Des perturbations majeures sont attendues, ce lundi, alors qu’une grève générale menace de paralyser une partie du centre financier asiatique.
Plus de 100 vols ont déjà été annulés.
La contestation se poursuit à Hongkong. Après une importante journée de mobilisation samedi 3, des milliers de manifestants prodémocratie ont de nouveau défilé dans la mégalopole du sud de la Chine, dimanche 4, attisant encore la colère de Pékin.
Et le territoire se prépare à des perturbations majeures, lundi 5 août : une grève générale menace de paralyser une partie du centre financier asiatique. Plus de 100 vols ont déjà été annulés.
L’opérateur ferroviaire MTR Corp a suspendu son service sur les lignes entre les quartiers de Causeway Bay et Quarry Bay sur l’île de Hongkong. Le trafic a également été interrompu sur les lignes entre Kowloon Tong et les stations proches de la frontière avec la Chine continentale, rapporte la presse locale. Le département du travail a exhorté les employeurs à faire preuve de compréhension et de souplesse dans les conditions de travail des employés en raison des conditions de circulation.
La police hongkongaise a annoncé avoir arrêté 44 personnes après des heurts parfois violents dans la nuit. Les forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser plusieurs centaines de manifestants. La cheffe de l’exécutif local, Carrie Lam, a annoncé qu’elle tiendrait une conférence de presse dans la matinée..
La grève intervient après un week-end de manifestations marquées par les violences qui, selon le gouvernement, entraînent la ville vers « un danger extrême ».
Des milliers de personnes ont battu le pavé, dimanche 4. « Je suis plus inquiète qu’optimiste », a confié Florence Tung, une avocate stagiaire de 22 ans, qui a manifesté dans le quartier résidentiel de Tseung Kwan O. « On a l’impression que, quel que soit notre nombre, on ne peut pas changer notre gouvernement », poursuit-elle, en référence au fait que les dirigeants de la ville ne sont pas élus au suffrage universel.
« Forces abjectes » déclare le pouvoir de Pékin
Cette première manifestation a été dispersée par la police, à l’aide de gaz lacrymogène. Mais les contestataires ont immédiatement rejoint un second cortège plus important, qui prenait la route du Bureau de liaison représentant les intérêts de Pékin dans ce territoire semi-autonome. Il y a deux semaines déjà, cet immeuble proche du front de mer et voisin du siège du gouvernement local avait été la cible de jets d’œufs par des manifestants qui avaient tagué sa façade.
Pékin, qui avait dénoncé des dégradations « absolument intolérables », multiplie depuis lors les mises en garde. Dimanche matin, l’agence de presse officielle Chine nouvelle a dénoncé les « forces abjectes » menaçant les fondements du principe « un pays, deux systèmes » :
« Le gouvernement central ne restera pas les bras croisés et ne laissera pas la situation se poursuivre. »
Hongkong, qui traverse sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession en 1997 par le Royaume-Uni, en est à son neuvième week-end consécutif de manifestations, de plus en plus souvent suivies d’affrontements entre petits groupes radicaux et forces de l’ordre.
La mobilisation avait débuté avec la dénonciation d’un projet de loi – aujourd’hui suspendu – qui proposait de légaliser les extraditions vers la Chine continentale.
Les revendications se sont depuis élargies à la dénonciation du recul des libertés dans l’ex-colonie britannique ou à l’exigence de réformes démocratiques. Initialement très pacifiques, les manifestations ont ces derniers temps de plus en plus dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre.
Les autorités locale durcissent le ton
Face à cette situation inédite, les autorités locales ont également durci le ton ces derniers jours. Une quarantaine de manifestants ont été inculpés pour participation à une émeute, une infraction passible de dix ans de prison. Samedi, une vingtaine de personnes ont été arrêtées après avoir temporairement bloqué l’un des tunnels routiers permettant de rejoindre l’île de Hongkong.
Cette semaine, la garnison de l’Armée populaire de libération (APL) basée à Hongkong a aussi lancé un avertissement au travers d’une vidéo musclée mettant en scène sa capacité d’intervention.