L’ouverture des soldes au Printemps Haussmann a été marquée, mercredi 10 janvier, par un mouvement intersyndical contre une nouvelle extension des amplitudes d’ouverture. D’année en année, à cette occasion, la direction ouvre le magasin de plus en plus tôt. Un nouveau record a été battu en 2007 avec une ouverture à 7 h 30 ! Record battu aussi pour le nombre de salariés en grève, puisqu’ils ont été plus de 200 à participer à un rassemblement le midi, pour protester contre les « déréglementations multipliées, les conditions de travail dégradées, les rémunérations affligeantes... »
Le cas du Printemps est typique de la course effrénée aux amplitudes d’ouvertures dans le commerce. Chaque nouveau coup de boutoir est « justifié » par des circonstances (attentats, soldes, etc.) et des « arguments » de fond : plus d’ouvertures créeraient plus d’emplois et répondraient aux besoins des consommateurs. Mieux encore, les salariés seraient volontaires. Comme si le volontariat existait en matière de salariat !
Le consommateur devrait être ravi de pouvoir acheter une chemise et un yaourt à 3 heures du matin le dimanche, sans se douter que, lorsque les commerces seront ainsi ouverts, les crèches, le nettoyage, le gardiennage, les transports, les banques, les services financiers, etc., devront suivre... et lui avec. Quant aux patrons, ils expliquent que, le pouvoir d’achat n’étant pas extensible, le chiffre d’affaires global des magasins ne saurait augmenter du fait de l’extension des horaires...
Cette fuite en avant, qui touche l’ensemble des commerces depuis le début des années 1980, a deux buts : le premier consiste à se servir du commerce, habituel laboratoire de la déréglementation, afin d’instaurer de nouvelles régressions à toutes les professions. Le second, plus immédiat, est de permettre aux grands groupes de prendre des parts de marché à un petit commerce encore très présent dans les centres-villes.
Les salariés du commerce ont combattu, depuis le début du xxe siècle, cette volonté d’ouvrir les magasins à tout moment. En 1906, ils ont imposé le repos dominical. Ils se sont mobilisés à plusieurs reprises à la fin des années 1970 et au milieu des années 1980 contre les extensions des amplitudes d’ouverture des magasins. En 1994 et en 1999, ils ont manifesté contre ces attaques.
Le mouvement des salariés du Printemps montre qu’ils ne sont toujours pas résignés à travailler 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Leurs tracts font état du refus de la flexibilité et de la faiblesse des salaires. La CGT envisage, dans les prochains mois, une action nationale « pour des salaires décents et le droit à une vie en dehors du travail » dans les services. Il faudra au moins cela pour enrayer l’offensive menée par les patrons et le gouvernement et relayée par l’UMP à l’Assemblée et au Sénat par deux propositions de loi visant à « libérer le travail dominical ».