Les salarié-es face au Covid 19 et à Jeff Bezos
Malgré la pandémie du coronavirus, la direction d’Amazon entend coûte que coûte maintenir l’activité de ses entrepôts à travers le monde.
En effet, avec les mesures de confinement, le groupe entend accroître ses profits et a annoncé l’embauche de 100 000 personnes à temps partiel pour ses entrepôts aux Etats-Unis ainsi qu’une augmentation de 2 dollars/livres sterling/euros de l’heure pour les salarié-es.
En réponse à ce cynisme, les travailleurs/euses ne sont pas resté-es inactifs/ves.
– Sous l’impulsion d’employé-es organisé-es dans le collectif « Amazonians United » de l’ entrepôt BK1 du Queens à New York, une pétition en ligne
« Nous, travailleurs d’Amazone, exigeons des protections contre les coronavirus ! » était lancée début mars, et reprise par des équipes syndicales
des sites d’Allemagne, de Pologne, d’Italie, d’Espagne et de France.
– En Italie, des mouvements de grèves s’organisaient dans les entrepôts de
Torrazza et Passo Corese le 12 mars, ainsi que le 16 mars avec des arrêts de la production à Castel San Givanni et Torazza.
– En France, entre le 17 et 19 mars dans les entrepôts de Douai, Chalon, Saran, Boves et Montélimar, les salarié-es procédaient à des débrayages et faisaient valoir leur droit de retrait.
– Le 30 mars, les travailleurs/euses de l’entrepôt JFK8 de Staten Island, New York, organisaient une grève et étaient rejoints par leurs collègues de DCH1 à Chicago et DTW1 à Détroit les jours suivants.
Amazon répondait aussi par la répression en procédant au licenciement de Christian Smalls qui participait à la grève de l’entrepôt de New York.
En réponse aux inquiétudes des salarié-es et des syndicats qui réclament la fermeture des sites ou au moins des mesures de réduction des rythmes de production, mais aussi des mesures de congés avec maintien des salaires
(que ce soit en Slovaquie, Pologne, Espagne, Allemagne, Etats-Unis, Italie, France), la direction de l’entreprise organise des mesures barrières cosmétiques :
– une personne par table à la cantine,
– pas de prises de pause communes,
– une personne seulement par rangée dans les bus,
– distribution de masques,
– prise de la température à l’entrée des entrepôts,
– mise en place d’ « équipes de crise »...
Mais tant que les employé-es continuent à se rendre en masse dans les entrepôts, augmentant ainsi les risques de propagation du virus, il est certain que ces procédures sont totalement insuffisantes.
D’ailleurs, beaucoup refusent de travailler avec la peur au ventre et invoquent le droit de retrait ou se mettent en arrêt-maladie, et avec raison.
En Italie, Espagne, France, Etats-Unis, les cas de salarié-es infecté-es se multiplient.
Face aux risques, de nombreux/ses intérimaires ne viennent plus et les agences d’intérim, comme ce fut le cas dans une agence ADECCO de Montélimar, en sont à mentir aux intérimaires en disant que « tout va bien » dans les entrepôts.
On le voit, la connexion au niveau transnational des collectifs de travail au sein des entrepôts d’Amazon est primordiale en cette période de crise sanitaire mondiale.
Mi-avril, une rencontre du réseau « Amazing Workers » qui s’appelle désormais « Amazon Workers International » était organisée à Alcala de Henares dans les environs de Madrid.
Le réseau regroupe des équipes de travailleurs/euses d’entrepôts ainsi que des collectifs activistes d’Allemagne, de Pologne, d’Espagne, d’Italie, de France, de Suède, de Slovaquie et des Etats Unis.
Lors de cette rencontre il a été question de prendre la mesure de la crise qui
arrivait et de ses conséquences au sein des entrepôts, avec ces revendications mises en avant : protection des salarié-es, fermeture des services, maintien des salaires.
Il a été décidé que la prochaine rencontre d’ Amazon Wokers International se tiendrait à la fin du mois de septembre prochain, en France à Lille. Un « comité » est également en charge du suivi et des discussions.
D’ici là, il se passera certainement beaucoup de choses, et tout le monde reste en contact !
Communiqué de Solidaires/Sud Commerce et Services (08/04/2020)
Alors que le Premier Ministre a ordonné le 14 mars dernier la fermeture des commerces non-essentiels en raison de l’épidémie de coronavirus et les activités rassemblant plus de 100 personnes de manière simultanée, Amazon poursuit son activité comme si de rien n’était en dépit de AMAZON : pour nos vies plutôt que leurs profits, nous demandons la fermeture des entrepôts !
La mobilisation du personnel et des mises en demeure des syndicats, de l’inspection et de la médecine du travail mais aussi des critiques des Ministres de l’Economie et du Travail.
Le résultat, c’est une bombe sanitaire et sociale en train d’exploser aux quatre coins de la France dans une société qui compte plus de 10.000 travailleurs/euses, directs, mais aussi une armée d’intérimaires et de livreurs/euses qui apportent y compris le virus à domicile : après des dizaines de salarié-es atteints des symptômes du Covid-19, des cas avérés ont depuis été détectés sur plusieurs des sites et un premier employé est toujours en réanimation.
Pour mettre fin à cette obstination criminelle et contraire au principe fondamental de prévention de la santé des salariés et en l’absence d’une réponse gouvernementale à la hauteur de cette situation, notre organisation, implantée dans l’entreprise, a déposé ce jour ce jour devant le Tribunal Judiciaire de Nanterre une assignation, qui sera examinée dès demain (9 avril) à 14 h, à l’encontre de la société Amazon France Logistique : elle demande que
– soit prononcée, sous astreinte de plus d’un million d’euros par jour, l’interdiction pour Amazon de continuer à employer du personnel sur ses six sites français
– et, à tout le moins, de réduire, comme la société s’y est engagée, son activité aux 10 % de marchandises « essentielles » et corrélativement le nombre de présent-es permettant ainsi que les mesures de protection mises en œuvre en cascade produisent réellement leur effet que la promiscuité rend inopérante.
Dans le même temps, la formation de référé du Conseil des Prud’hommes de Nanterre a été saisie pour juger du bien-fondé du droit de retrait, toujours en cours, de onze premiers salarié-es des entrepôts de Lauwin-Planque et de Saran alors que la société se refuse à leur payer le salaire correspondant.
Cette lutte se mène également en coordination avec les travailleurs/euses européens et américains de la multinationale :
Non au « marche ou crève » à Amazon, oui au respect du droit de grève et de retrait et boycott de la plateforme !
D’autres articles concernant Amazon sont disponibles sur le site ESSF
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?page=mot&id_mot=9615