Agnès avait fait de la lutte pour changer le monde l’axe de sa trop courte vie. Elle a été, pendant plus de 30 ans, une militante révolutionnaire, une militante féministe, une militante syndicale. Fille aînée d’une famille ouvrière de quatre enfants, elle avait su très tôt ce que sont l’entraide, la fraternité, l’attention aux autres. Elle qui était d’un milieu PCF, elle avait rejoint très tôt le camp des révolutionnaires. Son engagement à Lutte ouvrière (LO), à 18 ans, a été un des actes marquants de sa vie. Mais sans jamais rien renier de cet engagement initial, son exclusion de LO en 1997, la poursuite de son engagement dans Voix des travailleurs (VDT) aux côtés des autres camarades exclus des sections de Bordeaux et de Rouen, avaient été tout aussi marquants. Elle avait rejoint la LCR avec les camarades de VDT en 2000, et c’est là qu’elle disait avoir trouvé son plein épanouissement humain et politique. Elle en était devenue, en 2002, une dirigeante locale et nationale. Femme de conviction, Agnès détestait les sectaires et les donneurs de leçon. Elle s’engageait à fond dans les combats unitaires, et ce n’est pas par hasard si elle coprésida, au nom du Comité girondin pour le « non » au TCE, le meeting qui réunit 4 000 personnes à Cenon.
Agnès aimait passionnément la vie et ce qu’elle nous donne de plus beau : l’amour, l’amitié, la fraternité, la culture. Elle aimait passionnément la musique et la lecture, les voyages et la rencontre des autres. C’était une humaniste radicale, une femme révoltée par toutes les formes d’oppression : un de ses derniers combats a été d’essayer d’empêcher le licenciement d’une de ses copines de boulot, puis de l’aider à monter un dossier aux prud’hommes pour exiger réparation.
Elle était surtout révoltée par l’oppression des femmes et accordait une grande importance à son engagement dans le Collectif bordelais des droits des femmes. Elle avait été une des chevilles ouvrières de la campagne contre le « Mondial de la prostitution » et l’initiatrice de cette fameuse intervention au stade municipal, un soir de match Bordeaux-Marseille, qui en avait été le point d’orgue.
Il y avait plus de 300 personnes à son incinération. Alain Krivine y était présent, au nom de la direction nationale de la LCR et de la IVe Internationale. Le nombre de présents, mais aussi la variété de leurs origines, ont été un dernier hommage à son ouverture d’esprit et à son énergie militante, à sa chaleur humaine qu’exprimait ce sourire éclatant, mentionné par nombre de ceux qui ont pris la parole au crématorium, comme lors de l’hommage militant qui lui a été rendu le soir même dans les locaux de la LCR 33.
Notre peine est immense et nous adressons tous nos sentiments de solidarité fraternelle à son fils David, à son compagnon, notre camarade Jean-Marie, à ses parents Mauricette et Rolland, et à toute sa famille.
Ses camarades