France Amérique latine tient à exprimer sa solidarité et son soutien dans la lutte frontale que le peuple haïtien, ses organisations et ses mouvements populaires ont lancée, dans les rues et par tous les moyens, exigeant la démission du président Jovenel Moïse, de son gouvernement et de son parlement pour n’avoir plus la légitimité ou la capacité de gouverner.
Cette revendication de dignité et de liberté découle de la faim et de la misère planifiées, du pillage et de la corruption flagrants, de la violence institutionnelle et des gangs criminels en collusion avec le gouvernement et l’ambassade des États-Unis. Ceci dans le cadre d’une présence internationale écrasante.
Le consensus de la société haïtienne rejette massivement le régime néo-duvalier du PHTK, la présence humiliante de l’ONU et toute ingérence étrangère. Les secteurs sociaux les plus larges, des hommes d’affaires à la paysannerie, en passant par les ouvriers, les travailleurs indépendants, les intellectuels, les professionnels, l’Église catholique, les étudiants, les femmes, les artistes, tout le spectre politique de l’opposition haïtienne refuse de reconnaître un régime ayant des intérêts autres que les siens.
Nous appuyons la plainte déposée à l’ONU, à l’OEA et aux gouvernements des États-Unis, comme à tout le groupe restreint des pays notamment latino-américains qui ont maintenu pendant des années des troupes d’occupation militaire et policière dans le meilleur style colonial, investissant des milliards de dollars pour imposer leur projet de « stabilité » et de « justice » par la MINUSTAH, MINUJUSTH et des élections frauduleuses telles que celles qui ont placé Michel Martelly , puis Jovenel Moïse à la présidence.
Le peuple haïtien n’a pas besoin de protection politique et la communauté internationale se doit de respecter son indépendance. Il est suffisamment responsable, comme tout peuple, pour savoir faire face à la situation dramatique de besoin de millions de personnes sans logement, sans eau potable, sans électricité, sans assainissement, sans travail, sans accès aux aliments essentiels ; triste situation dans laquelle ces supposés protecteurs l’ont laissées.
Cela passe par mettre un terme aux salaires les plus bas de l’hémisphère, de cesser d’exploiter les gisements d’or, de pétrole et de tout ce qui a privé Haïti de sa richesse pendant cinq cents ans de pillage colonial.
Face à la répression déclenchée contre les centaines de milliers de manifestants, avec dix-neuf morts et cent quatre-vingt neuf blessés en quelques semaines, il est urgent que soient respectés la vie, la dignité et tous les droits humains des Haïtiennes et des Haïtiens .
L’ONU, l’Europe, La France, doivent régler leurs dettes, indemniser et réparer tous les crimes commis, notamment par l’humiliation et l’arbitraire de quinze années d’occupation militaire, de coups d’État, de fraudes électorales.
Comme les Haïtiennes et les Haïtiens, FAL dit YA BASTA et exprime sa solidarité avec le peuple en lutte. Son combat est le nôtre !
Bureau National de France Amérique Latine. Paris, 15 octobre 2019