Notre camarade Christian Courbain est mort le 10 janvier dernier, à l’âge de 57 ans, à l’hôpital général de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. Il avait été l’un des dirigeants du Groupe révolution socialiste (GRS) - section antillaise de la IVe Internationale - et fut membre, pendant ses études en France, de la LCR.
Très jeune, Christian Courbain rejoint le mouvement anticolonialiste en Guadeloupe à travers le Cercle culturel des étudiants guadeloupéens (CCEG) en rupture, dès 1965, avec le Parti communiste guadeloupéen et les jeunesses communistes. Proche du groupe La vérité, il participe à la mobilisation contre la fraude massive du pouvoir colonial aux législatives de mars 1967 qui, sans retenue, interdit la victoire des trois candidats communistes. Le mécontentement populaire contre la répression syndicale, l’arrogance patronale, les licenciements, la chasse aux anticolonialistes, la fraude, les brutalités policières et les comportements racistes de la gendarmerie entraînent les événements de Basse-Terre, en mars 1967, et la sanglante répression (plusieurs dizaines de morts) de mai 1967 à Pointe-à-Pitre. Notre camarade, jeune lycéen, prend sa large place dans le combat de résistance pendant ces jours sombres et après.
Titulaire de son baccalauréat, il est étudiant au Centre d’enseignement supérieur scientifique de Fort-de-France en Martinique. Il sera l’un des organisateurs de la puissante manifestation lycéenne du 10 janvier 1969 contre la venue du ministre de l’Outre-Mer. Cette date donnera son nom au Mouvement du 10 janvier, le MX1. Ce même MX1 participe, en mobilisant fortement lycéens et étudiants, au rassemblement populaire, le 14 mai 1971, contre la politique de Messmer ministre des DOM. Christian y joue un rôle actif, surtout lorsqu’il s’agira de dénoncer les conditions de la mort scandaleuse de Gérard Nouvet, tué en marge de toute manifestation par la soldatesque de Messmer. Pierre Messmer traîne Christian Courbain devant les tribunaux de Paris, en 1972. Ce sera l’occasion d’une vaste campagne du mouvement démocratique en France, où le GRS et la LCR tiennent une forte place. Dans les lycées, les facultés, sur les marchés, dans les municipalités progressistes, les associations étudiantes des DOM-TOM, de nombreuses réunions se tiennent. Christian Courbain est acquitté.
Après ses études, Christian rentre en Guadeloupe et participe, avec le GRS, à toutes les batailles anticolonialistes et syndicales des 30 dernières années. Il avait participé à la mise sur pied de l’expérience du Mouvement guadeloupéen. Il s’agissait, pour lui, de faire retrouver à l’anticolonialisme sa force perdue. Salut à l’un des fondateurs du Mouvement du 10 janvier, mort comme par un clin d’œil de l’histoire, le 10 janvier 2007.