Les marches de vendredi 19 avril étaient impressionnantes. C’est le 9e weekend où nous avons des millions de personnes dans la rue. Ce n’est pas facile pour un peuple de marcher chaque vendredi, parce que nous d’autres activités, nous avons besoin de souffler, et la société sacrifie sa journée de repos pour marcher. C’est impressionnant, c’est joyeux et c’est très calme.
Il y a une grande sérénité, une détermination qui est impressionnante, sans colère, sans rancune, mais qui dit que nous voulons que vous partiez tous ! C’est unique dans les annales du mouvement social, y compris au niveau international. Les 48 wilayas sont mobilisées pour dire : « vous allez partir ».
Ce sont elles qui ont imposé le départ du gouvernement, qui veulent tous les faire partir. Il y aura des weekends avec un peu moins de monde, mais on reste autour de 20 millions de personnes mobilisées. La mobilisation est intacte et la volonté de changement aussi. C’est ce qu’il faut retenir car, dans une certaine presse, on expliquera qu’il y avait moins de monde, pas 17 millions mais seulement 10 millions. Mais ça reste gigantesque.
Et il ne faut pas oublier qu’il y a aussi la mobilisation de la semaine. Chaque mardi il y a la mobilisation dans les universités, avec les étudiants, les travailleurs, chaque secteur, l’administration publique, les banques, les mairies. Et d’autres jours de la semaine. C’est maintenant impossible à quantifier.
Titi Haddad
vendredi
9° vendredi à Bejaia, le peuple ne décolère pas toujours aussi mobilisé et organisé pour exiger le départ du système ;
◇ NON aux élections présidentielles du 4 juillet, OUI pour l’élection d’une assemblée constituante souveraine représentative des intérêts démocratiques et sociaux des masses populaires.
◇ dissolution de toutes les institutions du système (présidence, gouvernement, parlement, conseil constitutionnel..)
Une pensée pour les martyrs de 2001, le peuple ne vous oublira jamais.
Le combat continue jusqu’à la chute du système ✊✊
Les manœuvres du pouvoir n’ont pas démobilisé
Il faut comprendre que le système Bouteflika fonctionne depuis vingt ans. Avant lui, il y a eu celui de la décennie noire, où une oligarchie a émergé dans les années 90, puis une autre dans les années 2000. Les gens ont compris que le système était capable de se régénérer, de trouver des issues politiques, d’intégrer de nouvelles couches.
Les gens ne croient plus à un changement qui viendrait de l’appareil d’État, de ce système. Ils ne croient pas à un changement qui vienne de l’intérieur des classes dominantes.
On voit le rôle de la mémoire des mobilisations : toutes les luttes qui ont eu lieu dans les trente dernières années ont été enregistrées dans la mémoire collective des masses populaires. Elles n’ont pas eu la réponse qu’on voulait au moment où on le voulait, mais c’est maintenant que les gens disent qu’ils savent ce qu’est ce système, qu’ils savent qui a acheté les entreprises publiques, qui a profité des années 90, qui a profité des plans d’ajustements structurels du FMI, qui a profité des programmes de la banque mondiale, du système Bouteflika. Les gens savent tout ça et le disent dans les manifestations d’aujourd’hui.
Par exemple à Bejaïa, les mots d’ordre les plus frappants étaient les mots d’ordres anti-impérialistes, que ce soit sur la « main étrangère » dénoncée par l’armée, qu’on transforme pour dire « la main étrangère va vous dégager », ou bien que ce soit l’emprise américaine sur le pétrole en Algérie, qui est rejetée à travers certaines banderoles.
Les démissions de cette semaine n’ont pas fonctionné et ne fonctionneront pas, car la Constitution actuelle n’est plus d’actualité en Algérie. La Constitution est rejetée par la population, car elle a été faite sur mesure pour les oligarques, pour la bourgeoisie algérienne, pour ceux qui détiennent le pouvoir. La loi n’est jamais neutre, c’est l’expression du rapport de forces du moment : quand Bouteflika, dans sa dérive monarchique, a confisqué le pouvoir, il a écrit une Constitution pour permettre à la bourgeoisie de s’accaparer les richesses nationales. Et c’est ce qui est rejeté aujourd’hui par le peuple !
Kamel Aïssat
De la contestation dans l’UGTA et les grèves
Le mouvement de protestation dans l’UGTA est né des travailleurEs et des syndicalistes de base refusant de voir leur organisation syndicale jouer le rôle de comité de soutien pour le candidat Bouteflika à un cinquième mandat. Il s’est vite transformé en mouvement de contestation du secrétaire général Sidi Saïd. Un article de Hocine Guernane.
Pendant presque un mois la contestation était limitée à des structures de base, isolées les unes des autres. Il a fallu la grève générale du 10 au 14 mars, lancée sur Facebook et organisée sans concours syndical, pour qu’une première instance intermédiaire, l’union de wilaya de Tizi-Ouzou, rompe le silence et se positionne ouvertement en faveur du mouvement populaire et se démarque de Sidi Saïd.
À Bejaïa, l’agitation des travailleurEs dans leurs lieux de travail et leur participation à des marches pendant ces journées de grève ont bousculé l’inertie des instances locales qui ont fini par rejoindre les marches. Dans un premier temps, des membres de l’union de wilaya sont venus marcher dans le carré animé par le PST, reconnaissant par là la convergence d’intérêts à sauvegarder et se réapproprier l’UGTA. Le 25 mars, l’union de wilaya de Bejaïa élaborait un programme d’actions quotidiennes par secteur d’activité, étalé sur une vingtaine de jours, du 26 mars au 18 avril, date prévue pour l’élection présidentielle avant son annulation. Ce programme consiste en grèves et marches. Les mots d’ordre avancés pour ce programme sont « le départ du système » et « la refondation de l’UGTA ».
La fronde gagne rapidement du terrain
Le 6 avril, quatre unions de wilaya (Bejaïa, Tizi-Ouzou, Saïda, Tlemcen) se sont réunies à Alger et ont signé un communiqué à travers lequel elles réaffirment leur implication dans le mouvement populaire « jusqu’à satisfaction de ses revendications » et « l’édification d’une nouvelle république » et exigent le départ de Sidi Saïd et son secrétariat national. En réaction, le secrétariat général (SG) de l’UGTA suspend les SG de ces unions de wilaya. Mais cette décision ne fait que nourrir la contestation.
Le 10 avril, des membres de la CEN (commission exécutive nationale), instance suprême entre deux congrès, des wilaya du centre (Alger, Blida, Tipaza, Médéa, Brouira, Tizi-Ouzou) au nombre de 32 sur 47, ont rédigé un communiqué dans lequel ils déclarent appuyer le mouvement populaire et dénoncent Sidi Saïd. Ils l’accusent d’avoir instauré un climat de terreur dans l’organisation, divisé les rangs et marginalisé des syndicalistes ; d’avoir éloigné l’UGTA de ses objectifs et missions de défense des travailleurEs, et d’avoir violé les règlements et statuts de l’organisation. Ils déclarent ne plus reconnaitre de décisions qui émaneraient de la direction jusqu’au départ du secrétariat national avec à sa tête Sidi Saïd. Ils déclarent se placer au côté des syndicalistes libres (contestataires).
Depuis, d’autres instances se sont jointes au mouvement de contestationn à l’instar de la fédération de la métallurgie qui organise notamment les deux principales usines (le complexe El Hadjar et la SNVI Rouiba), ainsi que la fédération de l’électronique. Mais aussi l’union locale de Rouiba (la plus importante en Algérie) et l’union de wilaya de Ouargla au sud, mais sans le SG de cette instance.
Le congrès de l’UGTA avancé
Le jeudi 11 avril, à l’appel de l’UW de Bejaïa et sous une pluie battante, des milliers de travailleurEs de tous les secteurs ont battu le pavé pour crier « Sidi Saïd dégage », « l’UGTA n’est pas ta propriété mais notre syndicat », « vive l’UGTA démocratique revendicative et autonome », « Système dégage ». Au même moment, la direction de l’UGTA acquise à Sidi Saïd tenait une réunion de la CEN. Des travailleurEs sont venus devant l’entrée du complexe hôtelier pour crier leur opposition au SG de l’UGTA. À l’intérieur, des employéEs ont refusé de servir les convives par solidarité avec les protestataires à l’extérieur.
À l’issue de cette réunion de la CEN, il a été décidé d’avancer la date du congrès, prévu initialement pour janvier 2020, et Sidi Saïd a déclaré qu’il ne sera pas candidat mais qu’il reste aux commandes pour superviser la préparation de ce congrès.
Une contestation qui vient d’en bas
Parallèlement aux initiatives qui sont prises dans l’UGTA, des syndicats autonomes ont organisé une journée de protestation à Bejaïa, qui a mobilisé environ un millier de travailleurs.
Le 10 avril, l’appel de la CSA (composée de 12 syndicats autonomes), pour une grève nationale suivie d’une marche à Alger n’a pas entraîné beaucoup de travailleurEs. Le dispositif de répression qui a été déployé a tenté d’empêcher la marche vers la Grande Poste. Malgré la répression et les arrestations, les marcheurEs ont résisté et réussi finalement à franchir les barrages dressés devant elles et eux. Les lycéenEs sont venus par milliers à la rescousse des marcheurEs pour occuper la place de la Grande Poste. Des dizaines de milliers d’AlgéroisES commençaient à affluer vers la Grande Poste pour scander les habituels mots d’ordre. Devant cette force déterminée, la police a reculé et évacué les lieux.
Les instances qui mènent aujourd’hui la contestation dans l’UGTA ont lancé un appel à leurs bases pour venir nombreux le mercredi 17 avril au rassemblement qui sera organisé devant le siège de l’UGTA à Alger. Gageons que cette fois-ci une démonstration de force sera faite.
• Créé le Mercredi 17 avril 2019, mise à jour Vendredi 19 avril 2019, 17:46 :
https://npa2009.org/arguments/international/algerie-de-la-contestation-dans-lugta-et-les-greves
La répression, une arme pour imposer l’élection de juillet
Crédit Photo : Samir Larabi
Les scènes de fraternisation entre manifestants et police sont loin. Depuis l’éviction de Bouteflika, la répression a franchi un cap. Il s’agit d’imposer le replâtrage du régime en tentant d’empêcher la mobilisation de se poursuivre.
Vendredi 12 avril, le tunnel des facultés, un lieu symbolique pour les manifestations tant les chants y résonnent, des centaines, voire des milliers de manifestantEs ont été gazés. Et la répression ne se résume pas aux journées du vendredi. Il y a eu des interpellations toute la semaine, en commençant par notre camarade Samir Larabi mardi 8. Des militants qui se rendaient jeudi 11 pour le rassemblement intersyndical ont été interpelés. Et il y a également eu la répression contre la marche des étudiantEs, contre le rassemblement devant la centrale syndicale samedi 13. Ce jour-là, quatre militantes, arrêtées avec 6 autres militants, ont été fouillées par des hommes, ce qui est interdit, puis complètement déshabillées. Cette scène de torture, cette humiliation, cette intimidation vise à empêcher les femmes de venir aux manifestations, à casser la mobilisation populaire.
D’autres jeunes (étudiantEs, chômeurEs, ouvriers en bâtiment) sont toujours emprisonnés et leurs familles dénoncent des sévices. Enfin, on a vu des véhicules blindés à ondes sonores destinés à éloigner les manifestantEs.
Réprimer et élire un président pour sauver le système
L’État essaie d’empêcher toute manifestation en dehors du vendredi. Et même vendredi dernier, il y a eu une répression, avec le quadrillage de la place de la Grande Poste, qui est la place repère du mouvement. Il y a eu dispersion des foules avec gaz lacrymogènes. Il y a sans doute eu des tirs à balles non-létales, et beaucoup de blesséEs et d’arrestations.
Pour l’instant, la répression policière n’obtient pas les résultats escomptés, puisque le vendredi la foule a jusqu’ici obligé les forces de l’ordre à reculer. En effet, l’ampleur des manifestations est telle que les policiers ne peuvent pas en venir à bout. Mais le pouvoir militaire de Gaïd Salah montre son vrai visage : Gaïd Salah n’est pas du tout à côté du peuple, c’est une partie du système, sans doute la plus influente actuellement.
La mobilisation les a contraints à changer d’avis sur la candidature de Bouteflika. Ils l’ont sacrifié. L’armée s’est mise en avant pour faire croire qu’elle était à côté du peuple et ils ont essayé une voie institutionnelle, en évoquant les articles 7 et 8 de la Constitution qui parlent de la souveraineté populaire, de l’article 102 qui prévoit le remplacement du président de la République par le président du Sénat pour trois mois pour préparer l’élection présidentielle.
Ils ont violé la Constitution à maintes reprises, ce n’est pas maintenant qu’ils vont nous chanter qu’il faut respecter la Constitution ! Il y a une situation révolutionnaire. La volonté populaire est claire, il faut tous les dégager.
• Créé le Mercredi 17 avril 2019, mise à jour Samedi 20 avril 2019, 09:36 :
https://npa2009.org/arguments/international/algerie-la-repression-une-arme-pour-imposer-lelection-de-juillet
« Les magistrats sont des enfants du peuple, ils sont du côté du peuple ! »
Les magistrats et les avocats sont mobilisés depuis le début du mouvement. Mais leur lutte prend une nouvelle dimension avec le refus de la répression et de l’organisation de l’élection présidentielle de juillet. Témoignage d’un avocat.
Toutes les élections sont encadrées par les magistratEs : depuis la convocation du corps électoral, la révision des listes électorales, prévue à partir du 16 avril, puis pendant le déroulement du scrutin. Ils signent les PV des commissions communales, des bureaux de vote. Ils valident le vote. Si les magistratEs n’encadrent pas, les élections ne pourront pas avoir lieu.
À partir du mouvement du 22 février, un collectif de magistratEs a pris position. Ce n’est pas le syndicat officiel, un collectif est né, dans certaines cours et certains tribunaux. Ils ne reconnaissent pas l’ancien syndicat. Ils et elles sont de plus en plus nombreuses et nombreux et appellent les autres magistratEs à ne pas encadrer les élections.
Il y a eu un rassemblement auprès du ministère de la Justice. C’est une première dans l’histoire de l’Algérie que les magistratEs sortent comme ça, prennent position, fassent de la politique, réclament un syndicat autonome et l’indépendance de la justice. Pour la première fois, ils soutiennent le mouvement populaire, organisent des conférences de presse. Samedi 13 avril, ils ont organisé un rassemblement avec les avocatEs au ministère de la Justice.
Un positionnement contre la répression
Les avocatEs ont fait une fait une déclaration pour demander une solution politique à la crise actuelle. Ils et elles ne veulent pas être amenés sur le terrain juridique. La volonté populaire doit être plus forte que la loi et même que la Constitution. Si le peuple s’est soulevé, a réclamé des choses, il faut écouter sa voix.
Les avocats s’engagent dans une grève générale de quatre jours à partir du mercredi 17 avril. L’Union nationale des avocats appelle au mouvement. Dans les 48 wilayas, les tribunaux seront paralysés à partir de mercredi.
Les avocatEs ont fait un communiqué contre la répression. La Ligue des droits de l’homme aussi. On est du côté du peuple car on prononce des jugements au nom du peuple, on est nous-mêmes des enfants du peuple.
Des communes refusent aussi l’élection présidentielle
Des communes se sont également prononcées, la semaine dernière, contre l’élection présidentielle. Il y a un service des élections dans chaque commune. Lorsqu’on atteint l’âge de voter, on s’inscrit sur les listes électorales. Après la convocation du corps électoral, il y a une ouverture des listes au niveau des communes, des APC. À Tizi-Ouzou, Bejaïa, et dans d’autres wilayas, les maires ont déclaré qu’ils allaient boycotter, refuser d’encadrer. Ils ont fait un courrier officiel pour dire qu’ils refusaient de réviser les listes.
C’est du jamais vu. C’est de la désobéissance civile. Ils ont déclaré que, puisque le peuple refuse l’élection et qu’ils sont des élus du peuple, ils rejoignent le peuple.
Ils ont fermé le service des élections et ils ont affecté l’effectif pour renforcer l’état civil !
Si les APC boycottent, refusent l’ouverture des listes, de les vérifier, d’inscrire les nouveaux et de les envoyer au wali [haut fonctionnaire de l’État algérien]… Techniquement, il ne peut pas y avoir d’élection.
• Créé le Mercredi 17 avril 2019, mise à jour Jeudi 18 avril 2019, 20:28 :
https://npa2009.org/arguments/international/algerie-les-magistrats-sont-des-enfants-du-peuple-ils-sont-du-cote-du-peuple
A Aokas, une lutte pour dégager le système, de bas en haut
Crédit Photo : Rachid Bouali
Partant de la mobilisation contre le 5e mandat, la lutte à Aokas fait le lien avec des combats concrets locaux, notamment celui contre la construction d’un célibatorium de police, à propos duquel on a reçu des plaintes contre des militants. On maintient la mobilisation pour le départ du système en expliquant que, localement, le système, c’est le bradage du foncier et de la bande boisée, l’implantation du célibatorium de la police contre la volonté populaire, tous les problèmes locaux.
Il y a un comité local, regroupant les associations du quartier en un collectif qui agit sur les questions qui concernent la localité, sur le plan social, culturel, écologique, le manque d’infrastructures, de services publics.
Plusieurs militants ont été convoqués par la police. Grâce à la mobilisation de septembre dernier contre le célibatorium, nous avions imposé l’arrêt de la construction, la lutte empêchant que le permis de construire soit délivré. Ils tentent de profiter de la mobilisation actuelle pour relancer les travaux, en croyant que la population serait concentrée sur les problèmes nationaux. Mais la mobilisation a de nouveau empêché le coulage du béton, alors ils ont déposé plainte contre des militants à qui on reproche d’empêcher les travaux… alors qu’il s’agit d’un acte populaire, collectif. Il y a eu une vague de solidarité, avec un rassemblement. Ce rassemblement était aussi l’occasion de faire une AG pour parler des luttes locales et du processus révolutionnaire. Ça a débouché sur le maintien de la mobilisation et de toujours lier les questions locales et contre le système.
Avec les militants·e·s du Parti socialiste des travailleurs
• Créé le Mercredi 17 avril 2019, mise à jour Vendredi 19 avril 2019, 11:59
https://npa2009.org/arguments/international/algerie-aokas-une-lutte-pour-degager-le-systeme-de-bas-en-haut
Pour une constituante qui réponde aux besoins des classes populaires
Crédit Photo : Titi Haddad
Par rapport au début de la mobilisation, le mouvement a beaucoup évolué. Parti dans une révolte contre le 5e mandat de Bouteflika, il s’est élargi à la volonté de dégager tout le système et ses représentants.
Dans un pays où toutes les sphères politiques sont liées au système, où la bourgeoisie en tant que telle est peu puissante, la dynamique est extrêmement subversive. Remettre en cause les dirigeants corrompus, c’est de fait remettre en cause le système dans son intégralité et poser les bases d’une autre société.
Le Parti socialiste des travailleurs (PST) revendique une assemblée constituante, un processus constituant qui ne peut venir qu’à partir du processus d’auto-organisation dans les usines, lieux de travail, universités et les quartiers. On espère que la réappropriation de l’UGTA se fera le plus vite possible, car cela peut jouer un rôle important, avec les syndicats autonomes, dans ce processus de transition.
Tout remettre en cause
L’assemblée constituante doit aboutir à une nouvelle Constitution qui remettra tout en cause : qui vous a dit qu’on a besoin d’un président de la République, surtout un président qui centralise tous les pouvoirs comme dans le régime actuel ? Peut-être que la population choisira de ne pas avoir de président ! Le pouvoir au niveau local doit revenir à des éluEs, pas à des personnages désignés par en haut et qui ont tous les pouvoirs (les wali et les chefs de daira). Nous avançons le principe de la révocabilité des éluEs : unE éluE qui tourne le dos au peuple, on ne va pas attendre cinq ans pour le ou la changer !
Nous voulons aussi que la nouvelle Constitution réponde aux besoins des classes populaires. Par exemple, les droits des femmes doivent être garantis. La séparation des pouvoirs doit être dans la Constitution, comme le fait que la religion doit être une question individuelle. La garantie du droit syndical doit également être présente. La Constitution doit être au service de la majorité du peuple, qui sont les travailleurEs, les femmes, les chômeurEs et tous les démunis.
Il faut savoir d’où les oligarques, les milliardaires tiennent leur argent. Il faut ouvrir les livres de comptes pour savoir d’où vient tout le vol, l’enrichissement. Savoir où est l’argent caché à l’extérieur du pays, sûrement en France mais aussi dans les paradis fiscaux dans le monde. La population doit savoir où son argent a été caché, qui profite de son argent. Ce sont des milliards de dollars qui sont en jeu.
Avec les militant·e·s du Parti socilaiste des travailleurs
• Créé le Mercredi 17 avril 2019, mise à jour Vendredi 19 avril 2019, 11:48 :