Au vu de l’évolution de l’épidémie du coronavirus 2019-nCov, le gouvernement français a décidé de déconseiller, samedi 8 février, à ses ressortissants de voyager en Chine « sauf raison impérative ». « Compte tenu du contexte évolutif de l’épidémie de nCoV, des restrictions décidées par les autorités chinoises (…) il a été décidé de modifier les conseils aux voyageurs et de passer en orange la carte de Chine [sur la carte des conseils par destination du ministère des affaires étrangères] », indique le Quai d’Orsay dans un communiqué.
En Chine, le bilan de 722 morts dépasse désormais celui du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), qui avait tué 650 personnes dans la partie continentale du territoire chinois et à Hongkong, en 2002-2003. Cinq nouveaux cas ont été diagnostiqués en France, ont également annoncé, samedi, les autorités sanitaires. Tous ressortissants britannique, séjournant en Haute-Savoie, ils ont été hospitalisés.
Cinq nouveaux cas en France
Cinq nouveaux cas de personnes contaminées au nouveau coronavirus, toutes de nationalité britannique, ont été repérés en France. Il s’agit de quatre adultes et un enfant de 9 ans, dont l’état de santé n’inspire pas d’inquiétude, a annoncé samedi la ministre de la santé, Agnès Buzyn.
Il s’agit d’un cluster, c’est-à-dire un regroupement de plusieurs cas autour d’un cas initial, lequel est un ressortissant britannique qui a séjourné en Haute-Savoie, de retour de Singapour, a détaillé la ministre lors d’une conférence de presse.
Ces cinq personnes positives au nouveau coronavirus mais aussi des « contacts proches » de ce ressortissant britannique, « soit onze personnes au total, toutes de nationalité britannique », qui résidaient tous dans le même chalet, ont été hospitalisées dans la nuit de vendredi à samedi à Lyon, Saint-Etienne et Grenoble, selon la ministre. « Leur état clinique ne présente aucun signe de gravité », a fait savoir Mme Buzyn.
Ces nouveaux cas s’ajoutent aux six relevés jusqu’ici sur le territoire français, et toujours hospitalisés, même si la plupart vont mieux. « C’est maintenant une opération importante d’identification des cas contacts qui commencent », pour trouver et informer les personnes ayant eu un contact rapproché avec le ressortissant britannique à l’origine de ces nouveaux cas, a encore dit la ministre.
« Pour informer la population locale », une conférence de presse aura lieu à 14 heures samedi à la préfecture de Haute-Savoie, à Annecy, et un numéro de téléphone spécifique, le 0800-100-379, a été mis en place pour les personnes concernées par ce cluster. Le premier ministre réunira par ailleurs les ministres concernés à la mi-journée.
724 morts du coronavirus au 8 février 2020
Ce tableau présente les cas d’infections confirmées et les cas mortels de coronavirus dans le monde. Dernière mise à jour le 08/02/2020 à 11 h 15.
Pays | Infections | Morts |
---|---|---|
Chine | 546722 | 34 |
Hongkong | 1 | 22 |
Japon | 89 | 34 |
Singapour | 33 | - |
Philippines | 31 | - |
Thaïlande | 25 | - |
Corée du Sud | 24 | - |
Taïwan | 16 | - |
Australie | 15 | - |
Etats-Unis | 15 | - |
Malaisie | 15 | - |
Allemagne | 14 | - |
Vietnam | 13 | - |
France | 11 | - |
Macao | 10 | - |
Emirats arabes unis | 7 | - |
Canada | 5 | - |
Royaume-Uni | 3 | - |
Italie | 3 | - |
Inde | 3 | - |
Russie | 2 | - |
Espagne | 1 | - |
Suède | 1 | - |
Népal | 1 | - |
Cambodge | 1 | - |
Sri Lanka | 1 | - |
Finlande | 1 | - |
Belgique | 1 | - |
Soit un total de :
34 881 infections confirmées
724 morts
Sources : OMS, Mapping nCov, min. de la santé de Singapour, NHC/Chine
722 morts en Chine
Deux semaines après la mise de facto en quarantaine du Hubei, la province du centre de la Chine où la pneumonie virale s’est déclarée, l’épidémie a contaminé plus de 34 500 personnes dans ce pays, dont 722 sont mortes, selon le bilan du gouvernement central samedi 8 février.
Samedi matin, la mort d’un Américain a été annoncée à l’épicentre de l’épidémie en Chine. « Nous pouvons confirmer qu’un citoyen américain de 60 ans déclaré porteur du coronavirus est mort dans un hôpital de Wuhan, en Chine, le 6 février », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) un porte-parole de l’ambassade des Etats-Unis à Pékin.
Le nombre de 722 morts en Chine dépasse désormais celui du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), qui avait tué 650 personnes dans la partie continentale du territoire chinois et à Hongkong, en 2002-2003. Dans le monde, le SRAS avait tué 774 personnes dans le monde, alors que le coronavirus a fait 724 victimes. Plus de 300 autres cas d’infections ont été confirmés dans une trentaine d’Etats et de territoires, dont deux mortels à Hongkong et aux Philippines.
Pangolin, diarrhée… : les pistes de la transmission
Alors que la piste d’un virus provenant de chauve-souris semble se confirmer, des scientifiques chinois ont annoncé que le pangolin, un petit mammifère, pourrait être « l’hôte intermédiaire » ayant, le dernier, transmis l’agent infectieux à l’être humain. Le mammifère couvert d’écailles, considéré en Chine comme un mets de choix et une source de médicaments traditionnels, pourrait avoir été un hôte intermédiaire du coronavirus, facilitant son passage de la chauve-souris à l’homme.
Par ailleurs, une étude publiée vendredi dans le Journal of the American Medical Association a conclu que la diarrhée pourrait être une voie secondaire de transmission. La voie primaire de contamination serait celle des gouttelettes chargées de virus émanant de la toux d’une personne infectée. Les chercheurs ayant travaillé sur les premiers cas ont toutefois dit s’être concentrés sur les patients avec des symptômes respiratoires, et qu’ils pourraient donc avoir négligé ceux liés au système digestif. Quatorze patients sur 138 (10 %) dans un hôpital de Wuhan qui étaient étudiés dans le nouvel article avaient initialement diarrhée et nausée un ou deux jours avant le développement de la fièvre et de problèmes respiratoires.
Colère en Chine après la mort du docteur Li Wenliang
L’épidémie a pris un tour politique vendredi avec la mort du docteur Li Wenliang, un ophtalmologue de Wuhan, la capitale du Hubei, qui avait donné l’alerte à la fin de décembre après l’apparition du virus dans cette ville. Avec d’autres, il avait été convoqué après ses révélations par la police, qui l’avait accusé de propager des rumeurs.
« C’est un héros qui a donné l’alerte au prix de sa vie », a écrit un de ses confrères wuhanais sur le réseau en ligne Weibo. « Que tous ces fonctionnaires qui s’engraissent avec l’argent public périssent sous la neige », s’est emporté un internaute, dans un commentaire promptement effacé par la censure. Signe que la colère est forte, le hashtag #Nous demandons la liberté d’expression a vu le jour sur l’Internet chinois, avant d’être également censuré.
Le docteur Li, qui n’était âgé que de 34 ans, est mort à l’hôpital central de Wuhan, métropole de 11 millions d’habitants coupée du monde depuis le 23 janvier. Il avait contracté la maladie en soignant un patient. Secoué par la colère populaire, le pouvoir central a annoncé l’ouverture d’une enquête sur « les circonstances entourant la mort du docteur Li Wenliang ».
Fait rare, la Cour suprême avait déjà réhabilité à la fin de janvier huit lanceurs d’alerte, qui avaient tenté d’avertir la population au début de l’épidémie.
Aide américaine
Le gouvernement américain a annoncé avoir débloqué 100 millions de dollars pour aider la Chine et les autres pays touchés par le coronavirus. La situation des hôpitaux de Wuhan, débordés par l’afflux de malades et dont le personnel médical manque de masques et de combinaisons pour se prémunir du virus, est chaotique. Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a confirmé que la pénurie d’équipements de protection était mondiale.
La banque centrale américaine s’est de nouveau inquiétée vendredi du potentiel effet de contagion à l’échelle mondiale de l’épidémie du nouveau coronavirus qui affecte l’économie chinoise, deuxième puissance économique du monde. Sans s’avancer sur ce que décideront les membres de son comité monétaire lors de leur prochaine réunion, la Fed a souligné que « dans un contexte d’activité économique faible et de pressions inflationnistes en sommeil, les banques centrales étrangères adoptent généralement une politique plus accommodante ». En d’autres termes, elles baissent leurs taux.
Mesures restrictives
De nombreux Etats ont pris des mesures restrictives à l’encontre des personnes en provenance de Chine et déconseillé les voyages dans ce pays. Hongkong a commencé samedi à imposer des mesures de quarantaine drastique pour endiguer l’épidémie. Désormais, toute personne arrivant dans la région semi-autonome en provenance de Chine continentale a l’obligation de s’isoler deux semaines chez elle, à l’hôtel ou dans tout autre hébergement, les récalcitrants encourant six mois de prison. En Afrique, le Gabon a décidé de suspendre l’entrée sur son sol de tout passager venant de Chine.
D’autres pays poursuivaient l’évacuation de leurs citoyens de Wuhan. Ainsi, 213 Canadiens sont arrivés en avion sur une base militaire de l’Ontario où ils ont été mis en quarantaine pour deux semaines.
En mer, des milliers de voyageurs et des membres d’équipage sont consignés sur deux navires de croisière en Asie. Au large du Japon, le Diamond-Princess est maintenu depuis mardi en quarantaine après la confirmation de 61 cas à son bord. Quelque 3 700 personnes y sont cloîtrées dans leur cabine. A Hongkong, quelque 3 600 personnes subissent un sort similaire sur le World-Dream, dont trois anciens passagers ont été testés positifs.
La responsable de l’unité des maladies émergentes de l’OMS, Maria Van Kerkhove, a assuré que 82 % des cas répertoriés étaient considérés comme mineurs, 15 % graves et 3 % « critiques ». Moins de 2 % des cas se sont révélés mortels, a-t-elle ajouté.
AFP, 8 février 2020