Des milliers de Franco-Ontariens étaient dans les rues d’une quarantaine de villes de l’Ontario le 1er décembre pour dénoncer les compressions dans les services dans leur langue effectuées par le gouvernement conservateur de la province canadienne. Leur communauté est outrée, les médias du pays sont aux abois.
“Nous vivons un moment historique”, a clamé la ministre canadienne de la Francophonie, Mélanie Joly, devant la foule de Canadiens francophones venus des quatre coins du pays pour manifester à Ottawa. La Presse rapporte que la ministre Joly a prévenu les pouvoirs provinciaux et municipaux qui voudraient “affaiblir” les minorités linguistiques que son gouvernement veillerait à “protéger le fief français au pays”.
Au Québec, signale le Huffington Post, les députés ont adopté une motion pour réitérer l’importance de la survie de la langue française et exprimer leur solidarité envers la communauté franco-ontarienne et la députée ontarienne, Amanda Simard. Celle-ci a claqué la porte du gouvernement conservateur de l’Ontario après avoir tenté en vain de le convaincre de revenir sur ses décisions d’abandonner le projet d’université francophone et d’abolir le commissariat aux services en français, pour lutter contre le déficit.
Une minorité qui “mérite mieux”
Les réactions sont vives dans le pays. Dans un éditorial, Le Devoir relève ce qu’il considère comme le cœur du problème, ce qu’a confirmé la députée Amanda Simard, désormais indépendante : le Premier ministre ontarien, Doug Ford, “considère les francophones comme n’importe quelle minorité ethnique” dans sa province.
En Ontario, le quotidien anglophone Ottawa Citizen y est allé d’un éditorial en français pour dire que “les Franco-Ontariens méritent mieux”. The Hamilton Spectator évoque une décision “irréfléchie”.Même le quotidien conservateur National Post parle de “mauvaises nouvelles” pour les Franco-Ontariens, sans toutefois y voir une “apocalypse”.
La controverse a eu des échos jusqu’en Alberta, dans l’Ouest, où le quotidien Red Deer Advocateévoque la “gaffe” de Doug Ford.
Situation linguistique et démographique inquiétante
La Presse rappelle en éditorial que pour les francophones en dehors du Québec, la survie de la langue française est en jeu, “parce que tout se déroule en anglais dans leur environnement” et qu’il ne suffit pas d’avoir des “boîtes de céréales bilingues” pour endiguer leur assimilation. Le journal rappelle que le taux de transmission du français aux enfants hors Québec n’est que de 49 %, contre 96 % dans la Belle Province.
“Grande offense pour peu d’économies”, tranche le Globe and Mail, qui souligne que les 622 000 Franco-Ontariens pourraient ne représenter plus que 4 % de la population de la province dans dix ans.
Les francophones en dehors du Québec ne représentent que 4,5 % de la population canadienne, mais ils sont présents dans les dix provinces et dans le nord du pays.
Martin Gauthier
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