Dès le début, le mouvement démocratique chinois de 1989 a vu les intellectuel.les et les étudiant.es exclure les travailleurs/euses.
Après l’échec de ce mouvement démocratique, les intellectuel.les se sont rapidement divisé.es entre libéraux et « Nouvelle Gauche », clivés par la fausse dichotomie « Etat contre marché ».
– Des intellectuel.les ont pu adopter la rhétorique de la « Nouvelle Gauche » sur « l’équité », mais sont resté.es indifférent.es à la situation des salarié.es.
– Les étudiant.es sont simplement retourné.es à leurs études.
Ce n’est qu’après les grèves de 2009 des travailleurs de l’assainissement de Guangzhou (Canton) que les travailleurs/euses ont commencé à recevoir un certain soutien d’étudiant.es, principalement à titre individuel.
De petits cercles d’étudiant.es de gauche ont commencé à débattre et à pratiquer le « ronggong », littéralement « le mélange avec les travailleurs/euses ». Autrement dit, ils/elles allaient travailler en usine après l’obtention de leur diplôme et essayaient d’organiser les salarié.es. Un rôle clé dans cette évolution a été joué par des étudiant.es s’identifiant comme maoïstes.
Autour de l’année 2000, quelques maoïstes plus âgés du Nord du pays agissaient en coulisses dans la résistance à la privatisation des entreprises d’État, considérant que les salarié.es des entreprises publiques avaient un potentiel révolutionnaire plus important. Cette génération plus âgée de maoïstes a invité des militant.es ouvrièr.es et des étudiant.es à leurs cours et séances de formations.
Mais ces vieux et vieilles maoïstes ne considérait pas les migrant.es venue.es des campagnes comme ayant une conscience politique suffisamment avancée.
Après l’éclatement des maoïstes en 2012 à la suite d’une tentative ratée de pousser le parti vers la gauche, une aile s’est fait plus virulente dans la critique du Parti communiste chinois, arguant qu’un tournant qualitatif vers le capitalisme avait eu lieu.
– Les membres de cette aile sont devenu.es plus explicites en appelant à la résistance par en bas.
– Simultanément, ils/elles continuaient à essayer de convaincre des cadres dirigeants du parti, invoquant les principes « socialistes » figurant dans la Constitution ou l’héritage de Mao.
La lutte Jasic est représentative de l’émergence d’une nouvelle génération d’étudiant.es maoïstes tourné.es vers le monde du travail, et militant cette fois-ci avec des ouvrier.es du Sud du pays, issu.es des campagnes.
Cette nouvelle génération de jeunes maoïstes a également changé de tactique, adoptant une forme de résistance et de soutien très médiatisée envers les travailleurs/euses de Jasic, ce qui est très inhabituel étant donné la situation politique très répressive en Chine.
Au plus fort de la campagne Jasic, des vieux et jeunes militant.es maoïstes portaient des photos du président Mao, et appelaient à soutenir les ouvrier.es « pour le réveil de la classe ouvrière, pour le président Mao ! ». [1]
Un militant maoïste a publié un article intitulé « Où est passé Janggangshan ? A propos de la lutte Jasic et du renouveau révolutionnaire »[2]. Il établissait ainsi un lien entre la lutte Jasic et Jinggangshan, la montagne où Mao avait établi sa première base de guérilla en 1927.
La transformation de la lutte Jasic de combat pour la construction d’un syndicat sur un lieu de travail, en une lutte politique contre des notables locaux, a été présentée par certain.es comme un signe de la transformation politique de la conscience des travailleurs/euses chinois.es. Une telle affirmation semble pour le moins audacieuse. Il est également douteux qu’une comparaison directe entre Jinggangshan, symbole de la guerre de guérilla, et les ouvriers/ères de Jasic soit vraiment utile à la lutte de ces dernier.es.
Bien que les maoïstes aient accumulé beaucoup d’expériences dans le Nord en défendant les droits des salarié.es des entreprises d’État, leurs expériences ne peuvent être directement appliquées aux entreprises privées du Sud sans de modification substantielle.
– Lorsque les entreprises d’État ont été privatisées, les travailleurs/euses se sont parfois directement attaqué.es aux responsables locaux corrompus, car ce sont les criminels directement responsables du vol de biens publics. Par conséquent, les actions des travailleurs/euses ont souvent commencé par une résistance politique, et ont fait appel à l’ethos révolutionnaire du Parti communiste chinois (PCC) comme base spirituelle. C’était naturel et même parfois utile.
– Mais il en va différemment dans les entreprises privées du Sud. Le conflit s’y situe principalement entre le patron et ses employé.es.
– De plus, l’ethos révolutionnaire du Parti communiste chinois a moins de chances d’entrer en résonance avec les travailleurs/euses migrant.es. Par conséquent si la lutte se transforme en action de résistance politique, ces travailleurs/euses sont moins susceptibles d’être motivé.es.
Certes, dans l’affaire Jasic, comme dans de nombreux autres cas, lorsque le gouvernement local a réprimé les travailleurs/euses, la lutte pouvait potentiellement prendre une tournure politique. Mais avant de pousser à une telle intensification de la lutte, il faut d’abord se demander si les travailleurs/euses sont pleinement préparé.es à une confrontation politique. L’expérience a montré que ce n’était pas le cas.
L’Etat n’a prêté aucune attention à l’appel des maoïstes aux principes « socialistes » ou à Mao. Bien que Xi Jinping continue d’exiger que les chinois.es se nourrissent du marxisme-léninisme et de la pensée de Mao, l’État continue de sévir contre tout tentative indépendante et collective pour étudier sérieusement les œuvres classiques de gauche. Et il sévit encore plus durement contre les initiatives porteuse de sympathie envers les travailleurs/euses.
Cela ne devrait pas nous surprendre. En 2004, la police de Zhengzhou a arrêté et inculpé des maoïstes locaux qui tentaient de se rassembler pour rendre hommage à Mao.
Le site web maoïste Red China avait placé son espoir en un virage à gauche au sein du Parti communiste chinois (PCC), sous la direction de Bo Xilai. Minqi Li, un universitaire chinois, vivant et enseignant actuellement aux Etats-Unis et qui est également le théoricien de Red China, affirme dans son livre que Bo représentait « la dernière faction importante s’opposant au capitalisme néolibéral ».
Il ajoute que « en éliminant Bo Xilai du parti, la direction du PCC a peut-être perdu sa dernière et meilleure occasion de résoudre, de manière relativement pacifique, les contradictions économiques et sociales qui s’aggravent rapidement ». [3]
Les « sociaux-démocrates »
– Il y a environ trois ans, les militant.es de la gauche libérale ont subi une répression similaire. Le 3 décembre 2015, l’État a arrêté huit militant.es de quatre organisations de défense des droits des salarié.es, puis poursuivi et condamné quatre d’entre eux/elles. Il s’agissait de freiner la campagne de ces groupes en faveur de négociations collectives, un combat soutenu par le China Labour Bulletin (CLB), une organisation de défense des droits des salarié.es (LNGO) de Hong Kong fondée par Han Dongfang, un dirigeant ouvrier du mouvement démocratique de 1989.
– Toujours en 2015, plus d’une centaine d’avocat.es ont été arrêté.es pour le « crime » d’avoir défendu des dissident.es poursuivi.es en justice.
Avec l’énorme croissance du nombre de travailleurs/euses migrant.es venues des campagnes et leurs grèves spontanées depuis 2000, un nouveau courant libéral est apparu. En plus de revendiquer les libertés constitutionnelles et civiles, ils/elles ont commencé à soutenir les travailleurs/euses migrant.es et revendiqué les trois droits fondamentaux du travail (la liberté d’association, le droit de grève, le droit à la négociation collective). Du point de vue du monde du travail, il s’agit d’un pas en avant.
L’une de leurs principales plumes était Wang Jiangsong. Han Dongfang et lui, se sont décrits comme des « sociaux-démocrates », un terme qui doit être interprété avec prudence dans le contexte chinois, pour les raisons expliquées plus loin.
Wang Jiangsong reproche aux capitalistes d’être « trop dépendants (des dirigeants du parti) », « n’osant jamais se battre pour leurs droits de citoyens, et ne s’intéressant qu’à soudoyer les dirigeants, activement ou passivement ». Il y oppose la capacité des migrant.es, considéré.es comme la nouvelle classe ouvrière, à s’organiser démocratiquement pour se battre en faveur de leurs droits. [4]
Les sociaux-démocrates, cependant, n’ont pas soutenu dans le passé la lutte des salarié.es des entreprises d’Etat contre la privatisation. Dans le meilleur des cas, ils/elles se sont limité.es à réclamer une meilleure indemnisation, ce que les maoïstes n’ont jamais pardonné ni oublié.
Contrairement aux maoïstes, ils/elles s’opposaient à la « tradition socialiste » de la révolution de 1949, et considéraient les salarié.es des entreprises d’Etat comme des privilégié.es, des conservateurs/trices, et des extra-terrestres.
En revanche, les travailleurs/euses migrant.es venant des campagnes, dont la conscience politique est différente de celles des salarié.es des entreprises d’État, sont désormais considérés par les sociaux-démocrates comme étant à la fois surexploités et le nouveau vecteur social de changements. Et cela bien que précédemment les sociaux-démocrates, et de façon plus générale les libéraux, voyaient dans certains dirigeants du parti comme l’ancien Premier ministre Wen Jiabao (en poste de 2003 à 2013), les principaux agents du changement.
Han Dongfang a depuis longtemps abandonné sa position antérieure de faire campagne pour la création de syndicats indépendants. Il plaide désormais pour une réforme de l’ACFTU.
En 2013, Han Dongfang a vu dans le discours de Xi Jinping en faveur d’une réforme de la ACFTU le signe d’un réel changement en faveur des travailleurs/euses.
En mars 2015, Wang Jiangsong a lancé une campagne en faveur de la négociation collective. Il a été rejoint par 15 LNGOs et une centaine de personnes à titre individuel. Cette campagne a également été soutenue par le CLB, et a contribué à répandre l’idée de négociation collective parmi les salarié.es.
En juin de la même année, Han Donfang a pris la parole devant la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants des Etats-unis pour rassurer les personnes présentes en déclarant :
« Le président Xi est allé dans la bonne direction avec sa très importante décision adoptée au 3e plénum de 2013 ». « Il n’est pas dans l’intérêt du PCC de réprimer la société civile ». « C’est la première fois dans l’histoire moderne de la Chine que les intérêts du PCC et ceux des salarié.es ont été autant concordants et mutuellement bénéfiques ».
Afin d’aider le PCC à aller dans cette voie, Han Dongfang s’est dit prêt à « dépolitiser une question excessivement politisée relative au monde du travail » en « ciblant la négociation collective sur le lieu de travail plutôt que la liberté d’association » [5].
Cependant, l’État a répondu à la bonne volonté de Han Dongfang par des arrestations et des peines de prison en 2015-2016. Puis, en moins d’un an, l’État a frappé à nouveau - et cette fois, les victimes étaient les maoïstes.
Paradoxalement, les sociaux-démocrates comme les maoïstes ont mis leurs espoirs dans le parti :
– les premiers se tournant vers l’aile « libérale » du parti,
– tandis que les seconds en appelaient à ceux des dirigeants du parti se réclamant toujours de la « tradition socialiste ».
Mais, ils ont été traités de la même façon par l’Etat.
C’est une bonne chose de prôner la négociation collective ou la syndicalisation sur le lieu de travail. Mais il est problématique de lier la mise en œuvre d’une telle orientation à l’idée de soutenir une des ailes du parti, dirigée par tel ou tel leader, et de lui faire des concessions politiques.
Il est temps d’arrêter de nourrir l’illusion d’une auto-réforme du parti. Agir ainsi ne conduira qu’à faire jouer à la classe ouvrière un rôle de jouet utilisé lors des luttes de faction au sein des sommets dirigeants. La seule chose qu’en tirerait le monde du travail serait une accentuation de la répression et le désespoir.
Au lieu de s’auto-réformer, le PCC évolue vers une orientation « totalitaire » (terme bien entendu discutable). Celle-ci vise maintenant à laver le cerveau de la population à un degré où non seulement tous les dissidents potentiels sont réprimés, mais où tout le monde doit penser de la même façon que le président Xi Jinping.
Seule une résistance unie des travailleurs/euses pourrait arrêter cette folie.
La manière précise d’y parvenir est sans aucun doute une grande question qui n’a pas de réponse facile. La répression croissante implique également que le régime de Xi Jinping est beaucoup plus impitoyable que celui de ses prédécesseurs, d’où la fermeture des canaux légaux antérieurs que pouvait emprunter l’action collective.
Mais à ce stade, cependant, nous pouvons au moins préserver autant que possible nos forces, et ne pas nous engager dans une confrontation sans espoir. Le temps d’une offensive viendra, mais ce n’est pas le moment.
Deuxièmement, face à la répression, nous devrions essayer de forger un front uni entre groupes de travailleurs/euses et nous soutenir mutuellement.
Cela est possible grâce au débat public : Malgré la répression, la discussion en ligne est toujours très animée parmi les militants.es de Chine continentale, car tous les courants du mouvement ouvrier animent des sites web à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
Maoïstes contre sociaux-démocrates
Il est triste de passer en revue les vingt dernières années de l’histoire intellectuelle de la Chine.
Les libéraux et la Nouvelle Gauche se considéraient l’un et l’autre comme étant l’ennemi principal, tout en prêtant simultanément allégeance à l’Etat-parti afin de maintenir des liens avec les deux principales cliques au pouvoir.
– Lorsque les maoïstes de Zhengzhou ont été réprimés en 2004, certains libéraux ont oublié leur engagement en faveur de la liberté d’expression. Ils/elles sont resté.es silencieux/cieuses, apportant un soutien tacite à ces arrestations.
– En 2008, la Nouvelle Gauche et les maoïstes ont applaudi la condamnation de Liu Xiaobo, lauréat du prix Nobel de la paix.
Ce ne sont là que les cas les plus connus d’intolérance de ces deux courants.
Ces dernières années, cette hostilité mutuelle s’est quelque peu estompée, car ils ont été tous deux confrontés à une répression croissante.
– La montée des sociaux-démocrates en Chine, qui sont également légèrement critiques à l’égard des libéraux de droite, a jeté les bases communes d’une lutte de tous les courants se réclamant de la classe ouvrière pour les droits civils et sociaux fondamentaux.
– Lorsque l’Etat a réprimé l’organisation qui soutenait la campagne de Wang Jiangsong pour les droits fondamentaux du travail en 2015, les maoïstes ont exprimé leur solidarité avec eux. Minqi Li a reconnu la nécessité des droits fondamentaux du travail. Il a ajouté qu’ils sont loin d’être suffisants (ce qui est vrai), et que la lutte de classes est nécessaire pour rétablir la propriété publique (ce qui est souhaitable).
Alors que Minqi Li discute de l’avenir et note que « lorsque l’apogée du mouvement ouvrier sera atteinte », elle aiguisera nécessairement la lutte de classe à un niveau tel que la collaboration de classe et même la négociation collective seront impossibles, il défie Wang en lui demandant, " Dans quel camp serez-vous le moment venu ?[6] Mais nous devrions aussi nous interroger sur le moment présent, où l’État persécute impitoyablement tout le monde.
– Dans une perspective de gauche, une transformation socialiste en Chine est certainement souhaitable.
– Mais un débat sur le programme et la stratégie de classe, aussi nécessaires soit-il, ne devrait pas être opposé à une lutte commune immédiate pour l’obtention des droits civils fondamentaux. Sans ces droits, il est très difficile pour les grèves spontanées de se transformer en luttes organisées. Sans parler d’une « transformation socialiste », surtout lorsque le contrôle de l’Etat est si fort que le travail souterrain est très difficile, voire impossible dans la plupart des cas.
La vérité gênante est que longtemps avant de parvenir au « point culminant du mouvement ouvrier », nous pouvons tous être déjà écrasés par l’Etat.
En Chine, ces deux orientations constituent les principaux courants existant au sein du monde du travail. Aujourd’hui, tous deux sont dans une situation désespérée.
Le mouvement ouvrier mondial doit leur venir en aide, en tirant les leçons des fruits amers du sectarisme, qui explique notamment l’échec en Allemagne du Parti communiste et de la social-démocrate à forger une alliance contre les Nazis à la fin des années 1920.
Etant donné que la Chine évolue rapidement vers un Etat totalitaire, le plus grand danger pour les militant.es syndicaux/cales est le sectarisme.
Bien que le cas allemand ne soit pas tout à fait comparable, il est de bon sens de considérer que les différences idéologiques entre les deux principaux courants du mouvement ouvrier ne doivent pas devenir un obstacle à leur alliance tactique pour les droits civils et sociaux. Les différents courants continueront d’être en désaccord entre eux sur de nombreux points, mais pour l’instant, nous devrions reconnaître qu’ils ont également certains intérêts communs : même si ils marchent séparément, ils doivent frapper ensemble.
Certains signes montrent que cela est en train de se produire : les sociaux-démocrates chinois sont aujourd’hui davantage disposés à exprimer leur solidarité avec les maoïstes. Le CLB, par exemple, est signataire de la déclaration de solidarité avec les maoïstes impliqué.es dans la lutte Jasic. Cette déclaration avait pourtant été rédigée par d’autres groupes hongkongais intervenant en direction du monde du travail. Ces derniers se situent légèrement à gauche de Han Dongfang, dans la mesure où ils ont moins d’illusions sur la possibilité d’une auto-réforme du Parti communiste dirigé par Xi Jinping.
Malgré leurs divergences idéologiques avec les maoïstes, ils se sont également prononcés en faveur de la lutte concernant Jasic, en partie parce qu’ils se concentrent sur le travail pratique plutôt que sur le débat théorique.
Les marxistes révolutionnaires [6]
Outre les deux courants principaux décrits ci-dessus, il existe depuis le tournant du siècle un petit courant « marxiste-révolutionnaire ».
Son principal point de référence théorique est souvent Trotsky et non pas vers Mao. Comme le dit Minqi Li, à côté de leur propre faction « marxiste-léniniste-maoïste », il existe maintenant une faction « marxiste-léniniste-trotskyste ».
L’influence de ce courant « marxiste-révolutionnaire » n’est pas comparable à celle des sociaux-démocrates et des maoïstes, qui ont des liens étroits avec les institutions et l’establishment, et bénéficient donc de beaucoup plus de ressources.
Le courant « marxiste-révolutionnaire » est au mieux composé d’individus et de quelques petits groupes ayant peu de ressources et de connexions. En plus de cela, les autorités les considèrent comme encore plus dangereux que les deux autres courants. Par conséquent, ses membres sont très discret.es, voire totalement clandestin.es, ou se limitant à agir au sein d’ONG et autres organisations.
Certain.es marxistes-révolutionnaires ont fait du bon travail, par exemple en introduisant des écrits marxistes européens et en travaillant sur les droits des salarié.es. Les plus visibles sont généralement celles et ceux qui sont actifs/ves sur Internet (et lors de réunions privées).
– Leur débat avec les maoïstes sur le caractère du régime chinois a fait pression sur ces dernier.es pour qu’ils/elles s’expriment sur ce problème important, contribuant ainsi à une reformulation de cette question au sein de la gauche radicale.
– Ils/elles étaient probablement aussi parmi les premier.es au sein de cette gauche radicale à avoir commencé à débattre du « ronggong », c’est à dire des étudiant.es allant travailler en usine.
Par conséquent, même si le courant marxiste-révolutionnaire peut sembler marginal et insignifiant, il joue un rôle en ce qui concerne la réflexion au sein de la gauche.
Certains.e, marxistes-révolutionnaires, cependant, font parfois parfois curieusement écho à la tendance maoïste de nier le caractère progressiste de la conquête des libertés civiles au stade actuel. Ils/elles critiquent les sociaux-démocrates comme Wang Jiangsong en les qualifiant de « réformistes » (ce qui est vrai), et les traitent même d’ennemi principal (ce qui est problématique).
En résumé, nous devons nous débarrasser de l’idée d’une possible auto-réforme de la clique dirigeante, et nous appuyer au contraire sur le réveil des masses laborieuses. Afin d’accomplir cette dernière tâche, il est important que les différents courants du mouvement ouvrier se rendent compte qu’un combat commun pour l’obtention des droits civils et sociaux fondamentaux est primordial pour un l’avenir du monde du travail, et que l’existence de désaccords idéologique n’empêche pas un tel combat.
En fin de compte, au lieu de considérer une étiquette se terminant par « -isme » comme un dogme ou, pire encore, une nouvelle religion, le mouvement ouvrier devrait la considérer comme une hypothèse de travail dans leur lutte pratique contre le nouveau régime totalitaire.
Au Loong Yu
Notes :
[1] Wu Jingtang–benfu shenzhen pingshan ! Weile gongrenjieji de juexing, weile Maozhuxi ! (Wu Jingtang—Rush to Shenzhen Pingshan ! For the Sake of Working Class Awakening, for the Sake of Chairman Mao !).
[2] Jinggangshan jinhezai ? (accessed 10/21/18).
[3] China and the 21st Century Crisis, Pluto Press, 2016, pp. 38 and 183.
[4] Weishen Yao Zhijing he Xuexi Lide Gongren (Why We Need to Learn from Lide Workers and to Pay Respect to Them).
[5] Hearing : China’s Rise : The Strategic Impact of Its Economic and Military Growth.
[6] Dang Gongren Yundong Gaochao Lailinshi, ‘Laogongjie’ Hequhecong ? (When the Climax of the Workers Movement Arrives, Where Should Labor Go ?).