En ce jour de rentrée, les manifestants veulent maintenir la pression sur le gouvernement local, loyal à Pékin.
Des milliers d’étudiants vêtus de noir ont manifesté, lundi 2 septembre à Hongkong, au premier jour d’une campagne de deux semaines de boycottage des cours.
Les manifestants veulent maintenir la pression sur un gouvernement local loyal à Pékin, qui n’a toujours fait aucune concession majeure au mouvement pour la démocratie.
A un week-end marqué par des échauffourées entre radicaux et forces de l’ordre a succédé une journée d’actions diverses témoignant encore de la créativité du mouvement.
– En ce jour de rentrée, des lycéens ont ainsi formé des chaînes humaines devant leurs établissements,
– dans les hôpitaux, des infirmières s’alignaient dans les couloirs en brandissant des pancartes.
L’ex-colonie britannique connaît depuis trois mois sa plus grave crise politique depuis la rétrocession en 1997, avec des actions quasi quotidiennes pour dénoncer l’ingérence grandissante de la Chine dans les affaires intérieures de cette région semi-autonome.
Pékin, qui affiche un soutien indéfectible au gouvernement hongkongais, a multiplié les menaces et les actes d’intimidation. « La fin est proche » pour la mobilisation en faveur de la démocratie, a encore averti dimanche soir l’agence officielle de presse officielle Chine nouvelle dans un éditorial, sans donner plus de précisions.
Mouvement très jeune
Cela n’a pas empêché lundi matin des manifestants habillés de noir, la couleur emblématique du mouvement, de cibler à nouveau le métro, bloquant dans quelques stations les portes des rames pour les empêcher de partir. L’ampleur des perturbations a cependant été sans commune mesure avec le chaos généré le 5 août, quand l’ensemble d’un réseau d’ordinaire d’une efficacité remarquable avait été paralysé pendant plusieurs heures.
Les étudiants sont depuis trois mois la colonne vertébrale d’un mouvement très jeune. On les trouve autant en première ligne, parmi ceux qui jettent des briques sur la police, qu’à l’arrière, formant le gros des foules qui manifestent.
Dans la matinée, des élèves du secondaire ont formé des chaînes humaines devant plusieurs lycées publics. Dans l’un d’eux, une statue de Sun Yat-sen, qui avait proclamé la République en Chine en 1912, a été affublée d’un masque à gaz et de lunettes de protection.
« Un pays, deux systèmes »
Le mouvement est né en juin du rejet d’un projet de loi qui devait autoriser les extraditions vers la Chine. La suspension du texte par l’exécutif n’a pas suffi à éteindre la mobilisation qui a considérablement élargi ses revendications.
Celles-ci renvoient toutes à la dénonciation d’un recul des libertés et de l’ingérence grandissante de Pékin en violation du principe « Un pays, deux systèmes » qui avait présidé à la rétrocession en 1997.
Hongkong a connu samedi 31 août une journée de protestations parmi les plus violentes depuis le début du mouvement. Des contestataires ont notamment incendié une énorme barricade à une centaine de mètres du quartier général de la police et les forces de l’ordre ont pourchassé des manifestants jusque dans les stations de métro, en frappant certains dans les rames.
Le lendemain 1er septembre, des milliers de manifestants ont cherché à bloquer les accès à l’aéroport et une quinzaine de vols ont dû être annulés.
Lundi 2, le ministre de la sécurité hongkongais a averti que la violence était « près d’échapper à tout contrôle ». « J’appelle le public à rejeter la violence, à maintenir l’ordre dans notre société et à protéger l’Etat de droit », a déclaré John Lee Ka-chiu devant les journalistes.
L’image de marque de Hongkong, jusque-là considérée comme une place financière stable, a été ébranlée par le mouvement actuel. Le nombre des touristes a plongé et hôtels et commerces doivent faire face à une baisse importante de leur chiffre d’affaires.