“Au moins trois femmes meurent chaque jour sous les coups de leur mari, selon les dernières statistiques, qui montrent que les violences sexistes ont atteint des proportions catastrophiques” en Afrique du Sud, rapporte le quotidien de Johannesburg The Citizen.
La violence contre les femmes et les enfants a explosé au cours de la dernière décennie, explique le deuxième journal le plus lu du pays, avec un taux de féminicide aujourd’hui cinq fois plus élevé que la moyenne mondiale.
D’après le rapport annuel tout juste publié par le South African Board for People Practices (SABPP), une Sud-Africaine sur cinq a déjà été victime de violence physique. Dans les régions aux revenus les plus faibles, c’est une sur trois. Pour l’une des contributrices du rapport, le Dr Nthabiseng Moleko, interrogée par The Citizen :
“Ces statistiques soulignent l’incapacité de notre société et gouvernement à protéger les femmes, en particulier les jeunes filles.”
“Un fléau national”
Dans son discours sur l’état de la nation, prononcé le 20 juin dernier, le président Cyril Ramaphosa avait admis que la violence de genre est un “fléau national” qu’il faut éradiquer. Mais “il faudra plus que des slogans et des conférences” pour cela, tempère le Dr Moleko.
Pour cette spécialiste de l’Université de Stellenbosch, “plutôt que de créer de nouvelles organisations qui se superposent aux autres, il faudrait mieux répartir les rôles des organismes existants et les ressources allouées, mieux les coordonner et superviser”. Une adresse à peine voilée à l’équipe de trente experts constituée en décembre 2018 par le président sud-africain pour évaluer la condition des femmes dans le pays.
“Les violences faites aux femmes affectent tout le tissu de la société”, conclut Nthabiseng Moleko.
“Ce n’est pas un phénomène simplement domestique. Il laisse des traces dans tous les champs de la société et engendre énormément de coûts pour la nation en termes de productivité, d’absentéisme et de subventions sociales.”
En France le “Grenelle des violences conjugales”
En France aussi, face aux récentes mobilisations, le gouvernement s’est engagé à renforcer les mesures de lutte contre les violences faites aux femmes. Le “Grenelle des violences conjugales” annoncé par la secrétaire d’État à l’Égalité femme-homme, Marlène Schiappa, s’ouvrira le 3 septembre.
Une grande conférence, à laquelle les ministres de l’Intérieur, de la Justice, de la Santé et de l’Éducation participeront, ainsi que les acteurs de terrain, les services publics, les associations et les familles des victimes. Selon les dernières données du ministère de l’Intérieur, 130 femmes ont été tuées en 2017 par leur conjoint ou ex dans l’Hexagone, contre 123 en 2016.
Courrier International
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