Département du Loiret, envoyé spécial.- C’est comme si chacun s’était passé le mot. Où qu’elle aille, quelles que soient les personnes qu’elle rencontre, la députée de La République en marche du Loiret, Caroline Janvier, entend les mêmes expressions : ISF, CSG, privilèges... Reviennent aussi comme une ritournelle cruelle et entêtante les appels au départ d’Emmanuel Macron, ce président « qui ne sait pas écouter », « qui se tait », « qui n’entend personne ». Il doit s’exprimer lundi à 20 heures.
Alors que pour le quatrième week-end consécutif les « gilets jaunes » continuent leur mobilisation, et que Paris a vécu pour la troisième fois un après-midi d’affrontements le samedi 8 décembre, l’élue a décidé d’aller à la rencontre des citoyens, en jaune ou non, dans sa circonscription. Elle tente de comprendre et d’apaiser la colère et le ressentiment qui ont remplacé en cet automne 2018 le silence et la résignation d’une partie de la population.
Dans l’urgence de cette crise politique avec un pouvoir sans boussole, le premier ministre Édouard Philippe a repris la parole samedi soir après avoir reçu une délégation de gilets jaunes la veille. « Le président de la République s’exprimera. Il lui appartiendra de proposer les mesures qui viendront nourrir le dialogue et qui permettront, je l’espère, à l’ensemble de la nation française de se retrouver et d’être à la hauteur des enjeux qui sont déjà là et qui vont continuer à se poser dans les années qui viennent », a-t-il déclaré. Seul signe d’Emmanuel Macron ce week-end, un tweet diffusé à 23 h 30 samedi rendant hommage aux forces de l’ordre. Les gilets jaunes, eux, attendent encore sa parole.
Pour écouter la colère, vendredi soir, la députée du Loiret avait donné rendez-vous à la salle communale de Saran, à 20 minutes de voiture d’Orléans. À moins d’un kilomètre de là, un rond-point est occupé par des gilets jaunes depuis le 17 novembre. La plupart travaillent et reviennent le soir pour épauler les retraités et leurs camarades disponibles qui se relaient la journée pour opérer un barrage filtrant parfois, juste pour être visibles le plus souvent.
« Je suis effaré de me retrouver au sein de cette cour des miracles », relate Dominique qui, par la force des choses, est devenu un porte-parole du groupe qui oscille entre 50 et 100 personnes. Avec sa barbe grisonnante, il a le verbe précis et ferme pour interpeller la députée, plus doux et cajolant quand il parle de « ces belles rencontres », de « la fraternité » qui traverse ce collectif de jaune vêtu. « On se retrouve, on s’embrasse. Notre silence nous a tués. On s’est trop longtemps tu. On était invisible. Le jaune nous a sauvés », lance-t-il à l’adresse de Caroline Janvier qui a donné la parole à l’assistance. La salle accueille ce soir-là environ 80 personnes, la moitié porte un gilet jaune.
Les paroles, qui ne sont « pas de haine, mais emplies de beaucoup de colère » selon les mots de Dominique, sont livrées par flots, sans retenue. Une agora populaire où chacun veut dire en face, à la femme qui les représente à l’Assemblée nationale, comment ils vivent – ou plutôt survivent pour certains –, quel est leur quotidien de salarié payé au Smic, de demandeur d’emploi qui a déjà envoyé des dizaines de CV sans réponse, de travailleur en reconversion qui échoue à financer sa formation, de jeune entrepreneur qui n’arrive pas à se payer.
Caroline Janvier encaisse ces discours qui paraissent durs et crus, mais ne sont que le reflet de la vie que mènent les personnes qui s’expriment face à elle. Telle Adeline, jeune femme au chômage depuis un an. « Je me démène. Je veux juste travailler », dit-elle. Loin de faire le procès d’un supposé assistanat, elle analyse sa situation avec lucidité : « Au chômage, je touche juste 70 euros par mois de moins que quand j’étais salariée. Cela montre à quel point mon salaire était bas. » Elle assure qu’elle est à découvert de 300 euros à la fin de chaque mois. Sa mère, qui a aussi enfilé un gilet jaune, le confirme. Elle se demande pourquoi elle a fourni tant d’efforts pour financer des études à sa fille pour en arriver là.
Deux heures d’un monologue polyphonique. Des voix, des dizaines de voix racontent les difficultés de tous les jours. « On veut juste manger », « Que vont devenir nos gamins ? », « Venez voir ces logements insalubres », ou encore « J’ai beaucoup travaillé, je me croyais enfin à l’abri… » qu’exprime un retraité pour critiquer la hausse de la CSG pour une partie des retraités, mesure macroniste par excellence qui fait l’unanimité contre elle.
Tout comme la réforme de l’ISF. Morgan, jeune chef d’entreprise de 26 ans, interpelle l’élue : « Dans la salle, vous avez des gens qui gagnent le Smic. Vous savez très bien où aller chercher l’argent. Avec l’ISF. Les gens qui gagnent des millions, ils s’en foutent de nous. » Il enchaîne, avec une colère rentrée : « Soit vous continuez à suivre Macron, soit vous nous écoutez ! Sinon, ça va mal finir. » La députée écoute, elle s’est engagée en début de réunion à donner la parole avant de répondre. Le micro passe de main en main.
Se dégage une détestation du président de la République. On parle de la vaisselle de l’Élysée achetée à prix d’or, de la piscine du fort de Brégançon, de la nouvelle moquette de la salle des fêtes du palais… On évoque « les privilèges » du président et des députés. « Que faites-vous ici ? s’exclame un gilet jaune en direction de Caroline Janvier. LREM, c’est fini. Ce qu’on veut, c’est la destitution de Macron. C’est tout. » Tous le rendent responsable de la crise actuelle. Avec plus ou moins de nuance à son encontre, chacun le cloue au pilori. « Un président qui ne parle pas, ce n’est pas normal », dit l’un. « On devrait tous se sentir coupable d’avoir voté Macron. Il est illégitime », ajoute un autre.
Caroline Janvier attend. Son collaborateur note les remarques et les questions sur un paper board. Un gilet jaune reprend : « Vous devez représenter les intérêts du peuple, pas seulement ceux de votre parti. Vous n’êtes pas juste une étiquette. Mais votre mouvement ne respecte plus le peuple ! »
Parfois, la radicalité des propos monte d’un cran. Certains ne veulent plus de migrants en France, en tout cas pas de migrants venus hors d’Europe, cette Europe qu’il faudrait quitter, clame un gilet jaune. Tous ne se rejoignent pas sur ces propos, mais chacun exprime un dégoût de la classe politique et particulièrement un rejet de celle aujourd’hui au pouvoir.
« Nous, on demande juste de l’équité dans l’effort »
Au bout de deux heures, Caroline Janvier propose de répondre point par point. Difficile tant les mots ont fusé et les questions sont nombreuses. L’exercice est périlleux, il ne convaincra pas l’assistance venue à cette réunion « qui arrive trop tard ». L’élue parle de compétitivité qu’il fallait retrouver, des charges trop élevées, du besoin de service public.
Elle défend la réforme de l’ISF, sur laquelle Emmanuel Macron ne veut rien céder, et les 40 milliards de CICE. « Avec notre politique, une personne au Smic gagne 58 euros de plus chaque mois », assure-t-elle. Excédée, une femme en gilet jaune s’en va. « Tout ce que l’on fait, c’est pour le travail », tente de convaincre la députée.
« C’est du pipeau votre discours appris par cœur », coupe un homme. Un autre demande l’instauration de référendums d’initiative populaire. Caroline Janvier coupe court à la proposition : elle n’y est pas favorable. « Il y a d’autres solutions, comme les labs législatifs que j’organise. » Personne ne comprend de quoi elle parle.
Plus de trois heures d’échanges. L’incompréhension est totale, la tension redescend à peine. Comme un symbole de ce fossé, un gilet jaune, sourd et assisté d’une jeune femme qui maîtrise la langue des signes, reproche à la députée de parler trop vite, le micro devant la bouche, ce qui l’empêche de lire sur ses lèvres. La députée est déstabilisée. L’image est ravageuse. Jamais l’expression « dialogue de sourds » n’a semblé aussi adéquate.
Caroline Janvier, dont c’est le premier mandat et même la première expérience en politique, continue ses rencontres alors que certains de ses collègues se calfeutrent chez eux et que le président de la République se terre dans le silence. Samedi 8 décembre, la voici au bar PMU Les Tourelles, à Huisseau-sur-Mauves. Elle compte discuter avec des clients. Elle sait là encore que les critiques risquent d’être nombreuses.
Dans la salle, une chaîne d’information diffuse les premières images des Champs-Élysées où ont commencé à se rassembler des gilets jaunes face aux forces de l’ordre. Impossible d’oublier cette toile de fond de crise sociale et politique : par écran interposé, elle s’incruste dans les moindres recoins de France.
Dans le modeste café, personne ne porte de gilet jaune, mais tout le monde dit les comprendre. Une fois encore, la hausse de la CSG pour une partie des retraités est évoquée. Un retraité, qui dit toucher une pension de 1 500 euros, parle de sa femme en Ehpad. Chaque mois, il doit débourser plus de 2 000 euros pour elle, qui a une retraite de 1 200 euros. « Je ne sais pas si je vais tenir à l’avenir. Je vais peut-être être obligé de mettre ma maison en viager. Mes enfants n’auront plus que des cacahuètes, mais c’est ce qu’on m’inflige », dit-il.
Une fois encore, Caroline Janvier justifie la politique menée depuis 18 mois, parle de rendre le régime de retraite plus viable, de redonner du pouvoir d’achat aux salariés, « même si c’est difficile », reconnaît-elle en s’adressant à son interlocuteur. « Nous, on demande juste de l’équité dans l’effort, lance un autre client. Pas de la distribution d’argent pour les personnes les plus riches ! »
Comme la veille, comme à chaque fois qu’elle est confrontée à la question de l’ISF, la députée répond qu’il ne s’agit pas d’un cadeau aux plus fortunés, mais de la recherche de la compétitivité, de la « libération du capital productif ». Ses mots semblent se perdre dans la salle sans toucher son auditoire.
Si le débat est moins passionné que la veille, les mêmes critiques émergent, en particulier à l’encontre d’Emmanuel Macron. « Pour lui, on est juste des manants, des moins que rien », assène un client tout juste arrivé. Anthony, le patron du bar, complète : « Macron, il nous parle comme à des chiens. Je ne l’accepte plus. Il est président de tous les Français, pas de La République en marche ! »
Caroline Janvier justifie qu’enfin la France a un président qui parle avec franchise. L’argument est contre-productif. « Les gens crèvent la dalle », continue Anthony, comme si les propos de la députée n’avaient pas été prononcés. Le propriétaire du bar prévient : « Je n’ai pas encore fermé mon commerce. Mais je suis prêt à le faire pour monter à Paris. »
La veille, des gilets jaunes avaient demandé à Caroline Janvier d’être leur porte-parole, laissant entrevoir la subsistance d’une infime possibilité de dialogue avec elle. Le lendemain, un client lui tend encore cette perche : « On vous fait encore confiance Madame, pas à Macron », lui dit-il. Anthony poursuit : « C’est à vous les députés de reprendre le pouvoir. Reprenez le pouvoir bordel ! » s’exclame-t-il en forme de dernier avertissement. « Mon boulot est de porter votre voix, je suis d’accord », répond, comme acculée, Caroline Janvier à l’injonction du patron de PMU. Dernière elle, de furtives images d’Édouard Philippe passent à la télévision. Personne n’y prête attention.
La séquence aura duré une heure et demie. Caroline Janvier ne baisse pas les bras. C’est son rôle, dit-elle, d’aller écouter les gens, même si ses arguments ne portent pas. À quelques kilomètres du PMU, au Bardon, la salle communale accueille « le repas des anciens ». La députée du Loiret y arrive en terrain moins hostile.
Moins hostile sur la forme, pas vraiment sur le fond. « Rendez-moi ma CSG ! » lui intime un ancien syndicaliste, grande barbe blanche et voix caverneuse. Plus tôt, Caroline Janvier avait assuré qu’il était impossible de revenir sur cette mesure. Le fossé ne se réduit pas.
Elle tente de convaincre les quelques retraités qui l’interpellent, dont certains se disent très inquiets par la violence des manifestations parisiennes. Elle parle à nouveau de la baisse de la taxe d’habitation, cet impôt injuste selon elle. « Je m’en fous de la taxe d’habitation, lui répond un autre « ancien ». Ce qui compte, c’est ce que je touche comme pension. Vous ne comprenez pas Madame. »
Comme une heure plus tôt, comme la veille, Emmanuel Macron est rendu responsable de la situation. Loin de se désolidariser du chef de l’État, Caroline Janvier essaie néanmoins de trouver sa place face à ce rejet de la politique du gouvernement qu’elle continue de soutenir. « Il n’y a pas que le président de la République, il y a aussi les députés, il y a aussi le Parlement », répond-elle.
Les gilets jaunes de Saran, les clients du PMU de Huisseau-sur-Mauves, les retraités du Bardon n’en ont cure. Ils attendent la parole présidentielle. Trois semaines après le début de la crise, elle est toujours inaudible. Emmanuel Macron n’a plus que quelques cartes dans sa manche pour éteindre ce feu populaire.
MANUEL JARDINAUD
Calais : colère contenue sur le littoral
Calais, de notre envoyée spéciale.- Dès 9 h, samedi 8 décembre, les silhouettes jaune fluo ont arpenté le bitume sous le ciel gris de Calais. Quelque 200 gilets jaunes ont alterné les barrages, à l’entrée de la rocade portuaire puis sur un accès de l’A16.
Matthieu, l’un d’eux, n’avait qu’une question en tête. « Où sont les CRS ? » D’ordinaire, au cours des dernières mobilisations contre la hausse de la taxe carbone, les uniformes casqués lui faisaient face sur ces deux routes stratégiques, aux extrémités desquelles se trouvent les portes d’entrée de l’Angleterre : le tunnel sous la Manche et le port de Calais où transitent des centaines de camions de marchandises.
Mais ce 8 décembre, le technicien de service après-vente Matthieu, « jaune » depuis deux semaines, n’a « pas compris ». « Les CRS étaient quasi absents et, fait inédit, les policiers nationaux, qui sont venus nous voir ce matin pour se mettre d’accord avec nous, nous ont dit qu’on pouvait bloquer sans problème, mais seulement une heure à chaque barrage, qu’ensuite on devait changer. » Un « arrangement » derrière lequel il soupçonne « manque d’effectifs » : des CRS peut-être tous massés à Paris, où s’est concentré le gros de ces manifestations contre l’injustice sociale.
Avec des conducteurs désormais habitués à prendre leur mal en patience et à suivre les déviations organisées par les policiers, les barrages et défilés se sont plutôt déroulés dans le calme. « Sans CRS en face, il n’y a pas eu de provocation donc pas de débordement », se réjouissait Matthieu aux alentours de 17 h. « C’est enfin ce qu’on voulait montrer, le mouvement tel qu’il est, pas les casseurs de la semaine dernière. » Dans la nuit du 1er au 2 décembre, 10 personnes avaient été interpellées, 9 véhicules incendiés et 2 policiers blessés, selon le quotidien régional la Voix du Nord.
Près de l’A16 bloquée, aux abords d’un rond-point donnant sur un complexe d’usines, une voiture de police klaxonne chaleureusement un deuxième groupe d’une quinzaine de gilets jaunes. Loin de l’ambiance parfois tendue de la capitale, eux « ne craignent rien de la police », insistent-ils, ils sont « pacifiques ». Sous les rafales de vent, ils sont une quinzaine à guetter derrière une grille. Depuis le 17 novembre, jour et nuit, ils contrôlent la station Total, derrière eux. Le groupe pétrolier incarne leur colère qui a flambé avec l’annonce de la hausse de la taxe carbone.
« Total, avec nos blocages, on leur a fait perdre un million en deux semaines », assure sous sa capuche blanche Sullyvan, jeune marckois qui a monté une entreprise de bâtiment à Calais. À quelques encablures, plusieurs fourgons de CRS veillent. Là non plus, ils ne sont pas mobilisés pour les gilets jaunes, « mais pour les migrants », indique Sullyvan. Quelques mètres plus loin, plusieurs exilés attendent eux aussi autour de la station cernée de grilles, avec un autre objectif difficile : atteindre l’Angleterre en se glissant dans un camion qui viendra faire le plein.
Mais avec les blocages, les poids lourds de la République tchèque, de Bulgarie, de Roumanie rebroussent chemin. Et ce n’est pas fini, jurent les gilets jaunes. Ils ont construit une cabane recouverte d’une bâche résistante aux fortes pluies il y a trois jours, « preuve que le mouvement va durer ». « On restera jusqu’au bout, jusqu’à ce que Macron annule définitivement la hausse de la taxe carbone, et pas seulement en 2019. Là, on le voit venir… » précise Sullyvan.
Leur méfiance s’accentue et les fait tenir. Cette semaine encore, d’autres épisodes « buzz » sur le petit écran ont encore fait « déborder le vase », ajoute Sullyvan. Cette députée LREM qui ne connaît pas le montant du Smic, cet autre député LREM qui « n’est pas gilet jaune » alors que sa mère « ne touche que 700 euros », et surtout ce président « qui ne dit rien » et cristallise toute la rancœur. « On sera toujours trahi avec la politique, dit Sullyvan. La maire de Calais, les députés, personne ne vient pas nous voir. On ne peut compter sur personne d’autre que nous. »
Autour de lui, beaucoup assurent qu’ils n’iront plus voter. Leur but : « La démission de Macron et plus de justice sociale. » Avec ce groupe en galère, « au moins on a trouvé un sens, une entraide, on ne se connaissait pas, maintenant on se voit tous les jours », dit-il. Pour autant, si la lutte a pris un tournant national, leur combat reste local, « on reste à Calais, on ne manifeste pas avec les voisins de Boulogne-sur-Mer ou Dunkerque par exemple, ils n’ont pas les mêmes méthodes, certains sont plus virulents », explique une femme aux cheveux gris qui refuse de donner son nom aux médias. Pour eux, les affrontements violents de Paris, c’est encore plus loin, « impossible d’y aller, on a déjà trop peu pour faire le plein », précise Christian, retraité de 64 ans. « Paris c’est une vitrine, mais ce n’est pas la France », rappelle une autre femme anonyme. « À Calais, c’est la galère, le chômage est fort [11,4 % au premier trimestre dans le Pas-de-Calais – ndlr], nous on veut du pouvoir d’achat, c’est ça qui nous importe. »
Deux feux crépitent dans les fûts, Blandine, bonnet enfoncé sur ses cheveux noirs, se réchauffe. « Il fait plus chaud ici que chez moi », précise-t-elle sans sourire. Mère de quatre enfants, un mari au chômage, et 700 euros par mois, cette femme de ménage dans une entreprise de nettoyage a depuis le premier jour intégré le mouvement. « Avec la hausse de la taxe carbone, on a touché à la voiture. Pour moi, c’est ma vie, je roule tout le temps entre Calais et Marck et un quart de mon salaire y passe. Ça, à Paris, ils ne comprennent pas. Beaucoup de gens ne comprennent pas », insiste Blandine. Il y a quelques jours, son témoignage a circulé sur les réseaux sociaux. « J’ai eu droit à des remarques blessantes, on m’a dit de faire moins de gosses, on s’est mêlé de ma vie, on m’a dit que je mentais », se désole-t-elle. Désormais, elle ne veut plus se connecter sur Facebook. « Jamais je n’avais reçu des propos aussi violents. »
ELISA PERRIGUEUR
• MEDIAPART. 8 DÉCEMBRE 2018 :
https://www.mediapart.fr/journal/france/081218/calais-colere-contenue-sur-le-littoral