Le Ve Congrès de la Fédération syndicale unitaire (FSU) se situait dans un contexte d’attaques répé¬tées du minis¬tre en place, Gilles de Robien. Celui-ci agresse instituteurs et professeurs des écoles, accusés de ne pas enseigner correctement la lecture, la grammaire, le calcul mental. Il entreprend de remettre en cause le statut des professeurs de collège et lycée afin de leur faire, à terme, enseigner deux matières au lieu d’une, ce qui a provoqué la grève massive du 18 décembre dernier.
Dans cette situation, le congrès a réaffirmé sa volonté de poursuivre l’action en utilisant la grève du 8 février sur les salaires, commune à toute la fonction publique, pour appeler partout à des assemblées générales afin de débattre de la poursuite de l’action, pendant et après les vacances de février. Une nouvelle initiative est mise en débat auprès des personnels et des autres organisations syndicales pour le retour des diverses zones des vacances d’hiver, autour de la mi-mars. Les militants de l’École émancipée (ÉÉ), tendance de lutte de classe, souhaitaient qu’une action de grève en mars soit d’ores et déjà proposée plus nettement. Ils feront tout pour que se mettent en place des mobilisations locales, départementales, régionales, notamment contre la carte scolaire, qui supprime 5 000 postes. Ces initiatives doivent peser pour que le mois de mars soit celui d’un mouvement d’ampleur, afin de mettre en échec la politique de De Robien en pesant sur la campagne électorale.
Mais, la FSU n’est pas qu’une Fédération de l’Éducation : divers syndicats (comme celui de l’ANPE) l’ont rejointe après avoir quitté la CFDT à la fin du mouvement contre la réforme des retraites, en 2003. C’est bien pourquoi ses revendications ne concernent pas que les questions éducatives : elle se bat désormais pour le Smic à 1 500 euros net, nombre de salariés dans les secteurs qu’elle syndique (y compris dans le personnel scolaire) ne gagnant pas cette somme. La précarité constitue un autre point commun pour les syndicats de la fédération, qui souhaite y mettre fin par la titularisation des précaires. À cet égard, il y eut quelques divergences, l’École émancipée estimant nécessaire que le mot d’ordre soit celui de titularisation immédiate, ce qui ne fut pas voté par le congrès.
Autre différence : l’élargissement à d’autres secteurs : la majorité du congrès s’est refusée à progresser dans cette direction, alors que plusieurs syndicats, soutenus par l’ÉÉ, estimaient nécessaire d’avancer comme l’avait fait le congrès de Perpignan en 2004. Sur le plan de la recomposition syndicale, l’intervention de Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, n’a rien apporté de nouveau, tandis qu’Annick Coupé, pour Solidaires, fort applaudie, montrait bien les convergences, porteuses d’avenir, avec la FSU. Enfin, une fois de plus, la FSU a montré, dans son congrès, que ses préoccupations ne sont pas que corporatives. Elle a pris des positions très diverses, que ce soit sur la défense de l’environnement, le soutien à divers combats internationaux ou les droits des homosexuels. Elle s’est prononcée en faveur des actions menées contre la loi réprimant la délinquance des mineurs. La motion action « appelle les personnels à poursuivre et amplifier leur investissement avec RESF pour refuser les expulsions d’élèves, de jeunes et de familles en situation irrégulière ». D’ailleurs, l’un des animateurs du RESF, Richard Moyon, présent au congrès, fit une intervention applaudie debout par les congressistes scandant « des papiers pour tous ». Ce congrès a confirmé le mécontentement des personnels que syndique la FSU et leur volonté de résistance. Il reste maintenant à la concrétiser. Les semaines qui viennent, et d’abord le 8 février, vont constituer un test décisif à cet égard.