Bannis des jouets pour enfants, les phtalates sont présents en grandes quantités dans la plupart des jouets sexuels pour adultes. Ce fait choquant a été révélé par Greenpeace. L’association écologiste a fait analyser des godemichets, anneaux péniaux et autres vibromasseurs. Résultat : sept objets testés sur huit contiennent entre 24% et 51% de phtalates. « Nous avons testé de nombreux produits ces dernières années, mais n’avons jamais rencontré de concentrations aussi élevées », a déclaré un porte-parole de Greenpeace.
Les phtalates sont utilisés pour assouplir les plastiques. Ils interviennent dans la fabrication des jouets, mais aussi de certains matériaux de construction, de vêtements, de cosmétiques, ainsi que dans l’emballage des aliments. Leur présence dans les jouets pour enfants a été dénoncée il y a une dizaine d’années, après que leur toxicité ait été mise en lumière. Les phtalates peuvent endommager les reins, le foie, le système reproductif, perturber la fonction hormonale et accroître le risque d’asthme ainsi que de cancer. Les petits enfants sont particulièrement sensibles parce que leur organisme en croissance accumule les produits toxiques, mais aussi parce qu’ils sucent et mâchonnent les jouets. Or, les phtalates, ne sont pas vraiment liés au plastique, ils peuvent donc s’en détacher et être ingérés, ou traverser la peau des muqueuses, qui est très fine.
L’usage des phtalates est aujourd’hui banni en Europe « dans les jouets et les articles de soin pour enfants que les enfants peuvent prendre en bouche ». Cette décision n’a été acquise qu’au terme d’une longue bataille contre l’industrie chimique et ses relais politiques. En 1999, la Commission décidait une interdiction temporaire, sur base d’un avis du Comité Scientifique sur la Toxicité, l’Ecotoxicité et l’Environnement (CSTEE). En 2003, le Bureau Européen des Produits Chimiques estimait que le phtalate le plus utilisé dans les jouets (le DINP) était sans danger. Hurlement de victoire de l’industrie. Un an plus tard, cette conclusion était rejetée par le CSTEE. En avril 2005, le Conseil tentait de limiter l’interdiction aux jouets pour enfants de moins de trois ans mais, un peu plus tard, son projet de directive était rejeté par le Parlement, qui voulait en plus imposer un label. Compromis final : pas de limite d’âge, et pas de labellisation.
Ceux qui auront ricané ou lâché des blagues salaces à la lecture de cet article ont tort. Les consommateurs de jouets sexuels ont le droit de jouir… de produits de qualité, sans danger pour la santé. Il est criminel que l’industrie chimique continue à utiliser des phtalates dans les jouets pour adultes alors qu’ils sont bannis des jouets pour enfants et qu’il existe des composés alternatifs. Pas de phtalates dans mon godemichet !