“Les données de vote en RDC révèlent une fraude massive lors du scrutin pour remplacer Joseph Kabila”, estime le Financial Times, qui a analysé des données de la commission électorale congolaise (Céni) transmises par un lanceur d’alerte.
“Martin Fayulu a été le net vainqueur de l’élection présidentielle”, juge le quotidien londonien, qui a mené l’enquête avec les médias français RFI et TV5 Monde, en collaboration avec le centre de réflexion américain du Groupe des experts sur le Congo (GEC).
Près de 60 % des voix pour Martin Fayulu
Le 10 janvier, la Céni a proclamé des résultats provisoires officiels donnant la victoire dans ce scrutin à un seul tour à l’opposant Félix Tshisekedi avec 38,6 % des voix, devant l’autre opposant – plus radical – Martin Fayulu (34,8 %) et le candidat du pouvoir, Emmanuel Shadary (23,8 %).
“La coalition au pouvoir de M. Kabila a cherché à garder le contrôle de la présidence à travers la candidature d’Emmanuel Shadary [la constitution empêchait Joseph Kabila de se présenter pour un troisième mandat]”, explique le journal. Mais quand le pouvoir s’est rendu compte que “les électeurs ne s’étaient pas mobilisés en nombre suffisant pour M. Shadary, il a été dicté à la commission électorale de mettre M. Tshisekedi à la place”.
Joseph Kabila et Félix Tshisekedi sont soupçonnés d’avoir conclu une entente pour se partager le pouvoir, et permettre au président sortant de conserver la mainmise sur le pays. Les résultats des législatives ont donné une confortable majorité à l’Assemblée nationale au pouvoir sortant (au moins 350 députés sur 500).
Une délégation de l’UA attendue lundi à Kinshasa
Alors que les résultats provisoires portent sur 18,3 millions de voix, les données qui ont fuité du serveur de la commission électorale portent sur 15,7 millions de voix. Comme le montre l’infographie réalisée par Courrier international, elles placent Martin Fayulu largement en tête avec 59,4 % des suffrages, devant Félix Tshisekedi (19 %) et Emmanuel Shadary (18,5 %).
Ces médias ont également pu avoir accès aux données collectées par la Conférence épiscopale du Congo (Cenco), l’influente Église catholique présente pendant le scrutin sur tout le territoire, grâce à ses 40 000 observateurs. Portant sur 7,8 millions de voix, elles donnent également Martin Fayulu loin devant avec 62,8 % des voix, devant Emmanuel Shadary (18 %) et Félix Tshisekedi (15 %).
À la mi-journée, vendredi 18 janvier, les autorités congolaises ont rejeté la demande de l’Union africaine (UA) de repousser la proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle du 30 décembre. Cette dernière doit être faite par Cour constitutionnelle et est attendue ce vendredi ou samedi. L’UA veut envoyer lundi à Kinshasa une délégation conduite par le président de la Commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki, et le président en exercice de l’UA, le chef de l’État rwandais Paul Kagame.
Financial Times
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