Ce dimanche 8 mars 2020, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, les collectifs de la Grève féministe appellent une nouvelle fois les femmes, ainsi que les personnes trans et non-binaires et leurs alliés à se mettre en grève et se rassembler dans les rues de Suisse. Le 28 février dernier, le Conseil fédéral prenait des mesures sanitaires exceptionnelles pour freiner la propagation du Coronavirus et interdisait toutes les manifestations de plus de 1000 personnes. En conséquence, les militantes de la grève ont annoncé une reconfiguration du programme de cette grande journée de mobilisation.
solidaritéS rejoindra les différentes actions décentralisées ce dimanche.
solidaritéS rappelle que des restrictions d’urgence liées à un risque d’épidémie ne doivent pas se faire au détriment de l’exercice des droits démocratiques fondamentaux. Le droit de manifester doit être garanti en discutant avec leurs organisateurs-trices des modalités permettant de ne pas contrevenir aux mesures de préventions sanitaires qui s’imposent. Cela vaut dans l’immédiat pour les mobilisations du 8 mars 2020, auxquelles les militant·e·s de solidaritéS participeront activement.
Si les dispositions spéciales édictées pour faire face au risque de contamination élevé du coronavirus constituent des mesures importantes pour protéger la santé de toutes et tous, plus particulièrement des personnes âgées, fragilisées ou immunodéprimées, ce plan d’action est aussi la démonstration que des changements d’envergure peuvent rapidement être mis en œuvre, dès lors qu’une réelle volonté politique existe pour le faire. L’annonce de l’annulation du Salon de l’automobile de Genève, symbole emblématique d’un des secteurs de l’économie les plus puissants et les plus polluants, en est un exemple édifiant.
Dès lors, solidaritéS demande que les autorités fédérales et cantonales déploient rapidement des mesures de même ampleur pour d’autres enjeux de première importance, notamment pour amorcer enfin la transition écologique, en appliquant sans attendre des mesures concrètes telles que la gratuité des transports publics combinée la restriction drastique du transport individuel motorisé et du transport aérien, dont la pollution est également la source de problèmes conséquents en matière de santé publique. De la même manière, un plan de lutte nationale contre les violences sexistes, qui représente elles aussi un problème de santé publique majeur, peut et doit être déployé de toute urgence.
En matière de conditions de travail dans le contexte actuel, solidaritéS rappelle que les entreprises et le patronat ne sont pas en droit d’exiger que des employé·e·s restent en quarantaine quand ils·elles ne présentent aucun symptôme de la maladie, pour ensuite retenir ces journées sur leur salaire. Si des mesures exceptionnelles sont prises, notamment la fermeture complète ou partielle de certains lieux de travail, les salaires doivent être dus. solidaritéS encourage les travailleurs·euses qui se verraient touché·e·s par une mesure défavorable de la part de l’employeur à s’adresser à leur syndicat. En ce qui concerne les travailleurs·euses dans le domaine des soins, secteur majoritairement composé de femmes, les heures supplémentaires et la surcharge de travail engendrées par un risque épidémique doivent être prises en compte. Le travail effectué doit être valorisé pour ce qu’il est : un enjeu majeur de santé publique.
Ce type d’épreuve place au cœur de nos sociétés la nécessité d’un service public fort, et plus spécifiquement d’un secteur de la santé accessible à toutes et tous, avec des moyens financiers et des effectifs suffisants. Face aux périls à venir que prépare le capitalisme, en termes de catastrophes sociales, environnementales et sanitaires, mais aussi face aux inégalités structurelles et aux violences que le patriarcat fait peser sur les femmes, nous ne pouvons faire confiance qu’à nos luttes collectives.
Collectifs de la Grève féministe