du premier pays catholique du monde ! De plus, la défaite a une autre dimension : pour ne pas perdre du terrain, une partie de l’Église catholique finit souvent par imiter l’Église évangélique.
Au Brésil, il y a des prêtres qui les copient complètement : si vous allez dans une église catholique le dimanche, vous ne savez pas si vous êtes dans un temple évangélique ou dans une église catholique. C’est tout le mouvement de « renouveau charismatique catholique », dit RCC [un des courants de ce RCC est apparu, dès 1967, chez les catholiques aux Etats-Unis, quelques années auparavant chez les protestants]. Le Pape déteste ce mouvement, mais il a dû l’accepter. La seule façon de changer la situation actuelle est de travailler sur le terrain. Mais le problème est que le Pape est à Rome et les gens qui sont au Brésil pensent le contraire, la hiérarchie catholique a été mise en place par les deux papes précédents (Jean-Paul II et Benoît XVI : Joseph Aloisius Ratzinger, pape 2005-2014) et ne se plie pas, aujourd’hui, à ce que le pape François ordonne. Elle combat aussi le PT, bien sûr. La gauche brésilienne a cessé de servir les pauvres. De plus, la campagne s’articulait autour de WhatsApp, un détail que le PT ne comprenait pas non plus.
Les évangéliques ont travaillé corps à corps, secteur par secteur. Ils se sont développés dans les milieux sportifs, parmi les acteurs, les surfeurs, la police, le crime organisé. Comme le ferait une société commerciale.
Les évangéliques ont une vision marketing de la société. En fait, il n’y a pas une seule Église évangélique, mais plusieurs. Si tu veux être pasteur demain, tu peux. Le seul point commun entre toutes les églises est la forte personnalité des pasteurs. Peut-être qu’un Lula aujourd’hui serait un pasteur. Ils font une église qui intéresse les gens qui jouent au football, une autre église pour les gays parce qu’ils sont exclus et que c’est une population importante et qu’il faut les attirer, une autre église plus rigoureuse et moins permissive.
Cela finit par avoir une force incroyable parce que vous finissez toujours par trouver une église à votre goût. C’est pour ça qu’ils sont partout dans le pays. Ils ont ensuite deux stratégies : une stratégie de marketing et une stratégie de pénétration du pouvoir.
Ils sont dans le pouvoir judiciaire, dans la politique (ils ont 90 députés), dans la police. Si vous voyez la page de la police militaire, vous verrez qu’une partie de l’aide sociale est organisée par les évangéliques. Ils sont même majoritaires dans les prisons. A Rio de Janeiro, sur les 100 représentations religieuses présentes dans les prisons, 92 sont évangéliques. C’est impressionnant.
En fin de compte, l’État leur accorde ce droit parce qu’il a perdu sa capacité d’intervention. Il ne peut pas atteindre des endroits dits inaccessibles pour lui et les évangéliques le peuvent. Cela leur donne un pouvoir énorme.
Entretien publié par la revue Nueva Sociedad, en octobre 2018.