Sept mois après son déclenchement, le formidable mouvement pour la défense et l’extension des droits démocratiques se poursuit.
Depuis juin, celui-ci a connu des hauts et des bas avec notamment :
– des manifestations gigantesques les 9 et 16 juin, puis le 18 août,
– une radicalisation rapide de la jeune génération,
– une grève générale réussie le 5 août,
– une croissance exponentielle de la répression par la police ou la mafia avec des centaines de blessé.es, ainsi que des viols.
Refusant de céder sur quatre des cinq revendications, tout en voulant éviter les inconvénients liés à une intervention directe de l’armée chinoise, les gouvernements de Pékin et de Hong Kong ont mis en route un rouleau compresseur répressif combinant notamment :
– l’interdiction systématique des manifestations,
– le recours à la législation d’urgence héritée des britanniques,
– l’arrestation en six mois de 6 022 personnes, dont 956 vivent maintenant dans la hantise de longues années de prison,
– une répression intense des manifestations, s’appuyant notamment sur des « canons à eau » fabriqués à Saint-Nazaire (France) projetant un liquide indélébile et toxique,
– le licenciement de salarié.es ayant participé à des grèves ou des manifestations, ou simplement accusé.es d’avoir montré de la sympathie envers le mouvement.
En novembre, le mouvement était dans l’impasse. Le risque était réel que l’aile la plus radicale se retrouve isolée. La calamiteuse fin de l’occupation des universités donne une idée d’un des scenario possibles.
Mais l’opposition de masse à la politique liberticide des gouvernements de Hong Kong et de Pékin était demeurée intacte :
– Depuis cet été beaucoup de salarié.es rejoignent les syndicats et ou en créent de nouveaux (1) ;
– Le 24 novembre, l’opposition a remporté 80 % des sièges aux élections locales, qui sont les seules basées à être basées sur le suffrage universel.
Depuis ces élections, un coup d’arrêt semble avoir été mis à une descente aux enfers qui pouvait sembler inéluctable. Le pouvoir n’a par exemple pas pu faire autrement que d’autoriser certaines manifestations, ont été autorisées comme le 1er, puis le 8 décembre. La première a regroupé 380 000 personne, et la seconde 800 000.
A l’heure où ces lignes sont écrites (20 décembre 2019), il est encore trop tôt pour dire si cette stabilisation de la ligne de front débouchera sur une contre-offensive dans la durée. Le développement de la solidarité internationale pourrait y contribuer utilement.
Note :
1. D’après Au Loong Yu, au moins 38 nouveaux syndicats ont été enregistrés au 20 décembre ou sont en cours de constitution. Parmi eux, celui du secteur social a organisé une grève du 17 au 19 décembre.
Voir également :
https://scmp.com/news/hong-kong/politics/article/3042422/hong-kong-protests-social-workers-rally-central-rouse
https://www.hongkongfp.com/2019/12/03/hong-kong-advertising-sector-workers-rally-kick-start-five-day-strike/
https://www.scmp.com/print/news/hong-kong/politics/article/3043492/two-star-michelin-restaurant-union-organiser-hong-kong