Pierre Sojac nous a quittés dans la nuit du dimanche 5 au lundi 6 septembre, à l’âge de 51 ans. Il avait rejoint très tôt, en 1972, les rangs de La Ligue communiste. Il avait énormément donné, militant dans une région, le nord de la Lorraine, en crise : c’était le début de la fin de la sidérurgie. Très soigneux dans ce qu’il faisait, méticuleux même, aussi bien dans sa façon de coller les affiches que pour reconstituer la collection complète de Rouge depuis son premier numéro, cela ne l’empêchait nullement de prendre goût aux actions plus « radicales ». Ainsi l’affrontement avec les CRS au Larzac en 1973. Ou en 1974, la nuit suivant la mort de Pompidou, alors que toute la France bien-pensante pleurait son président, il avait tagué avec son compère sur tous les bâtiments publics de Metz une phrase tellement simple, mais tellement juste, et qui reste à réaliser : « Le pouvoir aux travailleurs », accompagnée bien sûr du « Lisez Rouge ». Il reste encore des traces de ses exploits sur les murs de la fac de Metz.
Il a vécu sans réserve cette période, très vite et à fond, convaincu que « l’histoire lui mordait la nuque », que la révolution était imminente. Puis, s’apercevant qu’elle n’arrivait pas, il avait pris progressivement du recul, quittant la LCR en 1987, pour se consacrer à sa vie personnelle : pour se marier et avoir deux enfants, ma sœur Caroline et moi. Mais, contrairement à d’autres, il n’a jamais tourné sa veste et trahi ses idéaux. Personnage contrasté et contradictoire, sa vie personnelle, familiale et professionnelle fut mouvementée, avec des hauts et bas qu’il nous faisait toujours partager, parfois malgré lui.
Il était revenu progressivement à la politique, avec le mouvement de novembre-décembre 1995, s’intéressant à José Bové, lui aussi de retour sur la scène polico-sociale, suivant de très près la campagne des européennes LO-LCR de 1999. Il avait recommencé à militer avec la Ligue, sans adhérer formellement, lors de la campagne Besancenot de 2002. Il s’en est allé, victime du cancer. Salut papa, on continue le combat. Salut Janus.
Julien