Oseront-ils le référendum ? Les partisans de « l’Europe » (entendez libérale) ont, paraît-il, bien du mal à cacher leur désarroi. Le projet de Constitution européenne, aujourd’hui encore charcuté à huis clos par les gouvernants, n’étant pas issu d’un processus démocratique, la seule façon de le doter d’une once de légitimité serait de le faire adopter par référendum. Mais le non aurait alors bien des chances de l’emporter, ouvrant ainsi « une crise européenne sans précédent ».
Alain Lipietz, pour les Verts, s’en émeut. De concert avec la direction du PS, il bat le rappel en faveur du oui et diabolise les partisans du non. Mieux vaudrait une Constitution européenne qui sanctifie les droits du Capital et ignore ceux du Travail que la victoire du non, le vide et la crise constitutionnelle ! Alors qu’elle sera utilisée comme une arme de guerre pour remettre en question des législations et protections sociales imposées dans nombre de pays au prix de très dures luttes.
Nous n’avons pas de tels états d’âme. Comme à Cancun, contre l’illégitime Organisation mondiale du commerce, nous oserons la crise politique et institutionnelle. En exigeant la tenue d’un référendum, pour pouvoir dire non à l’Europe du Capital et ouvrir enfin la voie à une Europe sociale et solidaire. Pour un non de gauche, qui rejette clairement ce chantage antidémocratique selon lequel il n’y aurait d’autre alternative à leur Europe libérale qu’un peureux replis nationaliste. Le neuf ne verra le jour que dans la crise. Ouvrons-là.