Alors qu’ont repris les bombardements meurtriers de Poutine et Assad sur les civils syriens d’Idleb, Erdogan vient de lancer une opération en Syrie contre les YPG (« Unités de protection du peuple kurde »). Son but est d’établir une zone tampon de 30 kilomètres de profondeur sur 500, dite zone de sécurité, pour notamment y installer un million de réfugiés syriens venant de Turquie.
Cette politique de transfert forcé de population arabe dans ce territoire syrien majoritairement kurde, avec l’aide de supplétifs de l’Armée Syrienne Libre (ALS), outre qu’elle serait contraire au droit humanitaire international, est déplorable et calamiteuse au regard des valeurs qui animent les Syriens combattant depuis 8 ans pour une Syrie libre et démocratique.
En janvier 2018, l’armée turque, avec des groupes armés syriens alliés, avait déjà lancé sur Afrin une offensive contre les YPG, entraînant le déplacement de milliers de personnes. Les populations qui sont restées sur place ont enduré de multiples atteintes aux droits humains, selon Amnesty International qui a relaté dans son Rapport 2018 des arrestations, détentions arbitraires et déplacements forcés de populations arabes commis par l’administration autonome dirigée par le Parti de l’union démocratique (PYD) dans les régions dont elle a pris le contrôle.
Aujourd’hui, les populations civiles syriennes, qu’elles soient arabes ou kurdes, sont de nouveau exposées à la prédation en Syrie des autocraties turque, russe et iranienne, qui fait le jeu de Bachar Al Assad.
Celles et ceux qui soutiennent la cause d’une Syrie libre doivent condamner sans réserve ce mauvais coup qui se prépare au détriment du combat des opposants démocrates syriens.
Erdogan, comme l’a pratiqué Bachar Al Assad avec l’aide des Pasdarans du régime iranien des mollahs, va de fait provoquer un nettoyage ethnique. En outre, cette nouvelle guerre en Syrie est porteuse de graves périls : déstabilisation supplémentaire de la région, cadeau fait à Assad, Poutine et Khameneï, risque de voir les jihadistes s’éparpiller dans la nature et rejoindre soit l’ÉI [Etat islamique] , soit Assad qui ne manquera pas de les utiliser contre les Européens.
C’est avec ces attendus que prend son sens la campagne de protestation contre l’offensive d’Erdogan en Syrie, dont les termes ne sauraient faire l’impasse sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis depuis 8 ans en toute impunité par Bachar Al Assad, son régime et ses alliés, contre le peuple syrien.
Collectif pour une Syrie libre et démocratique (PSLD)
Paris le 10 Octobre 2019