Le FSM a commencé hier par une séance d’ouverture dans un grand parc
central de la ville avec la participation d’un peu moins de 10 000
personnes. Le CADTM regrette que la tonalité des discours d’ouverture (à
quelques exceptions près) ait été très modérée. Il a surtout été question
de « bonne gouvernance » et rien n’indiquait un esprit de rupture avec le
système de la mondialisation. Rien non plus contre la guerre dans les pays
voisins, contre l’intervention en Somalie (avec le soutien des
Etats-unis). Heureusement, il y a tout de même eu des expressions de
solidarité avec la lutte du peuple palestinien, contre le blocus de Cuba,
etc.
Le CADTM déplore le fait que les organisateurs aient donné la parole à
Kenneth Kaunda, ancien président de la Zambie, qui a prononcé un discours
sans aucune portée mobilisatrice. Il n’avait vraiment pas sa place parmi
les voix alternatives réelles.
Une réunion de travail interne au CADTM s’est tenue entre la trentaine de
délégués présents (Pakistan, Inde, Iles Maldives, République Démocratique
du Congo, Congo-Brazzaville, Angola, Côte d’Ivoire, Bénin, Mali, Niger,
Sénégal, Maroc, Tunisie, Haïti, Belgique, France et Suisse). En même
temps, d’autres délégués du CADTM participaient aux réunions
internationales de la Marche mondiale des Femmes et d’ATTAC. Les campagnes « dette » se sont également réunies et ont mis au point un programme d’activités commun pour ce FSM qui a été diffusé à 10 000 exemplaires. Tous les soirs, les campagnes « dette » se réunissent de manière à préparer une proposition commune pour le 4e jour du FSM.
Samedi 20 janvier au soir, une première réunion des mouvements s’est tenue avec succès puisque, malgré qu’elle n’ait pas été annoncée publiquement, 200 délégués y ont participé. Le CADTM a introduit la réunion notamment pour exprimer les critiques et les inquiétudes qui nous assaillent face à l’organisation de ce FSM. Il se confirme en effet qu’il n’y a pas eu
d’effort suffisant pour intégrer les mouvements sociaux du pays dans la
conception du programme. Fait significatif et inacceptable : les
organisateurs ont fixé un droit d’entrée de 500 shillings (soit
l’équivalent d’une semaine de salaire minimum), ce qui empêche la majorité
des Kenyans de participer au FSM.
Sur cette question, les mouvements sociaux, après mûre réflexion et des
contacts avec les organisations populaires du Kenya, ont décidé de
protester dès les conférences de 8H30 du dimanche matin et de s’organiser
pour que les Kenyans puissent entrer dans le stade où a lieu le FSM. Forts
de cette décision, les 30 délégués du CADTM ont manifesté devant l’entrée
principale, ce qui provoqué le regroupement d’un millier de personnes qui
ont bloqué les portes. Un accord a été trouvé avec une organisatrice pour
ouvrir les portes aux Kenyans sans payer. Il est inconcevable que le
peuple du pays où il se tient le FSM, ne puisse être là massivement. A
Bamako, l’année passée, il n’y avait pas de droit d’entrée pour les
Maliens.
A une autre porte d’entrée, la Marche mondiale des femmes a réalisé la
même action. Les mouvements sociaux ont constitué une délégation de trois
personnes pour rencontrer à ce sujet le comité organisateur. Elle est
composée d’Emilie Atchaka (CADD/CADTM Bénin), de Diane Matte (MMF Québec) et de Trevor Mgwamé (Soweto,Afrique du Sud).
Dimanche, une conférence commune des campagnes « dette » s’est déroulée. Pour le CADTM, Emilie Atchaka (Bénin), Farouk Ta-riq (Pakistan) et Olivier Bonfond (Belgique) ont pris la parole. En même temps, le CADTM présentait le livre « Banque mondiale, le coup d’Etat permanent » devant un public de 80 personnes, ce qui est un très bon résultat de participation. Car, pour l’ambiance générale, les organisateurs ont été pris d’un délire de
gigantisme en louant un énorme stade sportif et en installant des
infrastructures à un prix exorbitant. Ces infrastructures sont capables
d’accueillir au moins 60 000 personnes alors qu’à première vue, on ne doit
pas dépasser les 12 000 participants. Résultat : certaines grandes salles
sont vides ou pratiquement pas occupées.
Autre élément de critique : les organisateurs ont scellé un accord avec
une chaîne de télécommunication privée qui a le monopole des transmissions
au cours de ce forum et qui le sponsorise ! Ce qui pourrait amener le
CADTM à lancer le slogan : « le FSM n’est pas une marchandise » ou ne
devrait pas l’être !
Le CADTM espère, avec les autres mouvements sociaux présents, arriver à ce
que la journée du 24 janvier soit une réelle journée de convergence, en
dépit du fait que les organisateurs ont prévu un programme qui la rend
difficile.
Contacts :
Damien Millet, président du CADTM France,
france cadtm.org,
00 33 6 60 54 27 13
Eric Toussaint, président du CADTM Belgique,
international cadtm.org,
00 32 486 74 47 52