Début avril, le Mexique est dans la phase 2 de l’épidémie avec près de 3000 cas détectés et 141 décès et devrait passer en phase 3 courant avril.
Le 30 mars, l’état d’urgence sanitaire a été déclaré et les activités non essentielles ont été suspendues jusqu’au 30 avril.
L’aire urbaine de Mexico est la plus touchée (20,9 millions d’habitant-es) et les préoccupations sont nombreuses dans ce pays.
Un système de santé insuffisant et inégalitaire
Un quart de la population n’a pas de couverture médicale, 75 % des hôpitaux sont privés et il n’y a qu’1,4 lit pour 1000 habitant-es (contre 6 en France et 3,2 en Italie) et seulement 3000 lits en soins intensifs.
Des conditions de travail catastrophiques
Au Mexique, plus de la moitié de la population active travaille dans le secteur informel. Cela signifie que si ces personnes arrêtent de travailler, elles se retrouvent immédiatement sans moyen de subsistance.
Pour les salarié-es du privé, la précarité est la norme et quelles que soient les mesures prises par le gouvernement, ils et elles risquent de se retrouver sans revenu si ils et elles arrêtent de travailler.
Par ailleurs, comme partout, les personnes qui travaillent dans les secteurs essentiels ont des conditions de travail et des salaires déplorables.
Migrations
Une partie de l’économie mexicaine repose sur les transferts de fonds envoyés par les migrant-es qui travaillent aux États-Unis. Des millions de travailleuses et travailleurs migrant-es en situation irrégulière sont actuellement sur le territoire étasunien.
Avec la pandémie, ils et elles son nombreux/ses à perdre leur travail et n’auront probablement pas d’aide du gouvernement. Par ailleurs, près de 50000 migrant-es sont enfermé-es dans des centres de rétention dans des conditions catastrophiques.
La demande de libération immédiate faite par des organisations étasuniennes n’a pour le moment eu aucun effet. Enfin, jusque très récemment, des touristes nord-américain-es se sont rendu-es dans des stations balnéaires mexicaines, mettant en danger les habitant-es.
Criminalité et violences faites aux femmes
Le nombre d’assassinats, déjà très important sur le territoire mexicain ces dernières années, avec 35000 homicides en 2019, risque de s’aggraver avec la pandémie.
L’inquiétude est particulièrement grande pour les femmes et les enfants dans un pays où début 2020 (avant l’arrivée du Covid 19), il y a eu 33 645 plaintes pour violences familiales, 632 assassinats de femmes dont 166 considérés comme des féminicides.
Face à cette situation, les Zapatistes ont réagi rapidement !
Dès le 16 mars 2020, alors que le Covid19 était à peine arrivé sur le territoire mexicain, l’Armée Zapatiste de Libération National annonçait la fermeture des caracoles (centres administratifs zapatistes) et appelait à ne pas abandonner les luttes.
Dans ce communiqué, les zapatistes reconnaissent la menace réelle du Covid-19, dénoncent l’irresponsabilité des gouvernements et de la classe politique, le manque d’information et l’absence de plan pour faire face à la pandémie. L’EZLN a donc décrété l’alerte rouge sur tout le territoire zapatiste avec la fermeture immédiate des caracoles et des centres de résistances et de rébellion et la recommandation aux zapatistes de suivre les consignes et les mesures d’hygiène.
L’EZLN encourage aussi, au Mexique et dans le monde, non seulement à prendre les mesures sanitaires nécessaires contre cette pandémie mais aussi à ne pas abandonner la lutte contre les violences faites aux femmes et les féminicides, à maintenir la lutte pour les disparu-es, assassiné-es et enfermé-es, à poursuivre la lutte pour le territoire et à « lever haut le drapeau de la lutte pour l’humanité ».
Les zapatistes appellent enfin à ne pas perdre le contact humain tout en changeant de façon de faire pour nous reconnaître et nous rencontrer.
http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2020/03/18/communique-du-comite-clandestin-revolutionnaire-indigene-commandement-general-de-larmee-zapatiste-de-liberation-nationale/