Depuis 30 ans, des militants et militantes ont su se battre et être présents sur le terrain pour faire entendre la voix de ceux que l’on élimine. En janvier 2007, 20 % des paysans et paysannes ont accordé leur confiance au projet de la Confédération paysanne (elle en rassemblait un sur trois lors du dernier scrutin), et près de 3 % ont voté en faveur du Modef. Ces projets ont mis en avant l’inadéquation d’une agriculture productiviste avec les enjeux énergétiques et climatiques de la planète. Ces syndicats privilégient les dé marches collectives et solidaires plutôt que la concurrence entre les agriculteurs.
Mais les agriculteurs viennent de reconduire majoritairement la FNSEA/Jeunes agriculteurs aux manettes de l’agriculture. Ce syndicat rêve pourtant d’une agriculture composée de 150 000 « agri-managers » (au lieu des 600 000 paysans actuels), qui laissera fatalement sur le bord de la route 75 % des votants d’aujourd’hui. De nombreuses interrogations subsistent : le niveau de conscience de la majorité des agriculteurs, le vote protestataire et corporatiste de la Coordination rurale, syndicat très libéral qui rassemble plus de 18 % des votants. Le monde agricole, comme une partie de la société, tend vers une « droitisation » des esprits. La Confédération paysanne avait un message clair, mais il n’a pas été entendu par un grand nombre de paysans.
Alors qu’en France, 30 000 paysans disparaissent chaque année, la Confédération paysanne est, et reste indispensable dans ce nouveau paysage syndical. L’alliance entre le Modef et la Confédération paysanne doit rapidement se poser. Les orientations du congrès de la Confédération paysanne, qui aura lieu du 22 au 24 mai, seront déterminantes pour l’avenir du monde rural, pour la qualité de l’alimentation et pour l’environnement. La force de la Confédération paysanne est d’avoir toujours su rebondir dans les moments difficiles et incertains. C’est un cap qu’elle doit franchir collectivement. Elle peut le faire et elle se doit de le réussir.