Le 17 avril, le Sénat cambodgien a ratifié le texte sur l’état d’urgence octroyant des pouvoirs étendus au Premier ministre Hun Sen dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19. Or “Plusieurs clauses de ce texte inquiètent commentateurs et experts”, explique The South East Asia Globe.
C’est le cas notamment de l’article 5 du chapitre III qui autorise des mesures de “contrôle de l’information, donnant au gouvernement la possibilité de surveiller les communications, de contrôler les médias et de restreindre la diffusion d’informations susceptibles à ses yeux d’engendrer la panique ou des désordres”, détaille le site d’information.
Pas de date de fin de l’état d’urgence
Une inquiétude d’autant plus grande que l’état d’urgence peut-être étendu indéfiniment par décret royal au-delà du délai de trois mois initialement prévu.
Dans un document du 9 avril, plusieurs rapporteurs spéciaux des Nations unies ont exprimé “leurs inquiétudes profondes” à propos d’un texte “aux termes trop vagues.”
Au moment de l’adoption de la loi par l’Assemblée nationale le 10 avril dernier, le porte-parole du ministère de la justice, Chin Malin, avait tenté de lever les inquiétudes signalant que “ce type de loi existe dans de nombreux pays démocratiques.”, précise The South East Asia Globe.
Hun Sen, allié sans nuance de la Chine
Le Cambodge avait, au début de l’épidémie, montrer son soutien à son allié chinois en minimisant l’impact du virus.
Début février, le Premier ministre Hun Sen se disait prêt à se rendre à Wuhan, foyer de l’épidémie. Le Cambodge avait également accueilli les passagers du paquebot Westerdam. Ce navire avait été refusé dans plusieurs ports de la région par crainte de la propagation de l’épidémie.
Pour Lee Morgenbesser, auteur de The Rise of Sophisticated Authoritarianism in Southeast Asia (“La montée d’un autoritarisme éclairé en Asie du Sud-Est”, non traduit en français) et enseignant en relations internationales à l’université de Griffith en Australie, les pouvoirs de Hun Sen ne sont pas très différents de ceux donner à d’autres dirigeants ailleurs dans le monde. Néanmoins, ils diffèrent pour deux raisons :
“Premièrement, ils ne sont pas limités dans le temps pour la durée de la pandémie. Ce détail essentiel tendrait à prouver qu’Hun Sen a l’intention d’utiliser cette loi afin d’encore plus écraser les groupes d’opposants, de museler les acteurs de la société civile et de faire taire les médias indépendants.”
“Deuxièmement, les pouvoirs exceptionnels ont un spectre très large, au-delà de la sphère économique et sanitaire, explique-t-il. La possibilité de surveiller les communications et d‘interdire la diffusion de l’information offre une nouvelle arme à Hun Sen.”
Un triste bilan en termes de droits de l’homme.
Compte tenu du bilan du premier ministre cambodgien en termes de droits de l’homme, le chercheur ne lui donne pas le “bénéfice du doute,” précise le journal.
Hun Sen domine la vie politique de son pays depuis la fin des Khmers rouges en 1979. Premier ministre depuis 1986, il n’a eu de cesse de renforcer son pouvoir en marge d’une vaste opération menée dans les années 1990 par les Nations unies et les pays occidentaux pour introduire la démocratie dans le pays.
Depuis 2017, il a muselé le principal parti d’opposition emprisonnant Khem Sokha, un des deux dirigeants du Parti de sauvetage national du Cambodge (PSNC).
En l’absence de toute véritable opposition, la formation de Hun Sen, le parti du peuple cambodgien (PPC) a remporté, haut la main, les élections législatives organisées en juillet 2018. Le Cambodge est devenu de fait un pays dirigé par un parti unique.
Maria Chin Abdullah, députée malaisienne, membre de l’association des parlementaires de l’ASEAN (Association des pays de l’Asie du Sud-Est) pour les droits de l’homme, critique également très fortement ce texte :
“Ce que nous voyons au Cambodge, c’est Hun Sen s’octroyer sans vergogne encore plus de pouvoir dans une période de grande anxiété pour le peuple cambodgien.””
Selon le dernier bilan officiel, le Cambodge compte 122 cas de personnes contaminées au coronavirus.
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