Le lieutenant américain Ehren Watada, originaire d’Hawaï, comparaît cette semaine devant une cour martiale d’une base militaire de l’État de Washington, pour avoir refusé de se rendre en Irak. Il est ainsi le premier officier à désobéir ouvertement à l’ordre d’appel en Irak. Il s’affronte publiquement et avec courage au puissant système militaire américain et risque quatre ans de prison.
Watada a établi son argumentation en étudiant soigneusement le code de conduite de l’armée américaine, la loi et la Constitution américaine, les lois internationales, l’histoire de l’Irak. Il estime que cette guerre est immorale et dénonce « la quantité de mensonges utilisés pour la déclencher et la mener ». Pour lui, Saddam Hussein était un tyran, mais il a été armé par les pays occidentaux, dont les États-Unis, qui sont restés silencieux quand il gazait les Kurdes. Mais le cœur de sa défense repose sur l’illégalité de la guerre, car il s’agit d’une guerre d’agression, « déclenchée sur la base d’un mensonge pour le profit et la domination impérialiste », en violation des principes de la Charte des Nations unies et de la convention de Genève. Il applique les Principes de Nuremberg, formulés en 1950 et non ratifiés par les États-Unis, stipulant que chacun est responsable de ses actes et demandant aux soldats de désobéir aux ordres illégaux. Watada se dit prêt à accepter toute punition et déclare qu’il trouvera son réconfort dans sa bonne conscience.
Lundi 5 février, son comité de soutien a organisé une journée nationale d’action pour sa défense avec une manifestation devant la Maison Blanche. Si Watada est le premier officier à refuser de partir, d’autres soldats - comme Camilo Mejia et Kevin Benderman - l’ont précédé et ont été emprisonnés. Bush s’entête dans l’escalade guerrière, il ne serait pas étonnant que l’exemple de Watada soit suivi d’autres rébellions au sein des forces armées.