Une indemnité pour les grévistes
La Centrale nationale des employés (CNE, centrale de la CSC) avait déjà fait savoir qu’elle soutenait le mouvement et qu’elle couvrirait ses affiliées et affiliés qui voudraient y prendre part (les grévistes masculins sont les bienvenus). Mardi, on a appris que la CSC dans son ensemble, toutes centrales confondues, couvrirait cette grève. Cela signifie que chacun des membres du syndicat chrétien peut toucher une indemnité de grève s’il participe.
Mardi également, la FGTB a décidé d’appeler ses membres à participer, comme chaque année, aux actions menées pour les droits des femmes. Mais le syndicat socialiste laisse le soin à chacune de ses centrales de décider si elle couvre la grève ou si elle se contente d’envoyer quelques délégués qui prendront part aux actions sur leur temps de travail syndical.
La Centrale générale et la CGSP-Bruxelles participent
Deux centrales ont d’ores et déjà franchi le pas. Il s’agit de la Centrale générale (la plus grande centrale ouvrière) et de l’aile bruxelloise de la CGSP (la centrale des services publics). “La Centrale générale et la CGSP-Bruxelles ont déposé un préavis de grève pour le 8 mars, explique Rudy Janssens, secrétaire général de la CGSP-Bruxelles. Ceux qui seront en grève (on parle de 80 % de femmes et de 20 % d’hommes) recevront donc une indemnité.” Les autres centrales de la FGTB n’ont pas encore pris de décision.
Avec l’implication du syndicat chrétien et d’une partie du syndicat socialiste, la grève des femmes prend donc de l’ampleur. “Vu le contexte, explique Felipe Van Keirsbilck, secrétaire général de la CNE, cela pourrait être davantage qu’une grève symbolique. La grève nationale du 13 février sera très bien suivie et beaucoup se demandent comment lui donner une suite, comment maintenir la pression sur les employeurs et le politique. Cette grève des femmes est une suite naturelle de la grève nationale. Des entreprises, des magasins, des maisons de repos auront une partie de leur personnel en grève le 8 mars.”
Les revendications
Parmi les revendications des initiatrices de la grève des femmes, on retrouve la fin de l’inégalité salariale, mais elles sont bien plus larges que cela. Ces femmes disent :
- assez à la précarité économique organisée, “qui nous maintient dans les temps partiels, dans des métiers dévalorisés, faisant de nous des travailleuses pauvres et dépendantes”.
- assez aux retraites tardives et aux pensions de misère ; aux allocations inaccessibles, insuffisantes et inadaptées.
- assez au manque de crèches, de homes et d’infrastructures d’accueil et de soin accessibles, “qui fait peser une responsabilité collective exclusivement sur les épaules des femmes”.
- assez d’être seules à prendre en charge le travail domestique quotidien et le soin aux autres ; que ce travail gratuit ou peu rémunéré, et la charge mentale qui va avec, “ne nous laissent pas de temps pour nous”.
- assez des politiques migratoires racistes “qui nous mettent particulièrement en danger, nous enferment, nous condamnent à la pauvreté et nous tuent”.
- assez d’être discriminées partout “sur base de nos couleurs de peau, de nos origines, de nos revenus, de nos genres, de nos orientations sexuelles, de nos croyances…”
- assez des stéréotypes sexistes dans l’éducation, la culture, les médias et la publicité, “qui nous renvoient l’image de la femme-objet et nous cantonnent dans des rôles spécifiques et secondaires”.
- assez “qu’on nous impose comment vivre notre sexualité, notre rapport à la maternité, à la contraception et à l’avortement ; qu’on se mêle de nos corps et de nos vies”.
- assez des violences médicales et gynécologiques, et des difficultés d’accès aux soins.
- assez des violences physiques et psychologiques (domestiques, sexuelles, dans le couple, harcèlement de rue et au travail…). Assez des féminicides, des meurtres de femmes parce qu’elles sont femmes. Assez de la complicité politique et juridique dont les auteurs bénéficient.
La Libre Belgique
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